Autriche: Sebastian Kurz, un jeune homme pressé d’accéder à la chancellerie

A Trente ans à peine -oit neuf ans de moins que le nouveau président français- Sebastian Kurz, l’actuel ministre autrichien des Affaires Etrangères qui, le 14 Mai dernier, était parvenu à prendre  la direction du Parti populaire (ÖVP, chrétien conservateur) ambitionne, désormais, de devenir le plus jeune chef d’Etat.

Dès sa nomination, ce dernier avait annoncé que son parti entendait faire tomber le gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates et provoquer la tenue d’élections anticipées. Profitant du fait qu’un sondage publié par le quotidien libéral «Der Standard», avait annoncé que les autrichiens le préfèreraient à Christian Kern, l’actuel chef de gouvernement et même à Heinz-Christian Strache, le chef du parti d’extrême-droite FPÖ, (parti autrichien de la liberté), Sebastian Kurz a clairement affiché son souhait de ne point attendre la prochaine échéance électorale prévue en 2018 et ce, d’autant plus, que, selon Patrick Moreau, chercheur au CNRS,  il est parvenu à «casser le système … (et)… à faire un parti à sa mesure» qui, par le fait même qu’il ne présente aucune offre idéologique précise, «reste très mobile pour dépasser les clivages traditionnels».

Nommé Secrétaire d’Etat à l’Intégration à l’âge précoce de 24 ans, il est devenu, après six années au gouvernement, l’une des personnalités les plus populaires du paysage politique autrichien. Par ailleurs, sur le plan international, il reste le seul ministre des affaires étrangères d’un pays de l’Union Européenne à vouloir mettre un terme aux négociations relatives à l’adhésion de la Turquie à l’Europe et à ne point craindre de s’attirer ainsi les foudres d’Ankara. Mais,  en étant l’un des plus fidèles soutiens du premier ministre hongrois Viktor Orban qui conteste la politique d’immigration préconisée par l’UE et en ayant montré, en 2016, ses capacités d’habile négociateur lorsque avec l’aide des pays des Balkans, il était parvenu à fermer aux migrants la frontière entre la Macédoine et la Grèce,  le jeune viennois s’était érigé en un grand homme politique avec lequel il faut compter notamment lorsqu’en agissant ainsi, il avait osé  tenir tête, malgré son très jeune âge, à Angela Markel, la chancelière d’une des plus grandes puissances de l’Europe et du monde.

Ainsi, il semble permis de reconnaître qu’avec un tel talent, Sebastian Kurz est, actuellement, le seul dirigeant autrichien apte à prendre le gouvernail et à arracher à la gauche une chancellerie qu’elle occupe depuis 2007.

Nabil El Bousaadi

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