Benabdallah : il faut protéger le processus démocratique
Nabila Mounib appelle au respect de la Constitution
Les tractations et autres manœuvres qui dominent actuellement les consultations en cours pour la formation du gouvernement administrent sont la preuve irréfutable que la démocratie n’est pas un cadeau et qu’il faut la protéger contre ceux qui essaient de la torpiller, a affirmé le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, Mohamed Nabil Benabdallah.
Ce qui se passe actuellement est une tentative de coup d’Etat contre la Constitution de 2011, qui stipule que le chef du gouvernement doit être nommé au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des représentants (article 47), a indiqué pour sa part, Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié, qui conduit la Fédération de la gauche démocratique.
S’exprimant lors d’une rencontre, organisée jeudi soir 17 novembre à l’initiative des étudiants du HEM Business School-Institut des Hautes Etudes de Management (Rabat), les deux responsables politiques ont été unanimes à tirer la sonnette d’alarme sur ce qui se trame sur la scène politique pour faire reculer le processus démocratique dans le pays.
Les manœuvres en cours pour empêcher le chef du gouvernement désigné de mener à leur terme les consultations pour la formation de son gouvernement montrent encore une fois que ceux qui cherchent à asservir le champ politique national n’ont pas encore baissé les armes, malgré le fait qu’ils n’ont pas remporté la première position aux élections du 7 octobre, selon Nabil Benabdallah.
De telles manœuvres sont rendues possibles par le fait que le pays manque encore de règles et de lois qui indiquent clairement ce qui doit être fait dans une telle situation, a-t-il expliqué. A cela, il faut ajouter que nombre de partis politiques créés d’en haut à différentes dates pour meubler le paysage politique et brouiller les cartes et les esprits se laissent facilement guider de loin et n’ont aucune autonomie de décision. Et ce sont justement de telles formations politiques qui tergiversent en jouant le jeu de leurs commanditaires, a indiqué Nabil Benabdallah, qui a attiré l’attention sur la gravité de la situation en soulignant qu’il ne s’agit pas pour le PPS de défendre la personne d’Abdelilah Benkirane ou les islamistes en général, mais l’institution du chef de gouvernement, telle que définie dans la Constitution de 2011.
C’est pourquoi il est nécessaire de disposer de partis politiques indépendants et autonomes capables de prendre part à la construction de l’Etat de Droit auquel les partis démocratiques aspirent. Quant au lectorat, il doit être conscient des enjeux et participer massivement à toutes les échéances électorales, a-t-il affirmé. Après tout, c’est au peuple, de défendre et protéger la démocratie, a-t-il indiqué. Ce qui n’est pas le cas pour le moment au Maroc où le taux d’abstention enregistré lors des dernières élections a frôlé les 60 pc, profitant surtout au parti parachuté d’en haut pour mettre la main sur l’ensemble du paysage politique marocain, encouragé en cela par l’existence de quelque 36 partis politiques marocains dont une quinzaine seulement a une véritable représentativité à l’instar des plus importantes formations politiques nationales. Celles-ci ont vu le jour pendant la période coloniale comme le Parti communiste marocain (PCM), créé en 1943, devenu plus tard parti de la libération et du socialisme (PLS) et actuellement parti du progrès et du socialisme (PPS), aux côtés du parti de l’Istiqlal et du parti de l’Istiqlal et de la Choura, a-t-il rappelé.
Pour ce qui le concerne, le PPS est décidé à poursuivre le combat pour l’avènement de son projet sociétal démocratique qu’il s’est fixé il y a plus de 70 et à continuer de travailler en alliance avec les mêmes forces de 2011 pour la défense des acquis démocratiques contre les interventions de toutes parts pour renverser la situation au profit d’une force politique qui n’a d’autres soucis que de faire reculer le pays et faire table rase des réalisations démocratiques accomplies.
Et le secrétaire général du PPS de rappeler aux étudiants que la politique n’est pas de la rigolade. Elle ne se résume pas aux sorties tonitruantes et fracassantes des uns et des autres. La politique requiert des sacrifices et du sérieux mais surtout beaucoup d’engagements dans l’intérêt du pays et du peuple, a-t-il expliqué.
Pour sa part, Nabila Mounib, SG du PSU a affirmé que les tractations et manœuvres en cours sur la scène politique nationale représentent bel et bien une tentative de coup d’Etat contre les quelques acquis avancées de la Constitution de 2011, rappelant que cette crise politique montre que le pays n’a pas encore mis en place un Etat de Droit en dépit de l’obtention de son indépendance il y a plus de 50 ans.
Pour ce faire, a-t-elle estimé, il est nécessaire de réhabiliter le politique en permettant aux élites honnêtes de jouer leur rôle. Dans le système actuel, a-t-elle dit, il y a des partis politiques privilégiés qui bénéficient de toutes les largesses et l’assistance nécessaire pour l’emporter au détriment d’autres marginalisés. C’est pourquoi d’ailleurs les électeurs boudent en grand nombre les urnes, jugeant sans impact leur vote, selon Nabila Mounib.
Ce malaise social et cette perte de confiance de la population ne facilitent guère la tâche des partis politiques sérieux dont le PSU. Ce qui profite surtout aux milieux opportunistes qui renforcent leur emprise sur le pouvoir économique et politique, a-t-elle ajouté, estimant qu’il est inconcevable dans un pays démocratique de voir un nouveau parti politique passer en un temps record de 47 sièges à 102 sièges. Quant à l’autre parti politique ayant remporté le scrutin du 7 octobre, il est appelé à faire mieux pour gagner pleinement la confiance du PSU, a-t-elle ajouté, appelant les jeunes à s’impliquer dans la politique, à s’inscrire dans les listes électorales et à aller voter le jour du scrutin. C’est le moins que l’on puisse faire, car il ne suffit pas de s’indigner, il faut aussi s’engager, a-t-elle recommandé.
M’barek Tafsi