Colloque national à Rabat à l’occasion du 61ème anniversaire
de l’Indépendance du Royaume
Le parachèvement des tâches de la libération nationale ne peut se réaliser que par l’édification de l’Etat démocratique dans le pays, ont souligné les participants à un colloque national, organisé, mercredi soir au siège du Parti de l’Istiqlal à Rabat, à l’occasion du 61ème anniversaire de l’indépendance du Royaume.
La rencontre a été marquée par la présence des secrétaires généraux du Parti de la Justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane et chef du gouvernement désigné, du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), Mohammed Nabil Benabdallah et du Parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat ainsi que de plusieurs membres de la direction des trois partis et du Parti de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), outre un grand nombre de militants des quatre partis.
Participaient à cette rencontre, intitulée «L’Edification de l’Etat démocratique…parachèvement des tâches de la libération nationale», Moulay Ismail Alaoui, président du Conseil de la présidence du Parti du Progrès et du Socialisme, ancien secrétaire général du parti, homme d’Etat et homme politique connu par sa participation à toutes les batailles pour la démocratie et réputé pour sa franchise et pour ses positions progressistes audacieuses.
Il avait à ses côtés Mohamed Yazghi, ancien premier secrétaire de l’USFP et ancien ministre, Saâd Eddine Othmani, président du Conseil national du PJD et ancien ministre ainsi Mohamed Soussi Moussaoui, inspecteur général du parti de l’Istiqlal, parlementaire et responsable de longue date au sein de son parti.
La modération du débat a été assurée par Abdelkader El Kihel, membre du Bureau exécutif du PI.
Moulay Ismael Alaoui:
La libération de la terre devait s’accompagner de la libération des esprits
Pour Moulay Ismail Alaoui, l’un des artisans de la Koutla démocratique qui regroupait le PI, l’USFP et le PPS, l’organisation de cette rencontre au siège du PI est un évènement marquant qui lui a rappelé d’autres retrouvailles.
Evoquant le manifeste de l’Indépendance de 1944, il a souligné que ses signataires insistaient sur la relation dialectique entre l’Etat démocratique et la libération nationale, précisant que toute libération ne peut être achevée qu’à la condition de procéder à l’édification de l’Etat démocratique.
Pour le Manifeste de l’Indépendance, il ne suffisait pas de se débarrasser du protectorat français et espagnol, mais de plus, et surtout, libérer le pays sur tous les plans politique, économique, culturel et identitaire tout en procédant à l’édification de l’Etat démocratique et de droit pour ouvrir au peuple la possibilité de gérer ses propres affaires.
La libération de la terre devait s’accompagner de la libération des esprits du peuple de toutes les contraintes et du poids de plusieurs années d’occupation, a-t-il affirmé, précisant que la démocratie dont on parle ne doit pas se limiter à la démocratie représentative, elle doit également se traduire par la démocratie participative pour permettre au peuple d’exercer ses droits et jouir de ses libertés en contrepartie de ses devoirs.
Les droits et libertés que la démocratie confère aux citoyens sont d’ordre politique (élections et participation dans la gestion des affaires publiques), social (droits au logement, à la santé, à l’éducation, au divertissement, etc., culturel et économique), a ajouté Moulay Ismail, selon lequel la démocratie est un processus évolutif qui doit constamment se développer, mais qui est également susceptible de subir des revers comme le montrent les menaces qui pèsent actuellement sur le processus.
Il apar ailleurs fait constater qu’à chaque fois que le chef de l’Etat travaille en symbiose avec le mouvement national, le processus démocratique fait de grands pas en avant comme ce fut le cas, à l’issue de la récupération par le Maroc de ses provinces du sud. C’est pourquoi il est important de tirer les enseignements nécessaires de cette leçon historique, ayant permis au Maroc d’obtenir dans un premier temps son indépendance et plus tard de récupérer ses provinces du sud, a expliqué Moulay Ismail, selon lequel le Maroc a besoin plus que jamais de sa stabilité pour pouvoir faire avancer la démocratisation et le développement tous azimuts du pays. Quant aux hommes politiques et responsables à tous les niveaux, ils doivent faire preuve de clairvoyance et de sagesse pour préserver et renforcer les acquis démocratiques au lieu de se chamailler et d’alimenter des débats stériles.
