Création de la Fondation progressiste pour l’Economie sociale et solidaire
Plaidant pour davantage d’engagement du Parti du progrès et du socialisme dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, le secrétaire général du PPS, Mohamed Nabil Benabdallah a indiqué que les nobles objectifs des actions menées dans ce domaine correspondent parfaitement à ceux du projet de société qui distingue le PPS.
Intervenant lors d’un atelier sur «le PPS et l’économie sociale et solidaire», organisé, mercredi soir à Rabat, par le Bureau politique, Benabdallah a souligné que le Parti du progrès et du socialisme est appelé à être porteur des nobles objectifs poursuivis dans le cadre du secteur de l’économie sociale et solidaire, à les soutenir, à les défendre et à les promouvoir.
Il a en outre déploré le fait que le débat en cours sur la scène politique ne porte que sur la participation ou non au gouvernement et nullement sur le projet de société auquel le peuple aspire. Personne ne soulève non plus la question de savoir pourquoi la pensée de la gauche progressiste et socialiste a régressé devant la poussée néolibérale dont les conséquences sur le niveau de vie des larges couches de la population sont désastreuses, a-t-il rappelé, soulignant la nécessité pour le PPS d’être porteur des nobles objectifs de toutes les initiatives prises dans le cadre de l’économie sociale et solidaire pour renforcer davantage cette orientation et en promouvoir les projets.
Il s’agit donc pour le parti de d’approfondir la réflexion sur les réalisations du secteur dans le pays, les limites de la politique poursuivie dans le domaine et de proposer des alternatives à même d’en faire un secteur plus fort, a-t-il relevé.
Après avoir fait de l’éco-socialisme une des composantes majeures de son programmes d’action, le parti se doit donc de se donner les moyens d’intervenir dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, à travers la création de la Fondation progressiste pour l’économie sociale et solidaire, a proposé pour sa part, Abdelahed Fassi Fihri, membre du Bureau politique du PPS.
Selon Abdelahed Fassi, l’économie sociale et solidaire n’est pas l’économie des pauvres, mais plutôt un secteur à part entière complémentaire du secteur public et privé, créateur de postes d’emploi, de valeurs et qui s’appuie sur une série de valeurs (démocratie, solidarité, entraide, partage, etc…), constituant ainsi un modèle de développement exemplaire à suivre.
Pour lui, le secteur est donc intimement lié au projet porté par les démocrates, en particulier de par les méthodes de gestion qui y sont poursuivies. C’est d‘ailleurs pourquoi, tout projet, imposé d’en haut dans ce domaine, a de faibles chances de réussir.
Abdelahed Fassi a rappelé dans le même ordre d’idées que le PPS a toujours porté et défendu les idéaux du secteur tout en soulevant de nombreuses interrogations sur la capacité des différentes initiatives prises par les pouvoirs publics de mobiliser toutes les ressources nationales en particulier au niveau local comme c’est le cas dans le cadre du Plan Maroc Vert, a-t-il expliqué, appelant le Maroc à se doter des moyens de promouvoir ce secteur en pleine expansion partout dans le monde.
Tout en approfondissant la réflexion sur le moyen de rénover ses moyens de travail et de mobilisation, le parti se doit de définir les méthodes d’impliquer ses militants dans un secteur aussi prometteur que celui de l’économie sociale et solidaire non pas pour en tirer un profit partisan, mais pour gagner davantage la confiance des citoyens, tout en encourageant le réseautage des initiatives. Pour mieux servir le secteur, il est recommandé au parti de créer la Fondation progressiste pour l’économie sociale et solidaire, a-t-il conclu.
Ouvrant les travaux de cette rencontre, Abderrahim Bensar, membre du Bureau politique du Parti du progrès et du socialisme, qui présidait les travaux de cet atelier, avait indiqué que cette journée de réflexion est organisée par le Bureau politique en partenariat avec le Réseau marocain de l’économie sociale et solidaire (REMESS) dans le cadre de la préparation de la 8-ème session du Comité central, prévue les 4 et 5 février. Il s’agit pour le parti d’approfondir la réflexion sur l’économie sociale et solidaire, un secteur très prometteur, créateur d’emplois et de richesse et capable de donner le moyen de sortir de la pauvreté et de la précarité, a-t-il dit.
Dans le cadre du renforcement de son organisation et de ses méthodes de travail de proximité, le parti aspire en effet à devenir un acteur influent dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, a-t-il dit.
ABDELJALIL CHERKAOUI
Prenant la parole, le chercheur Abdeljalil Cherkaoui, acteur associatif dans le cadre du Réseau national de l’économie sociale et solidaire, a d’emblée affirmé que les valeurs de solidarité et d’entraide qui distinguent le secteur font partie des composantes culturelles de la société marocaine comme ce fut le cas dans l’artisanat ou l’agriculture.
