La mise en œuvre des plans stratégiques et des programmes n’a pas encore produit l’effet escompté

Lutte contre l’analphabétisme

La mise en œuvre des plans stratégiques et des programmes de lutte contre l’analphabétisme, par les différents acteurs, n’a pas encore produit l’effet escompté pour éradiquer ce fléau, a souligné mercredi à Rabat le Premier président de la Cour des comptes, Zineb El Adaoui.
Intervenant lors d’une séance plénière conjointe des deux chambres du Parlement consacrée à la présentation d’un exposé sur l’action de la Cour des Comptes pour la période 2023-2024, Mme El Adaoui a indiqué que le bilan réalisé dans le domaine de la lutte contre l’analphabétisme « reste insatisfaisant » malgré les différentes stratégies et l’enveloppe globale de près de 3 milliards de dirhams qui a été mobilisée au profit de l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme entre 2015 et 2023.
Elle a relevé, à cet égard, que la proportion d’analphabètes demeure élevée chez les citoyens âgés de plus de 15 ans, avec plus de 9 millions et 240 mille personnes enregistrées en 2021, soit l’équivalent d’un taux d’analphabétisme d’environ 34,2% contre 47,7% en 2004.
Dans ce sens, Mme El Adaoui a plaidé pour la promotion de l’efficacité et l’efficience des programmes de lutte contre l’analphabétisme, notamment à travers un contrat-programme entre l’État et l’Agence afin de définir les objectifs stratégiques et quantitatifs à atteindre selon un calendrier approprié, ainsi que de mettre en place des mécanismes pour le suivi de la mise en œuvre des programmes et projets prévus, ainsi que l’évaluation de leurs résultats et leur impact sur la réduction du taux d’analphabétisme.
L’Agence, poursuit-elle, a mené des programmes de lutte contre l’analphabétisme en partenariat avec les organisations de la société civile, notant l’absence d’un système de classification des associations œuvrant dans le domaine d’alphabétisation, qui permettrait de les inciter à se spécialiser et à s’organiser, d’une part, et de faciliter l’évaluation de leur performance et la prise, au cours du processus de sélection, de décisions basées sur des informations précises, contribuant ainsi à garantir leur pérennité, d’autre part.
« La Cour a également relevé l’absence de mesures concrètes pour s’assurer de l’adéquation des espaces de formation proposés par les associations partenaires, ce qui pourrait impacter la qualité des formations dispensées, le degré d’attractivité pour les bénéficiaires et la rentabilité globale des projets », a fait savoir le Premier président de la Cour des comptes.
À cet égard, Mme El Adaoui a relevé que certains espaces de formation consistent en des appartements, des maisons résidentielles et des garages non aménagés pour accueillir des formations d’alphabétisation, soulignant que la proportion des espaces publics dédiés à ces formations n’a pas dépassé 18% du total des lieux déclarés pour l’année scolaire 2022/2023.
Et d’enchaîner, dans le même contexte, qu’il a été observé un faible taux de présence et d’assiduité des bénéficiaires des programmes d’alphabétisation dispensés par les organisations de la société civile.
« En effet, la moyenne de l’indice de présence a atteint environ 40% dans un échantillon de 14.263 classes, réparties sur 52 préfectures et provinces, inspectées sur le terrain par des bureaux d’études engagés à cet effet, durant la période 2019-2022 », a-t-elle dit, ajoutant que la moyenne de l’indice d’assiduité dans la présence n’a pas dépassé 43%, ce qui risque de limiter l’impact des efforts déployés pour lutter contre l’analphabétisme.
Pour ce faire, la Cour a recommandé à l’Agence d’améliorer l’efficacité et l’efficience des programmes de lutte contre l’analphabétisme menés en partenariat avec les organisations de la société civile, afin de renforcer leur impact effectif sur la réduction du taux d’analphabétisme, notamment par la classification des organisations actives dans ce domaine et l’adoption de critères et procédures permettant de sélectionner des associations et des coopératives sérieuses, disposant des ressources humaines spécialisées et des compétences professionnelles nécessaires pour dispenser des formations en alphabétisation.

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