Les commerçants de Casablanca sont en colère. Ils viennent de le faire savoir en organisant, jeudi, un mouvement de protestation au vieux marché de Derb Omar dans la préfecture des arrondissements de Casablanca-Anfa.
En effet, la place de la Victoire était, durant cette journée, le théâtre de protestations de ces marchands et des transporteurs qui scandaient des slogans dénonçant ce qu’ils appelaient des «campagnes sélectives et orientées des services de la douane et des autres autorités compétentes», en effectuant des descentes dans leurs entrepôts de stockage et dans leurs usines de fabrication locale. Des sources concordantes ont affirmé que l’entrée en vigueur, sans campagne de sensibilisation préalable, de la facture électronique serait à l’origine du problème.
Ces factures électroniques, qui devaient remplacer les «bons» rédigés à la main et cachetés par la société, seraient entrées en vigueur le 1er janvier 2019. Du coup, les services compétents procédaient la saisie de toutes les marchandises livrées et transportées sans nouvelles formules de comptabilité et de commercialisation.
Ce que pointent du doigt les locataires des kissariats de Derb Omar et leurs transporteurs, faisant savoir que le faible niveau d’instruction de la majorité des commerçants ne leur permet pas d’être à jour sur ce registre, en plus du manque de matériels informatiques, demandant au gouvernement de leur accorder du temps pour s’y adapter. Et de manifester leur bonne volonté d’adhérer au processus de «modernisation» et de lutte contre la contrebande. En ce qui concerne ce dernier phénomène qui asphyxie d’ailleurs l’économie nationale, les protestataires de Derb Omar plaident non coupables, tout en dénonçant les dysfonctionnements qui entachent les opérations de contrôle qui n’attaquent pas le mal à la racine.
Bien plus, ils accusent des lobbies de marques qui seraient à l’origine des pressions qu’ils subissent au nom de la modernisation des circuits comptables et de commercialisation des marchandises. Quoi qu’il en soit, force est de constater que les choses sont très complexes au niveau de ce vieux marché de Derb Omar et dans d’autres zones de Casablanca, Lokréâ, Derb Ghallef, Derb Soltane. Des circuits commerciaux traditionnels mais «efficaces» y sont bien installés et fonctionnent à merveille.
Ces circuits s’apparentent à l’économie réelle adaptée à la culture des commerçants de la zone. Les facteurs de «confiance», de «solvabilité», de «principes» constituent les valeurs qui l’emportent sur les processus de modernisation et qui rapportent aux locataires de la zone. Chambouler cette matrice, sans sensibilisation et sans accompagnement, leur provoquerait d’innombrables dégâts, laisse entendre ce mouvement de colère.
B.Amenzou
