On ne peut que louer la sagacité de certaines mesures qui ont fait l’objet de longues consultations au niveau des intervenants de la famille de l’éducation et de la formation. Toutefois, il faut bien dire que nombre de déficits persistent encore dans la vie scolaire quotidienne. On citera dans ce sens la problématique du directeur de l’établissement scolaire primaire qui se consacre à des tâches aussi bien multiples qu’ardues.
Ce directeur, en particulier quand il se retrouve avec plus de 1000 élèves dans son établissement souffre le calvaire. A lui seul, il est en même temps responsable de l’école, balayeur, gardien, jardinier…Toutes ces tâches tombent comme des fardeaux sur le directeur qui, en plus, est appelé à utiliser ses propres moyens (son véhicule, ses poches…) pour faire des va-et-vient à des dizaines de kilomètres afin de se rendre à la direction préfectorale ou autres et transporter la paperasse administrative, mais aussi des colis parfois lourds et délicats.
Toute cette mission dépasse de loin les capacités et les prérogatives du directeur, moyennant une modique indemnité. Certes, le ministère de tutelle a prévu ce que l’on appelle des directeurs adjoints, mais malheureusement, ce poste s’ajoute à la profession initiale et reste sujet à beaucoup d’amalgames peu clairs. On ne comprendra pas pourquoi le département de l’éducation nationale s’acharne à faire endurer aux directeurs du primaire ces affres désobligeantes, alors qu’il ne cesse de prétendre s’atteler à promouvoir «l’administration éducative» et porter un intérêt particulier aux élèves de bas âges.
Le directeur du primaire reste, en fait, le maillon faible de toute la chaîne scolaire qu’il faudrait renforcer et dynamiser dans les brefs délais. On ne peut alors espérer le décollage de tout le système de l’enseignement sans revoir en profondeur le statut et la position du directeur du primaire, en relevant ses indemnités selon les effectifs à charge, en le dotant de toute la logistique nécessaire, des ressources humaines administratives suffisantes et des conditions infrastructurelles idoines.
En effet, les réformes ont démontré, outre les déphasages enregistrés entre les réalités et les ambitions, leurs limites en termes d’intégration effective des apprentissages dans le système de développement de la nation. Autrement dit, à côté des déficiences cumulées au niveau de la sécrétion des valeurs chez les apprenants en position conflictuelle par rapport à la société, les contenus des curricula pour de meilleures adaptations aux profondes mutations sociétales aspirant au projet démocratique et moderniste ne répondent guère à ces changements escomptés.