Mawazine 2016 : Le Rap à l’honneur

Jeudi dernier, le festival Mawazine a réservé la scène du Bou-Regreg à ses ambassadeurs et valeurs sûres de la scène Hip-Hop et du Rap marocain que sont H-kayne, H-name et Muslim.

En marge de cette prestation, les intéressés se sont prêtés conjointement aux questions posées par les journalistes présents à la Villa des Arts de Rabat, manifestant d’emblée leur grande joie de participer à un Festival aussi prestigieux que Mawazine même si H-Kayne en est à sa cinquième apparition et que H-name et Muslim  en sont à leur première collaboration.

Mais qui sont-ils ?

Le plus ancien d’entre eux, H-kayne est né en 1996 d’une fusion entre ces pionniers du rap au Maroc que furent  Adil Sif Lssane, Hatim HB2, Azzedine Ter-Hoor, Othmane et DJ Khalid. Ce groupe qui avait  réussi à fédérer le public et à établir un premier contrat avec Platinium, une grande maison de production avait remporté, en 2003, le premier prix des catégories rap et hip hop lors du Boulevard des Musiciens avec, entre autres, des titres comme «Issawa style», «F’mo hadak» ou encore  « FL’Houma ».

Muslim, de son nom véritable Mohamed Mezouri est, quant à lui, un jeune Tangérois né dans un quartier populaire de la ville du Détroit en 1981 qui, en découvrant, dès l’âge de 11 ans, le rap américain et le Hip-Hop outre-atlantique va, en compagnie de Larbi, un autre  du quartier, créer le groupe Zanka Flow qui deviendra très vite une référence de la scène underground du rap marocain.

Mais voulant, très vite, voler de ces propres ailes, Muslim a composé des albums solo comme « Katra », « Bghini Awla Krahni », « Mor Ssour », « Attamarod » ou encore « L’Marhoum » qui a été plébiscité par la presse et lui a valu la reconnaissance du public marocain et qui a été plébiscité par la presse

H-name, pour sa part, est né de la volonté d’un casablancais Saad Aka, ingénieur d’Etat qui a réalisé sa première démo « Just Style » en 2004 et qui formera peu de temps après le groupe « Casa Système ». Ce dernier  fera un buzz sur la toile avec « M’ansina » et « L’Feeling Dayz » mais ceci ne sera que de courte durée puisqu’à cause de désaccords profonds, chacun ira de son coté.

Ainsi, pour ces trois formations leur musique est une musique qui parle avec franchise à la jeunesse puisqu’elle aborde sans fard c’est-à-dire dans un langage simple mais respectueux, tous les problèmes auxquels elle est confrontée assimilant, par là, le rappeur, à un journaliste utilisant un accompagnement musical.

Et ceux-ci de  signaler, à ce propos, qu’il est plus facile, pour passer des messages principalement destinés aux jeunes, d’utiliser un langage emprunt de vulgarité – ce que tous les trois s’interdisent de faire – qu’un langage « propre » ; chacun créant son propre cadre de référence et ses limites.

A la question d’un journaliste du Moyen-Orient leur demandant de bien vouloir utiliser un langage qui soit compréhensible par le public oriental, ceux-ci répondirent, d’une seule voix, que c’est au public de suivre l’artiste et non le contraire.

Leur prestation commune de ce jeudi soir sur la scène de Salé dans le cadre de cette 15e édition du Festival Mawazine-Rythmes du Monde a été suivie avec un très grand engouement par le public des deux rives du Bou-Regreg.

Nabil El Boussaâdi

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