Sur le papier, notre pays se dote d’une loi suprême, adoptée tout au début de l’actuelle décennie du 21e siècle et considérée comme la plus étoffée des textes constitutionnels de tous les temps.
Au diapason de ce document de qualité, il y a lieu de noter que nombre d’instances de contrôle et d’assainissement de la gouvernance ont été entérinées, dans le but de renforcer et de préserver la pratique démocratique, dans le contexte de l’éthique et de la loyauté. Naturellement, au regard du caractère véloce dans lequel s’est conçue la mouture constitutionnelle, sous la palpitation de la rue, la concrétisation de ses diverses dispositions trouve beaucoup de peine à s’accomplir, dans les meilleures conditions.
En effet, à titre indicatif, à quoi servent des instances de répression si leurs résolutions ne sont pas tenues en compte ? On conviendra bien que notre nation s’est attelée, bien avant les tensions survenues un peu partout dans l’entourage, à munir ses mécanismes de gouvernance d’outils de veille à même de raffermir et crédibiliser ses institutions. A cet effet, l’instance de lutte contre la corruption ou encore celle chargée de la préservation du fonds public sont instaurées afin de mettre à nu les différentes dépravations qui salissent aussi bien les procédures des administrations que les pratiques individuelles.
Cependant, on constatera que les effets tangibles de toutes ces structures, entre autres, restent «feutrés» par rapport à la profusion des cas déplorables qui éclatent dans tel ou tel département. Il est vrai que l’action de ces instances se limiterait à la révélation des actes attentatoires aux dispositions des lois en vigueur, en attendant que l’appareil exécutif et judiciaire prenne le relai pour intenter les sanctions appropriées. Cependant, on demeurera sur sa faim du fait que nombre de dénonciations sont renvoyées aux calendes grecques à bien des égards. Les exemples de corruption prolifèrent d’une manière effrénée, sans qu’on ne puisse s’interposer pour mettre les contrevenants hors d’état de nuire. Les deniers publics sont également saccagés à couteaux tirés par les professionnels de l’escroquerie. De temps à autre, on fait état de ces manœuvres qui deviennent monnaie courante, dans nombre de secteurs, notamment la pêche maritime où les barons de l’halieutique sèment la torpeur et s’adonnent au détournement de la ressource et, partant, des fonds de l’Etat.
On ne contestera jamais la bonne foi de ces instances auxquelles revient la mission de dresser des rapports finalisés relatifs à telle ou telle affaire qui n’attend plus que la correction idoine. Mais, il y a lieu de rétorquer que la phase finale de tel ou tel dossier se heurte généralement à des «lignes rouges» inhérentes aux sphères intouchables ou encore aux calculs «consensuels» des rouages politiques. Des déficits à ce propos, sont très fréquents, sans que l’on ose piper mot.
La panne des instances de rédhibition est réelle devant des écueils politiques. On ne peut alors trahir tout un échafaudage institutionnel pour des «arrangements» politiciens. L’Etat de Droit
en serait profondément affecté. Toutefois, on laissera le temps au temps pour confirmer… «Je ne suis rien, je le sais, mais je compose mon rien avec un petit morceau de tout !», disait Victor Hugo pour parapher cette situation nécessitant longue haleine. Ou encore comme disait la maxime amazighe de haute métaphore sémantique : «Petit à petit, le chameau s’introduit dans la cruche!».