Appel à des solutions africaines en matière de sécurité

Clôture du Forum de Dakar sur la sécurité et la paix en Afrique

La ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Mme Aïssata Tall Sall, a défendu, mardi, des solutions élaborées par les Africains pour faire face aux problèmes sécuritaires qui tourmentent les pays africains, notamment l’expansion du terrorisme dans la région du Sahel.
« Les orientations et les choix stratégiques en matière de sécurité doivent d’abord émaner des États africains », a souligné Mme Aïssata Tall Sall lors de  la clôture de la 8ème édition du Forum international de Dakar sur la sécurité et la paix en Afrique, tenue les 24 et 25 octobre à Diamniadio, à 30 km de Dakar, sous le thème: « l’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes: défis de stabilité et de souverainetés ».
« Avant de venir nous dessiner les lignes selon lesquelles nous allons assurer notre sécurité, qu’ils [les puissances étrangères à l’Afrique, NDLR] nous laissent d’abord leur parler de nos propres solutions », a souligné la cheffe de la diplomatie sénégalaise qui a qualifié de « réussite » la 8-ème édition de ce forum qui a connu la participation de 400 délégués.
Lors de cette cérémonie de clôture, Mahamadou Issoufou, l’ancien président du Niger, a insisté sur l’importance de la construction des États dans le processus de pacification du continent, estimant que « le défi fondamental, essentiel, c’est le défi institutionnel ».
« L’armée comme on le sait c’est la colonne vertébrale de l’Etat », a-t-il ajouté. « Malheureusement ces défis sont survenus à un moment où, en réalité, je peux le dire, on n’a pas d’armées capables de faire face aux menaces. Il faut construire ces armées », a-t-il relevé.
Il a à cet égard appelé la communauté internationale à aider les pays du Sahel, soulignant la responsabilité des États occidentaux dans la déstabilisation de la région avec leur intervention militaire en Libye en 2011.
« Çà choque les Africains d’ailleurs de voir les milliards qui pleuvent sur l’Ukraine alors que les regards sont détournés de la situation au Sahel », a relevé M. Issoufou, soulignant le contraste avec les difficultés rencontrées pour boucler les quelque 400 millions de dollars de budget de la force conjointe du G5 Sahel.
La deuxième journée du forum a été marquée par la tenue d’un panel auquel a notamment pris part le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop qui a souligné dans son intervention qu’il appartient aux dirigeants africains de tirer profit de la coopération qu’ils entretiennent avec leurs partenaires, tout en évitant de faire de l’Afrique le terrain de la compétition des puissances étrangères.
‘’Il appartient aux Africains de pouvoir se positionner pour développer leur pays et tirer profit des partenariats qu’ils entretiennent avec d’autres pays. Nous ne voulons pas être un terrain de jeu pour les uns et les autres. Beaucoup de partenaires aiment les richesses de l’Afrique’’, a-t-il dit, notant qu’ils n’ont pas assez de ‘’considération’’ pour le continent.
Les dirigeants africains doivent veiller à ce que les intérêts vitaux des populations soient au centre de la coopération qu’ils entretiennent avec leurs partenaires, a noté Abdoulaye Diop.
Certains dirigeants sont dans ‘’une posture coloniale’’ avec leurs homologues des pays d’Afrique, a-t-il soutenu, estimant qu’‘’ils doivent changer de logiciel pour pouvoir continuer à travailler avec les Africains’’.
‘’Il faut que les partenaires sachent qu’ils ne viennent pas chasser sur nos terres (…) Chacun doit gagner. Avant de parler de souveraineté, l’Afrique demande d’abord le respect de ses partenaires’’, a-t-il ajouté, précisant que certains États ‘’ont plus besoin de l’Afrique que le continent a besoin d’eux’’.
La cérémonie d’ouverture de cette rencontre, tenue au Centre International de Conférences Abdou Diouf (CICAD), s’est déroulée en présence des Présidents angolais, João Lourenço et cap-verdien, José Maria Neves, ainsi que des ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays, notamment du Royaume d’Arabie Saoudite, du Mali, de la Gambie, de la Turquie et de la Libye.
Y ont pris part aussi le vice-Premier ministre de la Guinée-Bissau, Soares Sambu, la secrétaire d’Etat française chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, du ministre délégué japonais auprès du ministère des Affaires étrangères, Yamada Kenji, la secrétaire adjoint américaine à la défense chargée des affaires africaines, Chidi Blyden, la représente de l’Union européenne (UE) au Sahel, Emmanuela Claudia Del Re, des représentants du Corps diplomatique accrédité au Sénégal, ainsi que des experts et chercheurs de divers pays dont du Maroc.
La cérémonie a été marquée par le discours du président Macky Sall qui a mis en avant l’importance du thème choisi pour cette 8ème édition du forum de Dakar, soulignant qu’il suggère de regarder la réalité du continent en face, en particulier l’expansion du terrorisme, les conflits intra et inter étatiques, la recrudescence des coups d’Etat, l’ingérence politico-militaire étrangère et les effets combinés du changement climatique, de la pandémie Covid-19 et de la guerre en Ukraine.
Il a soulevé, à cet égard, la menace du phénomène du terrorisme qui secoue l’Afrique, notant que le continent est devenu aujourd’hui un des épicentres du terrorisme, « parce que ce fléau est alimenté par la criminalité transfrontalière, la prolifération illégale des armes, les flux financiers et trafics illicites de tout genre, et la participation de combattants étrangers ».
Dans ce sens, il a mis l’accent sur la nécessité de rendre opérationnelle la Force africaine en attente (la FAA) et de financer de façon plus adéquate le Fonds de la paix de l’Union Africaine ». « Nous ne pouvons pas compter sur le financement extérieur pour assurer notre propre sécurité et bâtir une architecture de paix viable », a estimé le président sénégalais.
Le chef de l’État a, d’autre part, évoqué les effets de la crise russo-ukrainienne sur le continent africain notamment en matière de denrées alimentaires et de la cherté de la vie pour les populations africaines.

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