Théoriquement parlant, il s’agit d’un secteur complémentaire de l’économie publique et privée, dont les actions se fondent sur un certain nombre de principes (transparence, partage, partenariat, engagement, reddition des comptes) et de valeurs (solidarité, dignité, justice sociale, égalité, démocratie) et qui touchent pratiquement à tous les secteurs faisant de lui un secteur transversal, qu’il est difficile de confier à un seul département ministériel.
Le secteur comprend des acteurs institutionnels et des organisations de la société civile (coopératives, mutuelles, associations).
De par ses principes, le secteur place donc l’homme au centre de ses préoccupations, encourage la liberté d’initiative, la solidarité et l’entraide, la propriété collective, la contractualisation équitable et juste, maitrise l’action des intermédiaires en particulier et promeut la liberté de création et de gestion.
Le champ d’action du secteur s’étend à toutes les activités des secteurs de production, des finances et de services comme il s’étend sur l’ensemble du territoire national, tout en accordant un intérêt particulier au développement local et régional dans le but d’impliquer les représentants des habitants. Il vise aussi au développement de la coopération sud-sud et appelle surtout à la mobilisation des propres ressources des différents partenaires locaux et continentaux.
Le secteur se veut aussi une économie circulaire et une économie de partage au service de l’environnement, a-t-il dit, déplorant le fait que le secteur est encore handicapé dans les pays du sud par le manque de vision et de visibilité, la multitude des notions et définitions, l’absence des programmes et alternatives et surtout des fonds de financement.
Pr HAJIB El KASMI
Pour sa part, Pr Hajib El Kasmi, acteur et vice président du REMRESS a présenté une intervention intitulée « panorama de l’économie sociale et solidaire », complétant celle du précédent expert. Il a rappelé que les pouvoirs publics ont orienté leurs efforts depuis les années les années 90 vers l’amélioration des conditions de vie des citoyens, efforts qui ont été sanctionnés par le lancement de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) et divers plans sectoriels (plan Maroc Vert, Plan Halieutis, Vision 2015 concernant l’artisanat et d’autres secteurs comme le tourisme).
Dans leurs discours, les initiateurs insistaient sur leur volonté de promouvoir une économie inclusive et de donner aux citoyens la possibilité de sortir de la pauvreté et de la précarité en s’appropriant les moyens économiques d’améliorer leurs conditions de vie.
Selon Pr El Kasmi, ce sont surtout les pays développés qui se sont rendu compte des bienfaits d’un tel secteur, qu’ils ont développé pour lui permettre de jouer un rôle important et représenter une part non négligeable dans le produit intérieur brut, comme c’est le cas au Canada, en France, en Belgique ou en Espagne où la part du secteur représente entre 9 et 11 pc dans le PIB contre 1,5 pc au Maroc et moins de 1 pc dans les autres pays africains.
Pour accompagner le secteur, le Maroc a adopté en 2011 une stratégie nationale dont la mise en œuvre est confiée à des organismes publics come l’Office de développement de la coopération (ODCO) et l’Agence nationale de développement social (ADS) et à d’autres institutions publiques. Cette stratégie s’est fixée notamment comme objectif la valorisation et la promotion du produit des coopératives à travers la facilitation de l’accès au marché et de développer l’action associative.
Pour le soutien du secteur, il a recommandé une plus grande implication des acteurs politiques à tous les niveaux pour créer un climat plus propice au développement du secteur.
ZINEB BENRAHMOUNE IDRISSI
Pour sa part, Pr Zineb Benrahmoune Idrissi, enseignante chercheur à l’école nationale forestière des ingénieurs, a présenté une expérience inédite en permaculture ayant comme objectif majeur de « cultiver dans la durabilité ». Cette ancienne militante de l’association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a lancé il y a plus de 18 ans un projet agricole sur une superficie de 2,5 Ha non loin de Rabat, qui fait actuellement vivre plusieurs familles et qui a été à l’origine de diverses autres initiatives de formation et autres essentiellement dans le monde rural.
Lancé sur une terre aride et presque inexploitable, son projet vise notamment la régénération des sols, leur fertilisation et leur exploitation à travers la plantation d’arbres fruitiers et autres, d’arbustes et des cultures maraichères et de légumes, a-t-elle dit, ajoutant que les acteurs du projet ont amélioré leurs revenus à travers la vente des paniers de légumes « nature » à des connaisseurs en ville.
Par la suite, les participants ont suivi la projection d’un film réalisé à l’occasion de la COP22 intitulé «Maroc : la planète vous dit Choukrane» qui revient notamment sur les initiatives les plus audacieuses significatives dans ce domaine au Maroc dont le projet de Zineb Benrahmoune Idrissi.
Cette rencontre a été enrichie par un débat serein et très instructif, animé par les participants à cet atelier.
M’Barek Tafsi