Arrêt du tribunal de l’UE : Une péripétie judiciaire politisée

Aussi inattendue que surprenante, la décision du tribunal de l’union européenne au sujet de l’accord agricole Maroc-UE dénote une énième manipulation du lobby hostile au Royaume et à toute percée dans la coopération bilatérale, pourtant déjà arrivée à maturité.

Le verdict à l’emporte-pièce du tribunal, bien qu’il ne remette guère en cause l’édifice bilatéral solide, n’a pas empêché Rabat d’inviter l’UE à en finir avec une péripétie judiciaire très politisée et, surtout, préjudiciable à un partenariat modèle bâti au fil des années.
Car, s’il n’attente en rien aux accords jusqu’ici conclus entre les deux parties, il n’en demeure pas moins que l’arrêt représente en soi un précédent dangereux et une immixtion dans une question traitée par l’ONU.
En désarroi après les multiples revers devant l’ONU sur des sujets liés surtout à la situation des droits humains, les séparatistes et leur mentor algérien font tout pour contester les accords signés entre Bruxelles et le Maroc, cette fois en frappant à la porte des tribunaux européens.
Les parties hostiles au Royaume ne trouvent mieux désormais que de faire valoir une hypothétique exploitation des ressources du Sahara marocain, un discours qui n’a jamais trompé la vigilance des partenaires européens, conscients du rôle du voisin de l’Est dans le différend depuis des décennies.
Serein et attaché à la légalité internationale, le Maroc a de tout temps affirmé que la question de l’intégrité territoriale ne peut en aucun cas faire l’objet de surenchères ou de compromis, rappelle l’universitaire suisse, Jean-Marc Maillard.
Et dans un tel cas de figure, estime-t-il, le pays ne s’est jamais soustrait à son engagement en faveur d’une paix durable dans le cadre de sa souveraineté sur ses provinces du sud, en mettant sur la table une proposition d’autonomie que le Conseil de sécurité a qualifié de «sérieuse et crédible».
C’est justement la raison pour laquelle Rabat ne cache pas, à son partenaire européen, son souhait de le voir prendre «les mesures internes appropriées en vue de trouver une issue définitive à cette procédure, au demeurant de son seul ressort».
Il n’est d’ailleurs un secret pour personne que le dossier des ressources a été déjà soulevé dans les débats au sein du Parlement européen et de sa commission agricole au moment de l’adoption du texte de l’accord agricole et celui de la pêche.
Appuyant alors la position marocaine, le Conseil européen avait affirmé sans équivoque qu’il s’agit d’une question interne qui ne concerne que les autorités marocaines, un signe de reconnaissance des efforts colossaux de développement des provinces sahariennes dont l’ampleur et les dimensions ne sont plus à démontrer.
C’est dire que la sentence de la juridiction européenne s’appuie, sans discernement, sur l’argument fallacieux de lobbyistes pro-séparatistes qui invoquent «le manquement aux objectifs du développement durable» et «l’exploitation des ressources naturelles».
L’eurodéputé Gilles Pargneaux n’a pas manqué en effet de dénoncer vendredi «un lobbying mensonger» des séparatistes pour manipuler les institutions européennes, en affirmant que les pratiques douteuses du polisario ont atteint des proportions inacceptables.
N’était-il donc pas raisonnable pour le tribunal européen de tenir compte des indicateurs socio-économiques qui démontrent un essor soutenu à l’échelle de la région, au lieu de reproduire des données avancées par ceux-là mêmes qui font du détournement des aides humanitaires un fonds de commerce, au grand dam des populations des camps de Tindouf.
Fort de la justesse de sa cause, le Maroc a réagi avec sérénité et en toute confiance en étant déterminé à aller de l’avant dans son nouveau modèle de développement au Sahara, un chantier porteur de grands desseins pour la région et de beaucoup d’espoir pour les populations.

Abdallah Chahboune

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