La Chambre des représentants se veut rapide. A peine installée, sa commission des Affaires étrangères a donné son feu vert au projet de loi relatif à l’acte constitutif de l’Union Africaine. Le texte a été adoptée à l’unanimité mercredi dans la matinée, puis approuvé en plénière quelques heures plus tard. Et à l’heure où nous mettions sous presse, le projet devait être validé par la chambre des conseillers. C’est dire l’importance de ce texte qui acte le retour du Maroc à l’Union Africaine qu’il avait quittée il y a 32 ans, et dont le processus a été lancé par le message royal adressé aux participants du 27e Sommet de cette organisation panafricaine, en juillet dernier à Kigali, au Rwanda.
Les différentes formations politiques se sont ainsi donné une trêve pour valider ce projet de loi avant la tenue de la session de l’Union africaine, prévue fin janvier à Addis-Abeba. Le président de la commission des Affaires étrangères, Mohamed Yatim, a d’ailleurs souligné que «l’ensemble des partis politiques et des groupes parlementaires, abstraction faite du débat politique autour de la formation du futur gouvernement et des lectures ayant suivi l’élection des structures de la chambre des représentants, ont mis de côté ces considérations étant donné que l’intérêt national prime sur tout». Il s’agit surtout d’une trêve dictée par les instructions royales visant à accélérer le processus d’adoption.
Pour le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, qui a présenté ce projet de loi, «la décision royale de réintégrer l’UA constitue le couronnement d’un riche processus de renouvellement des relations du Maroc avec le continent africain et de capitalisation sur la richesse de ses liens multiséculaires avec le continent, qui s’est concrétisé par l’élaboration d’une politique africaine exhaustive répondant à la fois aux aspirations légitimes du Maroc et au renforcement de sa présence continentale et internationale. Une politique qui répond aussi aux besoins de l’Afrique de se réaffirmer en tant que puissance indépendante, acteur entendu et partenaire aspirant à un traitement d’égal à égal dans les relations internationales».
Et d’ajouter que l’orientation africaine de Rabat s’est soldée par de nombreux partenariats que le Souverain a veillé en personne à leur lancement, développement et suivi à travers les multiples visites royales effectuées dans les pays africains. Pour Mezaour, «cette politique s’est également matérialisée à travers les prises de positions communes, le rapprochement des vues en relation avec les questions régionales et internationales, la participation responsable et sage à la résolution des conflits, la défense de l’Afrique au sein des fora internationaux, la contribution à la sécurisation et la stabilisation du continent et à la diffusion de la sécurité spirituelle et des valeurs du juste milieu, ainsi que l’élaboration d’une politique nationale inédite en Afrique en matière de migration qui a permis à des milliers de ressortissants de pays africains de retrouver leur dignité».
Le ministre ne pouvait rater cette occasion pour sur la présidente de la Commission de l’UA, qui est connu pour ses positions pro-polisario. «Alors que 28 pays ont exprimé leur soutien à l’approche marocaine, la présidente de la Commission de l’UA a retardé la diffusion de la demande du Maroc aux membres de l’UA tirer à boulets rouge, et ce en violation de la Charte de l’Union», a rappelé Salaheddine Mezouar. En effet, la demande marocaine n’a été diffusée à l’ensemble des membres de l’Union Africaine que le 3 novembre suite à une intervention royale décisive.
Aujourd’hui, 40 pays soutiennent la demande de Rabat. En attendant la décision définitive de l’UA, qui sera prononcée lors du prochain sommet africain, la diplomatie marocaine anticipe en même temps les obstacles que certaines parties tentent de dresser pour entraver l’initiative marocaine, a assuré le ministre. Il a indiqué que cette décision, outre son caractère proactif, va priver les adversaires du Royaume d’une carte de pression qu’ils tenteront d’utiliser pour retarder le processus d’adhésion du Maroc au sein de sa famille institutionnelle, insistant sur le fait que la détermination du Royaume de reprendre sa présence au sein de l’Union africaine se fait dans le respect total de la légalité.
Hajar Benezha