Situé au cœur de Moscou, capitale de la Fédération de Russie, entre deux places emblématiques, la place Rouge et la place du Manège, le Musée historique d’État incarne presque toute l’histoire ancienne et moderne de la Russie.
Le Musée historique d’Etat est le 3e grand musée au monde. Selon un guide d’origine égyptienne installé à Moscou, ce sont plus de 3 millions de pièces et d’objets qui meublent cette institution culturelle. Il s’agit en général de reliques de tribus préhistoriques qui incarnent l’esprit des différentes époques de la civilisation russe. Ce magnifique bâtiment accueille aujourd’hui les plus belles et anciennes collections impériales d’antiquités. Des objets et œuvres d’art qui offrent aux férus de l’histoire un voyage sans frontières au cœur des pratiques culturelles du peuple russe.
Ce lundi matin d’Octobre, il fait froid (-7°). Les gens affluent nombreux au musée, seul, en famille, accompagnés d’enfants. Après un contrôle des agents de sécurité, les visiteurs ôtent leurs manteaux dans une salle réservée au sous sol du musée. C’est le début d’une aventure au cœur d’une véritable boite à merveille.
Le musée composé de différentes salles représentant diverses époques et dynasties présente une mosaïque d’œuvres sur le peuple et la civilisation russes. C’est en 1872 que le musée a été créé par Ivan Zabéline, et le comte Alexeï Sergueïevitch Ouvarov, archéologue russe et d’autres figures slavophiles qui aspiraient à donner plus d’ampleur et de visibilité à l’histoire russe. De l’extérieur, l’architecture est à la fois attirante et stupéfiante. Le décor intérieur ne manque pas également de séduire l’œil du visiteur. On y retrouve le style du nouveau romantisme russe portant la touche des artistes Henryk Siemiradzki et Ivan Aïvazovski et bien d’autres qui ont renouvelé artistiquement la peau de ce bâtiment. La salle principale du musée présente un décor intérieur constitué des fresques des souverains de Russie, notamment Ivan Vassiliévitch ou Ivan nommé le terrible considéré comme le premier tsar officiel de Russie de 1533 à 1584.
En montant l’escalier, à droite, on trouve les restes d’un géant Mammouth remontant à plusieurs siècles. Plus haut, un tableau présente une centaine de chasseurs poussant le Mammouth dans une grande tranchée. Une fois dans la tranchée, les chasseurs tirent sur lui avec des flèches, puis le partagent pour assurer la subsistance de la tribu. «Les ivoires de Mammouth sont originaux. Ils ont été offerts par un donateur pour enrichir la collection du Musée», nous explique le guide. La collection illustre à travers notamment les tableaux exposés le mode de vie du peuple russe au cours des époques et siècles précédents.
Les écrits d’Ahmad ibn-Fadlan sur la Russie incarnés en tableau
Le mode de vie des Russes à la fin du 9e siècle et au début du 10e siècle tel que relaté par Ahmad ibn-Fadlan, quand il avait visité les terres russes, est représenté dans un tableau exposé au musée. La chose la plus importante, qu’Ahmad Ibn-Fadlan avait racontée, se rapportait aux rites d’enterrement de l’un des soldats des Vikings faisant partie des ancêtres russes. Un tableau d’un peintre russe inspiré de ce qui avait été écrit par Fadlan est exposé au musée, illustrant ces rites. En effet, à une certaine époque, pour enterrer leurs morts, les Russes les mettaient dans un grand bateau. Selon les croyances, le défunt allait dans un autre monde.
Ainsi sur un tableau, on aperçoit une femme avec un verre, probablement la femme du défunt, car dans la Russie ancienne, la femme devait accompagner son mari après avoir été égorgée. Sur le tableau, la femme a l’air ivre. On y aperçoit également un ange de la mort tenant un couteau à la main et les gens pleurant et déchirant leurs vêtements. L’homme est finalement enterré avec tous ses objets et trésors, son cheval égorgé et son bouclier, le tout brûlé par l’un des membres de sa famille. Dans les vitrines du musée, les visiteurs peuvent découvrir aussi des articles et des pièces qui ont été retrouvés dans des enterrements, entre autres des verres et des instruments de guerre, des pièces d’argent (même arabes), des bijoux de femmes…Dans une autre salle, sont accrochés des dessins et tableaux présentant les anciennes cités et châteaux où vivaient les russes. En temps de guerre, ils recouraient à ces murs datant du 13e siècle pour se protéger des ennemis.
Les pratiques du quotidien dans la Russie ancienne
Dans la Russie antique, les Russes dormaient sur de grands coffrets avant d’inventer plus tard des lits. Ils mangeaient avec leurs mains et non avec une cuillère. Aux 14e, 15e et 16e siècles, quand une fête était organisée chez le prince ou tsar, les ambassadeurs des autres pays se livraient à une course pour avoir une cuillère. En effet, l’invité était obligé de manger avec ses mains comme faisaient d’ailleurs les Russes jusqu’à l’ère de Pierre 1er qui transforma la Russie en un territoire européen, en intégrant les cuillères dans la vie quotidienne.
De même, le sel était vers le 18e siècle une matière chère ayant la valeur presque de l’or. A l’époque, cette matière était rare ; les plats se préparaient sans sel parce que les Russes n’avaient pas de mer. Ils menaient une vie simple loin de toute luxure. En méditant leur architecture, le visiteur peut constater que les Russes ont profité de l’expérience des Italiens en matière d’architecture. Certaines églises ont ainsi été construites au 15e siècle. Par ailleurs, ce n’est qu’au milieu du 17e siècle que les Russes ont commencé à consommer l’alcool fort. Ils buvaient uniquement de la bière et du vin à base de miel dans des tasses. C’est plus tard que les verres ont également intégré leur vaisselle.
Une collection à couper le souffle…
La visite dans le musée enrichit les connaissances des passionnés de l’histoire et des visiteurs issus des quatre coins du monde. En effet, chaque objet remarquable relate et immortalise un fait et un événement marquant ou simple de l’histoire. Et si vous envisagez d’y faire une visite, vous pourrez découvrir une chaloupe extraite des bancs de la Volga, des rouleaux en écorce de bouleaux gravés, des livres et anciens manuscrits du VIe siècle, des objets en bois, céramique de toutes les formes et couleurs. Sans oublier bien évidemment les pièces de monnaie, des armes, des bijoux et les tableaux des figures emblématiques du monde de l’art, de la politique, de la guerre et de la science, de la religion et de la monarchie. Au niveau architectural, le musée est un véritable témoin du style russo-byzantin pendant les règnes d’Alexandre II et Alexandre III. Un style où se mêlaient les sentiments nationalistes et la réhabilitation d’un folklore national tout en s’ouvrant sur d’autres tendances et styles.
Mohamed Nait Youssef