Dominique de Villepin défavorable aux primaires

Alors que 8,5 millions de téléspectateurs français étaient au rendez-vous, jeudi soir, du troisième débat des primaires de la droite entre François Fillon et Alain Juppé, l’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, a souligné, dans une conférence sur «les enjeux de la paix dans le monde», qui s’est déroulée jeudi soir au Musée Mohammed VI à  Rabat, qu’il maintient sa position au sujet de la primaire organisée par Les Républicains les 20 et 27 novembre. L’homme politique n’est pas favorable à ces élections.

«Dans le fond, en choisissant au préalable au sein des partis le candidat de la droite et de la gauche, on réduit le débat électoral à l’avance alors qu’il appartient au peuple français lui-même de se prononcer librement», a-t-il expliqué. «Je ne rentrerai par dans le débat des personnalités, même si j’ai une conviction que le plus important aujourd’hui, c’est la capacité à se rassembler autour de solutions susceptibles d’être appliquées», a-t-il souligné. Selon lui, la tentation des programmes politiques est de régir le suffrage, de séduire l’opinion publique au lieu de s’inscrire dans une dynamique de réalisme. «Je crois qu’il est important que les démocraties aujourd’hui multiplient les ouvertures et perspectives», a-t-il fait savoir.

«Je regrette qu’il n’y ait pas davantage de travail de vérification des propositions électorales des uns et des autres», a-t-il affirmé à l’occasion.

Aujourd’hui, la politique des passions domine au lieu de celle de l’action. «La réalité s’estompe de plus en plus dans le débat politique, à la faveur de la promesse virtuelle et de la passion politique qui nous éloignent de l’action politique. Ce cycle d’illusion et de déception me parait particulièrement grave dans les systèmes démocratiques. Ce qui pousse à nier le pouvoir de même que la valeur de l’élection». Et d’ajouter : «de plus en plus en Europe, le retour au tirage au sort revient dans les débats comme une solution supplémentaire pour maintenir la démocratie».

Pour l’ancien Premier ministre français, la diplomatie de l’action pourrait jouer un rôle important sur la scène internationale au lieu de la diplomatie de l’ «esthétique.» «Il faut accepter aujourd’hui d’introduire tout un chacun dans le dialogue, car chacun a un rôle à jouer. On oublie souvent l’essence même de la diplomatie. La diplomatie ce n’est pas s’exprimer de loin sur tel ou tel sujet. Ce qu’on attend c’est une diplomatie d’action, en opposition à la diplomatie d’esthétique, de position».

Cette dernière doit permettre à chaque pays de jouer un rôle, en fonction des zones géographiques, de trouver sa place et d’exercer une fonction dans un système régional et international.

Mohamed Nait Youssef

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