Presse écrite
La Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) suit avec beaucoup d’inquiétude les difficultés des entreprises de la presse écrite en raison des problèmes de distribution et des risques qui les menacent de cessation d’activité, et partant la disparition définitive de la presse nationale écrite des kiosques.
Les responsables de la société arabo-africaine de distribution, d’édition et de presse « SAPRESS », qui assure exclusivement la distribution des journaux et publications nationales, ont entamé des réunions individuelles avec les éditeurs de la presse écrite pour les informer de leur intention d’appliquer de nouvelles mesures financières en vue de pouvoir poursuivre l’opération de distribution. Et ce après la forte réduction de l’aide de l’État destinée à la distribution et au distributeur national exclusif.
Comme les exigences actuelles de SAPRESS envers la presse écrite n’est pas à la portée d’entreprises, qui souffrent déjà de la faiblesse des ventes au public et du faible engouement général pour la lecture, cela entraînera un surcoût de production qui mènera, sans aucun doute, à l’arrêt, à la fermeture et au licenciement de centaines de salariés. Le problème est ainsi plus qu’un simple différend commercial entre deux parties.
La société de distribution de journaux a bénéficié ces dernières années d’une aide exceptionnelle importante de la part de l’État, considérée comme un effort financier considérable pour le Maroc. Cependant, dans les faits, la presse écrite marocaine n’a pas tiré un grand profit de cet effort national. La couverture géographique du réseau de distribution n’a pas été élargie, ni les volumes et le nombre distribués augmentés, alors même que les simples créances des entreprises de presse écrite n’ont pas été pour la plupart réglées à ce jour.
Au lieu de réfléchir aujourd’hui à un plan stratégique national global pour remédier à ces dysfonctionnements, la société de distribution a choisi de pousser les éditeurs de journaux à compenser ce que l’État a cessé d’accorder comme subvention au distributeur exclusif. Elle a, par conséquent, pris une décision de nature à menacer la présence de la presse écrite dans toute sa diversité dans les différentes régions du Royaume, et à priver ainsi notre peuple et notre pays de journaux sérieux et crédibles, dont certains existent depuis plus de soixante ans.
Tout en comprenant les préoccupations de SAPRESS concernant la préservation de son existence, de ses équilibres financiers et du maintien de ses activités, la FMEJ souligne la responsabilité des autorités gouvernementales dans la recherche d’une solution appropriée pour l’avenir du distributeur national exclusif des journaux marocains, d’en assumer la responsabilité, d’œuvrer à préserver l’existence de la presse écrite nationale et de ses entreprises enracinées dans l’histoire, et de considérer cette mission comme l’une de ses responsabilités nationales essentielles afin que le Royaume continue de disposer d’outils de défense de son image et de ses intérêts suprêmes.
Tout en veillant à suivre de près l’évolution de cette situation aux côtés des éditeurs de journaux et en coordonnant les efforts de plaidoyer professionnel à cet égard, la Fédération demande au gouvernement d’aborder de manière sérieuse et prospective la problématique de la distribution de la presse nationale en prenant en compte l’intérêt national supérieur du pays, d’engager une concertation approfondie avec les entreprises de presse et leurs représentants, et d’assumer la responsabilité du sort de la société de distribution, qui a connu de nombreuses transformations sans lien avec les éditeurs.
La FMEJ appelle les responsables de SAPRESS à suspendre les nouvelles mesures financières qu’ils envisagent d’appliquer prochainement et à examiner, plutôt, la question de l’aide publique et de ses équilibres financiers avec les autorités gouvernementales et les actionnaires de la société, et à considérer les éditeurs de journaux comme ses partenaires, au lieu de les faire payer le prix de l’abandon par l’État du soutien au distributeur ou du non-respect des promesses et engagements pris.