Autodétermination et idées éculées

Sahara marocain 

Mohamed Khalil

Le conflit autour du Sahara marocain dure depuis plus d’un siècle, sans qu’une solution juste ne vienne conforter, définitivement et irrémédiablement, le droit du Maroc.

Et ce malgré les preuves historiques qui démontrent la marocanité des territoires sahariens lorgnés par le pouvoir des généraux installé en Algérie depuis son indépendance en 1961, et dont l’attitude de refus se voit confortée par la posture ambigüe et ambivalente des anciennes puissances coloniales.

Aussi, dans le but de mieux comprendre cet enlisement, il y a lieu, sans reprendre le lien ancestral des deux provinces sahariennes avec le Royaume du Maroc, de retracer le contexte international dans lequel la question du Sahara avait été portée devant l’ONU.

  Le Maroc, qui a arraché son indépendance en 1956 a vu une grande partie de son territoire amputée par Madrid (retour de Sidi Ifni à la mère patrie en 1958, de Tarfaya en 1959 alors que le « Sahara occidental » est resté sous domination espagnole jusqu’en 1975.

Il est vrai que le pouvoir central au Maroc avait, durant certaines périodes négligé la question du recouvrement de tous ses territoires. Mais il faudra dire que les autorités marocaines, sous la pression du mouvement nationaliste et progressiste, avaient saisi l’ONU sur cette question au début de la décennie 1960.

Deux poids-deux mesures

La conjoncture s’y prêtait fortement puisque, en ce moment, l’Assemblée générale de l’ONU, sous l’impulsion de l’ex-Union Soviétique avait adopté la résolution 1514 (14 décembre 1960) . Cette résolution, adoptée bien avant l’indépendance de l’Algérie, était présentée sous forme de « Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux » 

L’URSS retirera son projet au profit de celui présenté par le Cambodge au nom de26 pays d’Asie et d’Afrique, qui recueillera 89 voix contre 0, et 9 abstentions, dont les représentaient les puissances coloniales (France, Grande Bretagne, Portugal, Etats Unis d’Amérique, Pays Bas, Belgique,…).

Mais c’est plus particulièrement à la fin des années soixante que l’Algérie, par le biais du colonel Boumediene, porte voix associée de Nasser puis de Kadhafi, s’autoproclamera comme la Mecque de la révolution anti-impérialiste dans la région. Surtout après la guerre des sables (1963) qui marquera ses généraux face à une défaite cuisante.

Les ex-pays socialistes tablaient énormément sur ces trois dirigeants pour créer, en Afrique du nord et au Moyen Orient, une zone satellite anti occidentale, plus particulièrement les pays libérés du colonialisme.

Cette tendance, combinée avec la mentalité coloniale qui avait prévalu au début de la décennie 60 du siècle dernier, avait compliqué la position du Maroc. Le « nouveau monde », malgré sa défense des idées de progrès et d’émancipation présentait des idées contradictoires selon lesquelles l’autodétermination n’a de sens que si elle contribue à l’avancée du mouvement anti-impérialiste et progressiste mondial.

Le Maroc paiera le prix de ces deux poids-deux mesures et bien des partis politiques ouvriers avaient épousé aveuglément, malheureusement, ces thèses qui, dans le cas du Maroc, s’inscrivent en faux contre les aspirations du peuple marocain à sa liberté et souveraineté.

Il sera défavorisé et combattu par son positionnement pro occidental et ses « amis politiques » aussi puissants que l’étaient les USA  et la France n’ont pas aidé le Maroc à recouvrer ses territoires spoliés par les puissances coloniales françaises et espagnoles. La carte de l’Algérie « progressiste » ou pays énergétique au business prometteur avait pris le dessus dans beaucoup de choix au point de laisser pourrir la situation et, du même coup, faire rater au Maghreb l’opportunité de rester uni et fort, politiquement et économiquement.

La France, elle, liait son soutien au Maroc à la poursuite de la sauvegarde de ses intérêts économiques dans notre pays. Or avec l’Espagne, en tant qu’anciens pays colonisateurs, auraient pu jouer un rôle déterminant pour débloquer la situation en confirmant la marocanité des provinces de Oued Eddahab et de la Saquia al Hamra…

Plus grave encore, les deux puissances coloniales ont instrumenté ou fermé les yeux sur des associations lucratives créées par Alger afin de contrecarrer la récupération par le Maroc de ses provinces que l’on veut spolier. 

Ces nuisances avaient atteint leur paroxysme dans les dernières décennies du siècle dernier, en profitant de la géostratégie des grandes puissances et certains « amis du Sahara »… les généraux font de la question du Sahara marocain un cheval de bataille contre Rabat dans tous les fora internationaux y compris ceux non politiques…

Plus grave encore est le sort réservé aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf que le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) ne peut ni visiter ni les libérer du joug de l’oppression de la sécurité militaire algérienne et des sbires des mercenaires du « polisario ».

Et puis, tous les moyens sont bons pour dénigrer, caricaturer le Maroc et le présenter comme un pays colonisateur et imbu de visées hégémonistes. C’est-à-dire tout l’inverse de ce qu’il est et tout exactement ce que l’est l’Algérie des généraux…

Cette hystérie politique, fortement appuyée par des relais médiatiques et associatifs étrangers, traduit l’absence de volonté politique occidentale pour y mettre fin et instaurer la paix et le bon voisinage dans cette région du monde.

Demain :

Que reste-il du « polisario » créé par Kadhafi et Boumediene ?

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