Le ministère de la santé adopte une approche anticipative pour décliner la nouvelle phase de la politique migratoire. Il finalise une stratégie dédiée spécifiquement à la santé des migrants.
«La feuille de route, qui s’étalera sur la période 2017-2021, vise à garantir l’accès des migrants aux services de prévention et de soins», a fait-savoir le ministre de la Santé, El Houssaine Louardi, dans un discours lu en son nom par le directeur de l’Epidémiologie et de lutte contre les maladies lors d’une table ronde organisée hier à Rabat. La nouvelle stratégie vise également à améliorer le système de surveillance de l’état de santé de la population migrante. L’idée est d’adopter une approche anticipative en détectant les migrants les plus vulnérables pour pallier le manque de données et adapter le dispositif sanitaire.
Cette stratégie est fortement attendue. Les avis sont unanimes sur l’importance de l’accès des migrants aux soins de santé. «C’est cela qui permet de mesurer l’efficacité de la politique migratoire», a souligné le ministre en charge des MRE et des affaires de la migration, Anis Birrou. Même son de cloche auprès du président du CNDH, qui a appelé à davantage de coordination entre les différents départements ministériels pour assurer l’intégration socio-économique des étrangers établis au Maroc. Driss El Yazami vise surtout les secteurs de l’emploi, de l’éducation et de la santé. «Autant d’acteurs qui doivent obéir au principe de non-discrimination, tel que le prône la Constitution de 2011», a-t-il souligné.
En attendant la finalisation de cette stratégie, le patron de la direction l’Epidémiologie et de lutte contre les maladies, Abderahmane Maâroufi, a dressé le bilan des actions engagées par son département pour garantir l’accès de la population migrante à l’offre de soins. «Le bilan des trois régions à forte concentration de migrants au Maroc, à savoir celles de Rabat-Salé-Kénitra, de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et de l’Oriental, a montré que plus de 15.000 consultations médicales ont été offertes aux migrants au niveau des établissements de soins de santé de base», a-t-il précisé. Les migrantes enceintes ne sont pas en reste. En effet, plus de 500 femmes ont bénéficié du programme national de surveillance de la grossesse et de l’accouchement.
Parallèlement, près de 520 enfants étrangers ont profité du programme national d’immunisation et plus de 1.250 migrants ont bénéficié des prestations fournies dans le cadre du programme de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles. Et la liste des réalisations du ministère de la Santé est encore longue. Elle va jusqu’à la formation des professionnels de la santé pour garantir l’accès des migrants à des prestations de qualité. Sur ce point, Abderahmane Maâroufi a fait savoir que 1.268 acteurs du système sanitaire ont bénéficié d’une formation pointue en matière d’éducation sanitaire pour la prévention des IST-SIDA. Par ailleurs, 98 responsables des services de santé publique au niveau régional et provincial ont bénéficié d’une formation sur les nouveautés en matière de détection et de prise en charge du paludisme d’importation.
Hajar Benezha