Abdessamad Bencherif considère que le champ médiatique a besoin de personnes dotées du sens de l’engagement et pleinement dévouées aux valeurs de métiers. Cela requiert, selon le candidat de la liste «Fidélité et changement», de faire prévaloir les valeurs telles quel’ objectivité, le professionnalisme et le sens de l’écoute dans le dessein de répondre à une forte demande sociale pour une presse indépendante et objective et réussir la transition globale du champ médiatique.
Al Bayane : Selon vous, quel est l’apport du CNP?
Abdessamad Bencherif: D’abord, il faut mettre l’accent sur le fait que le champ médiatique est souvent considéré comme source de conflits et de rivalités, parfois sujet aux tendances de domination et ce, dans tous les Etats du monde. Son autonomie par rapport aux pouvoirs publics est un indicateur fort pour tout Etat qui se veut démocratique. En termes plus clairs, la liberté d’expression conjuguée au respect des valeurs déontologiques et celles du professionnalisme sont des conditions indispensables pour promouvoir ce secteur. Théoriquement parlant, la loi 90-13 fixant les attributions du Conseil, notamment en matière de requalification des entreprises de presse et de l’édition, la promotion de l’auto –gouvernance ou encore la nécessité d’assurer au citoyen le droit à une information pluraliste et crédible, ambitionne de faire fonctionner le secteur sur des bases démocratiques, comme le dispose l’article premier.
Peut-on donc dire que le Conseil aura des réponses efficaces à tous les problèmes du secteur de la presse et de l’édition?
On est encore au début du processus et il est impossible de faire une évaluation avant l’heure. Mais, il faut reconnaitre que la loi a doté les membres du Conseil d’attributions inédites, telles le pouvoir de médiation dans les conflits survenus entre les professionnels, tout en lui conférant la mission de faire des propositions sur les mesures permettant le développement du secteur…Juridiquement parlant, on assiste ainsi à un passage de la régulation opérée par l’Etat à l’autorégulation exercée par les professionnels eux-mêmes.
Qu’entendez-vous par là?
Je pense que le grand défi auquel va se confronter le Conseil est la mise en place des conditions nécessaires permettant la création d’un environnement sain et propice pour améliorer la pratique journalistique. En plus de cela, l’institution doit avoir la confiance de tout le monde, pour des raisons de crédibilité et doit être d’une forte volonté pour réussir ce chantier, loin de la culture d’exclusion, des surenchères syndicales et politiciennes, car, au final, la réussite de la réforme constitue la réussite de tous les journalistes.
Comment doit-on alors procéder pour développer cette pratique journalistique?
Pour mettre en rail la réforme, il ne faut pas y aller par quatre chemins. La logique exige de faire face à certaines pratiques qui déshonorent le métier de la presse, telles la diffamation, l’atteinte à la vie privée des personnes, le mensonge, entre autres.
L’amélioration de la pratique journalistique passe ipso facto par l’amélioration des moyens et des conditions de travail des journalistes qui sont les constructeurs de l’opinion publique. Donc leur mission primordiale consiste à informer et éclairer la sphère publique en veillant à décortiquer les défaillances des politiques publiques. En bref, ils ont un pouvoir de contrôle. D’où la nécessité d’avoir des journalistes avertis, bien formés mais également dévoués aux constantes et valeurs nobles du métier de la presse.
Vous entamez ces élections en optant pour «Fidélité et responsabilité», comme slogan pour votre campagne, pourquoi un tel choix?
Je dois mettre l’accent sur le fait que l’adoption de la liste fermée est un acte non-démocratique. Ce mode de scrutin vide de tout sens ces élections et porte atteinte à cette institution censée être fondée sur le pluralisme dans sa gestion. Je dois, en outre, souligner que le fait d’imposer 15 ans d’ancienneté pour se porter candidat relève d’un caractère purement «exclusionniste». Le choix du slogan «fidélité et responsabilité» relève de notre forte conviction que le champ médiatique a besoin de personnes dotées du sens de l’engagement et pleinement dévouées aux valeurs du métier: objectivité, professionnalisme et sens de l’écoute, dans le dessein de répondre à une forte demande sociale pour une presse indépendante et objective afin de réussir la transition globale du champ médiatique.