Le testament d’Ismaïl Alaoui!

Lors de la présentation de son livre, mercredi dernier à la Bibliothèque nationale de Rabat, Ismaïl Alaoui, président du Conseil de la présidence du PPS, a émis une réflexion de haute importance au sujet de la situation actuelle de la Gauche marocaine.

Devant une assistance plurielle de politiques et d’intellectuels, l’occasion était idoine de relancer la pensée parmi nombre de composantes du mouvement national et démocratique de notre pays. L’appel ardent de cet illustre érudit imbu de sagesse, ne saurait passer inaperçu, au cœur de cette déchirure politique qui perdure atrocement depuis, au moins, le démantèlement, pur et simple, du Traité de réconciliation et de mobilisation des années 90, couronné par l’Alternance consensuelle de 1998.

Qu’en reste-t-il de cet édifice, monté méticuleusement avec cœur et raison, après de longues années d’affront et de distanciation ? Pas grand-chose ou rien du tout, diraient les plus pessimistes ! Les deux camps, initialement «unis pour le meilleur et pour le pire», battent en retraite pour se livrer à leur propre sort, d’une manière unilatérale. D’une part, le pacte d’alliance, arboré solennellement du temps de feu Hassan II et du vieux routier Abderrahmane Youssoufi, est désormais résilié au profit des «proches» versant résolument dans l’absolutisme politique.

De l’autre côté, l’Istiqlal et l’Union Socialiste, sévèrement étrillés de toutes parts, se débattent dans des querelles intestines dont ils ne se relèvent pas encore. Quant au PPS, bassement ciblé pour ses positions autonomes, fait l’objet de sanctions gratuites, à tous les niveaux.

Pendant ce temps, les autres groupuscules «gauchisants» ne cessent toujours pas de croire au «Grand Soir» et de se cantonner dans leur tour d’ivoire. Face à cet effritement, la réaction, pondue, tour à tour, depuis 1977, toujours effacée et obtempérante, se frotte les mains de continuer à vivre aux pans de leurs maîtres.

Le pire dans ce vil scénario qui traduit, bel et bien, une volonté manifeste de refonder le champ politique national à sens unique, c’est que le peuple, «endoctriné» au discrédit des partis, perd confiance et crédibilité en ces derniers et s’engouffre dans le néant. La médiation entre société et partis étant embrouillée voire escamotée au profit du nouveau concept du Pouvoir, la vie sociétale, en quête de valeurs du progrès et de vertus de la morale, s’effiloche dans les manies de la corruption et de la dépravation que sèment les créatures bâtardes du Makhzen.

Le testament d’Ismail Alaoui est donc à la fois une alerte à la dérive et une invitation à la rescousse par le biais de la résurrection, pas uniquement de la Gauche essoufflée et disloquée, mais de toutes les forces patriotiques pour une réelle révolution culturelle, à l’instar du génie chinois et ce, tout en dépoussiérant les dispositions de la Loi suprême qui ne sauraient demeurer lettres mortes.

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