Sit-in de protestation contre l’abattage systématique des chiens errants

de mon fils apeuré, terrifié, désemparé, hors de lui et craignant pour son compagnon, après avoir vu circuler sur les réseaux sociaux et même sur les chaines nationales de télévision, des vidéos de ces «tireurs d’élite» qui, de l’intérieur de véhicules banalisés, abattent les chiens sans sommation et sans même s’enquérir de leur provenance. Sont-ce réellement les pouvoirs publics qui auraient donné cet ordre à mi-chemin entre la «barbarie» et «le terrorisme» en ce moment même où certains de nos enfants, incapables d’ouvrir leurs esprits et d’assimiler, à la fois, la culture de leurs ancêtres et celle de leurs pays d’accueil, ont été attirés, en moutons de panurge, vers cette idéologie de haine et de terreur qui ne cesse d’endeuiller des familles et d’écorner l’image du Royaume au-delà du Détroit ?
Au vu de ces hordes de chiens «sans maîtres» qui envahissent allègrement les quartiers périphériques de certaines de nos villes, nous avions applaudi chaleureusement cette fameuse semaine de stérilisation des chiens-errants qui était supposée se dérouler au mois de Février. Stériliser ces derniers pour en arrêter la propagation est une très louable résolution, en effet.
Or, ce à quoi nous avions assisté et continuons, malheureusement, d’être les spectateurs malgré nous, c’est à un abattage systématique et odieux de la race canine. Une tuerie indigne d’une société qui se doit d’être exemplaire, respectueuse des siens – hommes ou chiens – pour pouvoir être respectable et respectée.
Les snipers mandatés pour cette opération innommable, se croyant investis d’une fonction de justicier, tirent sur les chiens sans même chercher à savoir si la bête prise dans la ligne de mire de la lunette de leur carabine est accompagnée ou non, «appartient» à quelqu’un ou non, tuant certains, en blessant d’autres qui, en se tordant de douleur, n’ont aucune autre alternative que de fuir au loin… Combien de temps va durer l’agonie de la bête blessée ? Une heure, deux heures, un jour, deux jours, plus, moins ? Nul ne le sait… L’image, postée sur les réseaux sociaux, de cette chienne mourante, baignée dans son sang, entourée de chiots les yeux encore fermés qui lui tirent les mamelles avec l’espoir d’en extraire quelques gouttes de lait pour survivre et celle récemment passée en boucle par nos chaines de télévision où l’on voit des « justiciers» mandatés par le Président de la Commune de Ksar El Kébir trainant, fièrement tels des trophées trop lourds à porter, des bêtes ensanglantées et agonisantes pour les jeter dans des décharges, donnerait à réfléchir au plus inhumain d’entre nous.
Les chiens errants sont nombreux, certes. Le risque que certains d’entre eux puissent être porteurs de rage ou d’autres maladies dangereuses et s’attaquer à de paisibles citoyens est bien réel, il faut le reconnaître. Aussi, s’avère-t-il   indispensable d’y mettre un terme. Limiter leur prolifération relèverait donc de l’urgence et ce, d’autant plus que l’Etat débourserait déjà près de quatre millions de Dirhams en vaccins antirabiques pour faire face aux morsures qu’ils infligeraient chaque année à près de 10.000 personnes. Opter pour leur stérilisation est une excellente décision mais elle couterait très cher car leur nombre serait estimé à près de deux millions et qu’il semblerait, en effet, plus judicieux d’allouer, à d’autres secteurs, la somme requise.
Mais n’oublions pas non plus qu’il existe, depuis bien longtemps déjà, une association marocaine dénommée Société protectrice des animaux, reconnue d’utilité publique, ayant signé plusieurs conventions de partenariat avec le Gouvernement marocain, qui collabore avec diverses organisations étrangères ayant pour objectif de protéger les animaux de travail et de compagnie et qui serait membre de l’Union mondiale pour la nature (UICN), du Bureau méditerranéen d’information sur l’environnement, la culture et le Développement Durable (MOI-ECSDE) et du Réseau des associations marocaines pour l’environnement (RAME). Une association qui, à sa création, s’était donné pour mission de «protéger» ces animaux dont l’abattage systématique donne une piètre image de notre conception de la «protection des animaux de compagnie».
Une politique réfléchie de Benchmarking serait donc la bienvenue et les entités étrangères partenaires n’hésiteraient pas un instant – comme ils l’ont toujours fait depuis la création de la fameuse SPA en 1959 – à aider le pays à faire face, avec respect et dignité, au problème des chiens-errants.
Ramasser et, s’il n’y a aucune autre solution, les «piquer», hors de la vue de la population, aurait quand même été moins inhumain et moins monstrueux ; à moins que le fait d’accorder de la compassion à ce quadrupède – dont la fidélité à l’Homme a été maintes fois démontrée au cours de l’Histoire de l’Humanité – ne puisse, désormais, être considéré comme étant attentatoire à la religion de l’Etat telle que la conçoivent quelques zélés prédicateurs et, de ce fait, contraire au système des valeurs qu’ils escomptent instaurer.

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