Raïs Dammou, une étoile dans le ciel  de la musique amazighe

Qui peut, parmi les Imazighen, se targuer d’avoir pu grouper quatre-vingt «Raïs» du sud marocain pour fonder le premier orchestre symphonique amazigh en 2001 ? Dammou M’Hamed fut le premier à réussir cette performance.

Raïs Dammou est né en 1954 à Ait Baha, dans la province d’Agadir. Sa famille se composait de ses feux parents Moulay Mohamed ben Moulay Mbarek et d’Aicha, en plus de ses deux frères. Son père était commerçant à Marrakech. L’enfant, M’Hamed, est entré à l’école primaire, Tarik Ibnou Ziyad située dans son fief. Il la quitta lorsqu’il atteignit le niveau du CM1. Dammou rejoignit Casablanca en 1973, pour s’adonner au commerce. Nous pouvons avancer qu’il est compté parmi les génies de la musique et du chant instrumentalisé du Souss. Créateur et innovateur de nature, il a intégré le domaine artistique d’une manière officielle en tant que compositeur et chanteur professionnel depuis 1980. Durant son parcours artistique, dans lequel il persévère toujours, il a pu produire approximativement sept cents chansons. Son incomparable répertoire, véritable mine d’informations, mérite d’être transcrit et sauvegardé. L’artiste Dammou M’hamed a contribué d’une manière prégnante, à la promotion de la chanson amazighe et à sa modernisation au niveau musical ; de même qu’il a su en préserver l’authenticité. Ses fans éparpillés un peu partout dans le monde l’invitaient et l’invitent constamment pour leur interpréter «amarg», chez eux, à l’étranger et cela, de 1990 à nos jours. Il est accompagné en permanence de son «Ribab» avec il joue en virtuose et de sa troupe artistique. M. Dammou, anazur incontestable, malgré ses moyens financiers limités, a pris l’initiative en 2014, sans aucun soutien matériel ou moral formulé par un quelconque organisme officiel national ou international, en puisant dans ses maigres ressources, d’organiser une première exposition des anciens instruments musicaux amazighs au Canada. L’artiste, M’hamed, est aussi un acteur qui a à son actif quelques participations dans certains films dont, notamment, «Al Waha» réalisé en 1990 et qui est considéré depuis, comme le premier film amazigh entièrement marocain.

Anazur Dammou fut le fondateur de la première «Tarabbout n Rwaïsse», constituée d’anciens artistes qu’il s’est donné la peine d’aller dénicher un peu partout dans le Souss,  plus particulièrement à Agadir et Taroudant. Ce projet auquel il a fait face tout seul et auquel il a consacré plus de quatre années de dur labeur et engagé des frais énormes, sans aucun parrainage ni aide quelconque, fut couronné de succès lorsque cet orchestre symphonique amazigh s’est produit pour la première fois, au mois de Mars 2001, sous la présidence de son créateur, sur la scène du théâtre national Mohammed V, sous l’égide du ministère de la Culture. L’objectif de Dammou était de sauvegarder les chants et la musique ancienne de l’extinction ainsi que d’assurer la relève à ces Rwaïsse sur le déclin. C’est grâce à ce grand artiste que d’autres associations amazighes ont  présenté la symphonie de Fazaz de «loutar» du Moyen-Atlas. Les violonistes amazighs ont aussi formé leur orchestre symphonique à Khenifra. Il s’avère que Raïs Dammou possède également son petit jardin secret dans la mesure où il apprécie plus particulièrement une chanson qu’il a composée il y a bien longtemps et intitulée «Mrahba Tizenkad » pour des raisons que lui seul connait. Cet anazur a consacré toute sa vie à l’art. Il persévère pour sauvegarder notre précieux patrimoine. C’est un homme plein de ressources et un grand travailleur qui œuvre sans relâche pour la préservation de l’art amazigh du Souss. Il ne compte que sur ses propres efforts pour atteindre ses objectifs. Ce, à quoi on reconnaît un grand Raïs qui mérite que nous lui rendions un hommage.

Hamzaoui Abdelmalek

Top