AVC : Une urgence médicale absolue

Abdenbi Kamar, neurologue

Propos recueillis par Ouardirhi Abdelaziz

La Journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral est célébrée le 29 octobre de chaque année. C’est l’occasion idoine pour  l’OMS et la World Stroke Organization de rappeler si besoin est que toutes les deux secondes, une personne quelque part dans le monde subit un AVC et que toutes les cinq secondes, quelqu’un en meurt.

Au Maroc, l’AVC est responsable de plusieurs milliers d’hospitalisations chaque année. Son incidence estimée serait de 300/100.000 habitants. Avec le Abdenbi Kamar, neurologue, nous faisons le point pour nos lecteurs sur cette pathologie pour mieux en comprendre les différentes facettes, afin que chacun puisse adopter des attitudes préventives face à une maladie en constante progression.

Qu’est-ce que l’accident vasculaire cérébral ?

L’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) est une attaque subite qui survient lorsque la circulation sanguine vers, ou dans, le cerveau est interrompue suite à une obstruction ou à la rupture  d’un vaisseau sanguin qui transporte le sang au cerveau, entraînant ainsi un manque subit d’apport d’oxygène et du glucose. On distingue deux types d’accidents vasculaires cérébraux,  les AVC ischémiques qui sont les plus fréquents et les AVC hémorragiques.

Quelle est la différence entre ces deux AVC ?

L’Accident vasculaire cérébral ischémique (80 à 85 % des cas) est le plus souvent causé par un caillot de sang qui bouche une artère cérébrale. Le sang ne peut alors plus passer et en conséquence, il n’apporte plus d’oxygène. Toutes les cellules que l’artère alimentait meurent donc par manque d’oxygène. De ce fait, il est très important de déceler au plus vite un AVC afin que la zone touchée soit débouchée au plus vite, pour que les séquelles soient réduites.

Les  accidents vasculaires hémorragiques (15 % des cas) regroupent les hémorragies intracérébrales (environ 15% des AVC) et les hémorragies cérébro-méningées (environ 5% des AVC). Ils résultent de la rupture d’une malformation vasculaire ou d’une petite artère, favorisée par l’hypertension artérielle.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Les signes qui doivent alerter sont une hémiplégie droite ou gauche (paralysie d’un côté du corps), des troubles du langage, des fourmillements ou des picotements d’un côté du corps, du visage ou d’un seul membre, une paralysie faciale, un flou visuel, des vertiges avec démarche ébrieuse (la personne ne marche pas droit), une douleur très intense et de façon subite à la tête.

Ces signes peuvent apparaître à tout moment, même la nuit. N’hésitez pas à vous rendre immédiatement dans une structure hospitalière publique ou privée, même si ces signes qui sont apparus subitement peuvent disparaître dans les minutes ou les heures qui suivent.

Il s’agit alors de signaux d’alerte qui doivent être pris au sérieux. Vous devez contacter rapidement votre médecin, il ne faut pas reporter à demain ce que vous pouvez faire tout de suite.

Quels sont les facteurs de risque ?

Comme l’a montré l’étude internationale Interstroke, 10 facteurs de risques modifiables contribuent à la survenue de 90 % des AVC. Il s’agit de l’hypertension artérielle, du tabagisme, d’un rapport taille-tour de hanche élevé, de la sédentarité, d’une alimentation défavorable à la santé, du cholestérol, des facteurs psychosociaux (stress, dépression, événements de la vie), des causes cardiaques, la consommation excessive de l’alcool.

Qui sont les personnes les plus concernées par L’AVC ?

Contrairement aux idées fausses, l’accident vasculaire cérébral, ne touche pas uniquement les personnes âgées. 25% des AVC interviennent chez les moins de 65 ans. Et donc cet accident ou cette attaque subite, peut survenir à tout âge chez l’adulte. En raison du risque de dommages irréversibles sur le cerveau, ce qui demeure prioritaire, c’est d’agir très vite, car  il s’agit d’une urgence médicale absolue qui nécessite une prise en charge immédiate.

Peut-on prévenir un AVC ?

Absolument, il est scientifiquement démontré que la prévention est possible, elle est même prioritaire. A ce sujet, je voudrai vous entretenir sur une vaste étude internationale (Interstroke) qui a été menée dans des pays riches comme dans les pays pauvres. Et les résultats obtenus, ont clairement mis en évidence dix facteurs significativement associés au risque d’AVC.

Parmi ces facteurs on trouve l’hypertension artérielle (HTA), le tabagisme actif, l’obésité abdominale, le régime alimentaire, l’activité physique, le diabète, la consommation d’alcool, le stress psycho-social et la dépression, les causes cardiaques.

Aujourd’hui, grâce aux récentes découvertes, aux connaissances auxquelles la science est parvenue, on peut prévenir les AVC.

En effet, grâce à des interventions ciblées visant une réduction des pressions artérielles, du tabagisme et en promouvant l’activité physique et une alimentation saine et équilibrée, loin du stress et de la pollution, on est à même de réduire l’impact des accidents vasculaires cérébraux.

Mon conseil, c’est que chacun doit prendre soin de sa santé, contrôler sa tension artérielle au moins deux fois par an, être très observant face au traitement prescrit par le médecin traitant.

Il faut réduire autant que possible son apport en sel, contrôler  son poids, pratiquer régulièrement une activité physique. Eviter le tabac et l’alcool.

Il est très important de contrôler et de prévenir le diabète, en vérifiant régulièrement le taux de sucre dans le sang (glycémie). Même chose pour le cholestérol qu’il faut contrôler grâce à une prise de sang. Il faut adopter une alimentation saine.

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