Le Forum Méditerranéen de Tanger des Jeunes et de la Démocratie fut une véritable occasion pour les participants de débattre des problématiques nécessitant une réflexion approfondie et des solutions efficaces et durables.
«L’environnement, un facteur de sécurité et de stabilité»
Lors de l’atelier «Obsession écologique et l’avenir de l’environnement dans le bassin méditerranéen», Charafat Afailal, ministre déléguée chargée de l’Eau et membre du bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) a tenu d’expliquer les défis qui guettent la région du porteur méditerranéen en matière de l’environnement. Tout en plaidant pour une utilisation équilibrée des ressources naturelles et la préservation des écosystèmes, la militante du PPS a mis l’accent sur les défis communs des pays de la méditerranée pour conjuguer les efforts afin de lutter contre les menaces. Selon la ministre, 80% des eaux usées sont jetées dans la mer de la méditerranée, ce qui constitue une menace pour la richesse halieutique et hypothèque l’avenir des prochaines générations. Cette région composée de 170 millions d’habitants connait une pression grave au niveau des littoraux. A cela s’ajoute une urbanisation non maîtrisée, les effets pervers du tourisme, sans parler des changements climatiques.
De son côté, Xavier Cale, représentant de la fondation espagnole Agaden, a appelé à la mise en place d’une vision globale et cohérente et de partenariats pour la préservation de l’environnement dans la zone méditerranéenne tout en faisant allusion aux efforts déployés par son organisation pour la défense de l’environnement dans la ville de Cadix. Le représentant espagnol a pour sa part mis en garde contre une surexploitation des richesses halieutiques menacées de disparition du bassin de la méditerranée, le danger de la pollution dans le détroit, transformé comme un passage préféré pour les sous-marins nucléaires.
La société civile et la dynamique sociale
S’agissant de l’atelier, société civile et dynamique sociale, Driss Redouani, membre du Bureau politique du PPS, s’est attelé dans son intervention sur les étapes principales qui ont marqué l’histoire politique du Maroc moderne. Tout en soulignant que la société civile demeure un espace hétérogène, l’ancien SG de la Jeunesse socialiste que la construction de la société civile avait toujours joué un rôle dans les combats politiques, notamment pendant l’ère du colonialisme qui a connu une forte mobilisation pour l’indépendance du Maroc.
Durant les années 70, la revendication de la démocratie et la construction des institutions (adoption de la Constitution, Gouvernement, Parlement) a été marquée par le développement de la conscience syndicale et l’action associative, a-t-il expliqué. Le militant du PPS a considéré que le champ politique au Maroc a commencé à connaitre une certaine ouverture depuis les années 90, surtout après les événements du 14 décembre 1994 qui ont contribué à l’accélération du processus démocratique. Cette étape va être couronnée par la prise de plusieurs mesures favorisant la culture de l’égalité et de la réconciliation et l’émergence de plusieurs associations s’activant dans le domaine associatif, ainsi que la désignation d’un gouvernement d’alternance dirigé par un Premier ministre issu de la gauche. En 2011, le mouvement de la société civile va connaitre une nouvelle dynamique, revendiquant plus de réformes politiques et économiques. Contrairement à plusieurs Etats dans le monde arabe, Redouani a estimé que l’intelligence politique de SM le Roi Mohammed VI, illustrée par le discours historique du 9 mars 2011, a évité au Maroc les effets du « printemps arabe » et constitué le prélude à une réforme constitutionnelle.
De son côté, David Medina, professeur universitaire, a présenté un exposé autour de l’importance de l’éducation dans la formation de la personnalité des jeunes et le renforcement de leurs compétences, soulignant dans ce sens que le savoir constitue la clé de la réussite des sociétés modernes.
Sur un autre registre, le chercheur Carlos Cabrera a évoqué les relations entre les deux rives, appelant les participants à se départir des vieux réflexes et se connaitre davantage. S’attelant sur la question de l’immigration, le professeur espagnol a indiqué que l’Europe a tout intérêt pour contribuer au développement des pays du Sud et la consécration d’une approche interculturelle pour encourager le rapprochement entre les peuples.
«Instaurer les valeurs de la solidarité et de la tolérance»
Mohcine Hamman, responsable du Bureau d’immigration et d’intégration à Algerisas, a exposé devant les participants la stratégie nationale initiée par le Maroc en faveur des migrants provenant des pays du Sud via la mise en place d’un arsenal juridique visant leur insertion dans le société marocaine et ce, selon une approche basée sur le respect des droits de l’Homme, à commencer par la régularisation de leur situation, l’implication du ministère de l’Emploi et des Affaires sociales à travers la création des postes d’emploi et l’accès au logement. Quant à Abdelhadi Lahouij, ancien ministre de l’immigration en Libye et ancien SG de l’Union des Jeunes Arabe, il a évoqué le cas de son pays en pleine crise après l’effondrement de l’Etat et la prolifération des milices armées. A l’en croire, plus de 2,5 millions de libyens ont pris la fuite du pays vers d’autres destination plus stables. Pour lui, la paix et le développement économique des peuples est la seule voix pour stopper le flux migratoire. Le représentant libyen a souligné que le véritable enjeu consiste à socialiser les individus aux valeurs humaines et la consécration de la culture de la différence et les valeurs du respect et de la tolérance.
Khalid Darfaf