Clap de fin pour la 20e édition du FIFM
DNES à Marrakech Mohamed Nait Youssef
À la ville ocre, la 20e édition du Festival International du Film de Marrakech, organisée sous le patronage du Roi Mohammed VI, a tenu toutes ses promesses. En effet, le rideau est tombé, samedi soir au Palais des Congrès, sur la grand-messe du cinéma mondial ayant accueilli cette année une belle brochette de cinéastes, de producteurs, de professionnels du 7ème art d’ici et d’ailleurs.
L’Étoile d’or est marocaine…
Une première alors dans l’histoire du cinéma national. La réalisatrice marocaine Asmae El Moudir a décroché l’Étoile d’or du FIFM pour son film «La mère de tous les mensonges» «(…) grâce à la mémoire collective, bien qu’imparfaite, nous préservons l’histoire qui ne peut être défaite.
Par le biais du témoignage, de la création et de la récréation, ce réalisateur courageux ne se contente pas de révéler la vérité, il nous rend complices, parts égales de la douleur et de la guérison. Ce film crée son propre genre et introduit une nouvelle voix dans le cinéma», a révélé la présidente du jury de la 20e édition du FIFM, l’actrice américaine Jessica Chastain. Par ailleurs, le prix du jury, composé de l’actrice iranienne Zar Amir, de la comédienne française Camille Cottin, de l’acteur et réalisateur australien Joel Edgerton, de la réalisatrice britannique Joanna Hogg, de la réalisatrice américaine Dee Rees, du réalisateur suédo-égyptien Tarek Saleh, de l’acteur suédois Alexander Skarsgård et de l’écrivaine franco-marocaine Leïla Slimani, a été décerné à deux œuvres cinématographiques, à savoir «Les Meutes» du réalisateur Kamal Lazraq (Maroc) et «Bye ByeTibériade» de la réalisatrice Lina Soualem (Palestine). «C’est une fierté d’avoir remporté ce prix à Marrakech, dans notre pays. Ce film est une aventure dans la ville de Casablanca», a déclaré le réalisateur marocain, Kamal Lazraq.
Lina Soualem n’a pas manqué, quant à elle, d’adresser un message à l’humanité en dénonçant la guerre sur Gaza. «Aujourd’hui, alors que nous assistons à la reprise des bombardements sur Gaza, il semble qu’il n’y ait pas assez d’horreurs infligées aux Palestiniens que la communauté internationale exige, sans ambigüité, la cessation des hostilités. Je voudrais citer Karim Kattan, un écrivain palestinien : « Gaza n’est pas une abstraction.
C’est un rivage, des plages, des rues, des marchés et des villes avec des noms de fleurs et de fruits, par une abstraction, mais des lieux, des vies et des gens qui sont bombardés jusqu’à l’oubli.Et à ça je répondrais : grâce à nos films, à la transmission de nos histoires, nous luttons contre l’oubli.», a-t-elle témoigné dans son mot transmis par vidéoconférence.
Par ailleurs, le Prix de la mise en scène est revenu à la réalisatrice et scénariste franco-sénégalaise Ramata-Toulaye Sy pour son film «Banel&Adama». «C’est un moment important pour nous en tant que sénégalais. Je salue l’Afrique et le Sénégal. Et je voulais dédier ce prix à l’Afrique. N’oubliez pas que nous sommes le futur», s’est elle exprimée. Pour ce qui est du Prix d’interprétation féminine, il a été décerné à Asja ZaraLagumdzija pour son rôle dans le film «Excursion» de la réalisatrice Una Gunjak(Bosnie). «C’est une belle expérience. C’est un tournant dans ma vie», a confié la jeune actrice, émue sur scène. En outre, le Prix d’interprétation masculine a été remis au jeune acteur turc Doga Karakas pour son rôle dans «Dormitory» du réalisateur Nehir Tuna (Turquie). « Je ne m’attendais pas à ce prix. Je suis ému. Merci au festival de Marrakech», a-t-il exprimé.
Une conjoncture difficile, un pari réussi
Durant les neuf jours du festival, les publics ont assisté aux projections et aux échanges ayant meublé la programmation de la 20e édition du FIFM. Au total, ce ne sont pas moins de 21.000 personnes qui se sont gratuitement accréditées et ont obtenu leur badge électronique. Par ailleurs, près de 8000 élèves, enfants et adolescents, de la région ont assisté aux projections «Jeune public» dont 750 enfants issus de la région d’Al Haouz touchés par le séisme. «La 20e édition du Festival international de Marrakech aura donc tenu toutes ses promesses, malgré une conjoncture difficile. Une édition plus que jamais centrée sur le cinéma comme langage universel pour éveiller les consciences et rapprocher les peuples.», ont souligné les organisateurs.
Le cinéma avant toute chose…
La 20e édition du FIFM a été marquée par deux hommages émouvants rendus au talentueux acteur danois Mads Mikkelsen et au cinéaste marocain Faouzi Bensaïdi, a connu également la participation des grands noms du cinéma mondial dans le cadre de la rubrique « In Conversation With ». De grandes signatures telles que l’acteur et réalisateur australien Simon Baker, le réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi, le réalisateur français Bertrand Bonello, l’acteur américain Willem Dafoe, le cinéaste et producteur indien Anurag Kashyap, la réalisatrice japonaise Naomi Kawase, l’acteur danois Mads Mikkelsen, l’acteur et réalisateur américano – danois Viggo Mortensen, l’actrice écossaise Tilda Swinton, et le réalisateur et scénariste russe AndreïZvyagintsev, ont échangé avec le public et les festivaliers. Le cinéma était au rendez-vous. Ce n’est pas moins de 75 films en provenance de 36 pays répartis sur plusieurs sections qui ont été projetés pour le grand plaisir des festivaliers.
La jeunesse, la relève de demain…
Une aubaine. Il faut dire que les trois films réalisés par de jeunes réalisateurs primés à avoir «La mère de tous les mensonges» d’Asmae El Moudir, «Les Meutes» de Kamal Lazraq et «Bye Bye Tibériade» de Lina Soualem sont issus de plateforme «Ateliers de l’Atlas». Créé en 2018, le programme industrie du Festival a accompagné 136 projets et films, dont 57 projets et films marocains, ont révélé les organisateurs.