Poème : Aziz, l’immortel

(Hommage posthume au camarade Abdelaziz Elfarouki qui nous a quittés le 1er avril 2003)

Aziz

Trop pressé de partir

Pour ne plus nous revenir

Trop pressé de nous quitter

Pour reposer en paix

Pour l’éternité

Trop pressé de mourir

Comme si tu n’en pouvais plus

Comme si notre monde est devenu

Trop mauvais, trop laid

Pour que tu t’accroches à lui

Comme si tu avais envie

D’une nouvelle vie

De l’autre côté de la vie

Aziz

Trop pressé de partir

Tu as intimé l’ordre mortel

A ton cœur si frêle

D’arrêter sur le champ

Ses faibles battements

Trop fidèle

Ton cœur a obéi

De battre ton cœur a cessé

Ton corps terrassé s’est glacé

Et tu as trépassé

Mon Dieu

Comme c’est facile de mourir

Comme c’est horrible de mourir!

Aziz

Toi qui affrontais

Toutes les bourrasques de la vie

Avec courage et endurance

Toi qui luttais

Contre les assauts de la vie

Avec force et patience

Dis

Pourquoi n’as-tu pas résisté?

Pourquoi n’as-tu pas persisté?

Pourquoi n’as-tu pas subsisté?

Trop faible pour t’accrocher

A la vie

Tu as cédé

Et ton cœur a lâché!

Aziz

Espiègle

Tu nous jouais des tours pendables

Drôle

Tu nous racontais des histoires abracadabrantes

Bon vivant

Tu nous faisais des farces hilarantes

Fou

Tu parsemais le rire partout

Pour que la fête éclate

Pour nous dilater la rate

Farceur

Jusqu’à la fin de tes jours

Pour le jour de ta mort

Tu as choisi le premier avril

Aziz est mort,

Poisson d’avril!

Non,

C’était la vérité cruelle

C’était la réalité mortelle

C’était le mal inéluctable

C’était la nouvelle épouvantable :

Aziz est mort!

Aziz

Tu es parti au printemps

Cela fait exactement treize ans

Pendant tout ce temps

Je n’ai pu réussir

A chasser la douleur

A panser la blessure

A extraire l’aigreur

A accepter ta mort

ô malheur!

Je m’en souviens encore

Je m’en souviendrai toujours

Comme si c’était hier

Et je pleure!

Le printemps est devenu hideur

La fleur est devenue laideur

La rivière est devenu pleurs

Le temps est devenu lenteur

L’espace est devenu langueur

Le jour est devenu noirceur

ô malheur!

Aziz

Tu n’es plus depuis treize ans

Et tu es là tout le temps

ô comme tu es si présent!

Tu nous as laissé un enfant

Tu sais

Il est assez grand à présent

C’est un bel adolescent

J’espère qu’il aura ton tempérament

Ton caractère et ton bon sens

Ton savoir et ta science

Qu’il héritera ta munificence

Ta brillance et ta magnificence

Ton assurance et ton excellence

Ton audace et ta prestance

Ta puissance et ta présence

Ta finesse et ton élégance

Il les aura sûrement

Il les a dans le sang!

Aziz

Mon ami, mon cher

Mon camarade, mon frère

Mon guide, mon phare

Mon pote, mon compagnon

Mon complice, mon confident

Tu es toujours vivant

Je t’ai dans le cœur

Chaque jour

Pour toujours

Jusqu’à ma mort

Aziz, l’ami fidèle

Aziz, l’immortel! 

Mostafa Houmir

………………………..

Agadir, le 27 / 3 / 2016

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