Mhammed El Yazghi :
Remontant très loin dans le temps, l’ancien premier secrétaire de l’USFP a indiqué que ce que le Maroc a subi dès le début du 20ème siècle représentait en fait un processus d’effondrement de l’Etat du Maghzen, hérité de l’époque des Almohades et en particulier à l’issue de la signature en 1912 de l’acte du protectorat. Depuis lors, les Marocains avaient perdu confiance et il avait fallu attendre l’arrivée de feu Mohammed V pour voir le Maroc retrouver confiance en son Roi. Les leaders du mouvement national avaient su brillamment reprendre les choses en main en se rapprochant de feu Mohammed V, qui avait accédé à son Trône en tant que Roi et non pas en tant que Sultan.
Plus tard, le pays a connu une période difficile, au sujet de laquelle Feu SM Hassan II disait que le pays « est sur le point de connaitre une crise cardiaque », situation qui a duré jusqu’à la récupération par le Maroc de ses provinces du sud et marqué un rapprochement entre le mouvement national et le palais.
Si de nombreux pays arabes sont toujours en crise, bien qu’ils se soient débarrassés de leurs régimes dictatoriaux, le Maroc disposait de toutes les structures pour répondre aux attentes des citoyens en se dotant plus particulièrement en 2011, d’une Constitution très avancée que le gouvernement a la responsabilité de mettre en œuvre en ce qui concerne notamment la monarchie parlementaire dont le pays a besoin.
Saad Eddine El Othmani
Le président du Conseil national du PJD a souligné que le mouvement national avait pris conscience dès le départ du fait que la libération et la démocratisation du pays vont ensemble et qu’il n’y a pas lieu de les séparer. Et c’est précisément ce qui a été confirmé dans le Manifeste de l’Indépendance en 1944 et le discours de Tanger de 1947 de feu Mohammed V, dans lesquels leurs auteurs réclamaient l’indépendance du pays mais également la démocratisation de la vie publique en son sein à travers la libération militaire, politique, culturelle et sociale, a-t-il dit, faisant remarquer que la démocratie est un édifice qu’il faut constamment consolider et entretenir pour le protéger et le préserver des zones de turbulence qu’il traverse de temps à autre.
C’est ainsi que la récupération des provinces du Sud avait effectivement donné un souffle nouveau à la démocratisation du pays, laquelle s’était traduite par la venue du gouvernement de l’alternance, a-t-il dit, rappelant que ce processus a subi lui aussi des périodes difficiles en raison, notamment, de l’existence de partis politiques qui ne disposent pas de l’autonomie de leurs décisions.
Et Dr Othmani de souligner que l’on ne peut guère construire la démocratie avec des partis politiques non autonomes, qui s’activent pour servir l’intérêt de lobbies autres que le peuple et le pays.
Mohamed Soussi Moussaoui
Prenant la parole, Mohamed Soussi Moussaoui, inspecteur général du PI et membre de son bureau exécutif a rappelé que le parachèvement des tâches de la libération par l’édification de l’Etat démocratique était toujours présent dans la littérature et les esprits des signataires du Manifeste de l’Indépendance.
Conscients de l’enjeu, les leaders du mouvement national avaient pris la responsabilité de restaurer la monarchie tout en poursuivant la lutte de libération nationale et de démocratisation de la vie publique, a-t-il dit, estimant que le redressement de la situation actuelle requiert l’existence de partis politiques autonomes et souverains, la démocratisation interne des partis politiques et le respect de la volonté populaire.
M’Barek Tafsi