La réouverture des frontières entre le Maroc et l’Algérie est, plus que jamais, à l’ordre du jour. Ce vœu ardent anime, non pas seulement notre pays, mais également une large frange de nos voisins de l’est. Les dissonances politiques qui ont, depuis longtemps, taraudé le régime algérois, continuent à verrouiller l’accès terrestre, en dépit des appels itératifs de l’Etat limitrophe.
L’élite politique algérienne, de plus en plus consciente de l’incongruité des gouvernants, sort du mutisme et arbore, haut et fort, la levée de l’hermétisme des séparations. La balle a toujours été, depuis 1994, dans le camp des dirigeants d’Alger, qui ne cessent de maintenir cet embargo grivois. En fait, les peuples mutuels ont constamment payé les pots cassés de cette idiotie graveleuse de la part des militaires algériens, beaucoup plus aveuglés par l’hégémonie que la bonhomie.
Aujourd’hui, l’intelligentsia algérienne n’en peut plus et le fait savoir, malgré le risque de répression cynique. Pour elle, il est bien clair que la fermeture des frontières maroco-algériennes constitue une carte de pression et de compromission, brandie par les galonnés algériens pour une suprématie fictive dans la région. Seulement, l’enjeu n’est plus politique, mais aussi et surtout économique, du fait du bourbier critique dans lequel se débat Alger, depuis la chute du prix du baril de pétrole.
Selon des prévisions pressantes, l’Algérie est en train de puiser, à grandes bouffées, dans ses réserves et, au terme d’un peu plus d’une année, elle subira, sans doute, les affres de l’équilibre économique. En face, sans pétrole ni gaz, son vis-à-vis, prône une politique énergétique non aléatoire et fonde son économie sur la stratégie investissementale rationnelle, axée sur le processus des grands travaux et les plans d’action à moyen et long termes.
Là-dessus, certaine classe politique algérienne sent le grand péril d’une éventuelle «guerre civile» s’approcher à toute vitesse et lance solennellement la mise en avant d’une démarche «réconciliatrice» avec un rival qui n‘en avait jamais été un, depuis des lustres. La réouverture des frontières s’avère, d’après elle, une nécessité pour une nouvelle phase de reconstruction des rapports, basés sur le respect et la coopération.
Il faut bien dire que toute l’union maghrébine passe par là et promet un essor respectif à coups de milliards et un relèvement réciproque du PIB à hauteur de 5%. Cependant, est-ce que la junte algéroise est prédisposée à se rendre à l’évidence, quoique les indicateurs économiques et financiers soient chaotiques, d’ici peu de temps, pour tout un peuple placé sur une bombe à retardement ? Hélas, rien ne peut faire changer de position à des forcenés, toujours en quête du monopole qui s’entrevoit, à leurs yeux, tel un mirage dissipant.
Saoudi El Amalki