Coût

Il semble que le coût de la dégradation de l’environnement a baissé dans notre pays. La première «Evaluation du coût de la dégradation de l’environnement au Maroc» a été menée, à la demande du gouvernement marocain,  par la Banque Mondiale pour l’année 2000. Ce coût fût estimé alors à 3,7% du PIB. Selon la même institution, l’actualisation de l’étude pour 2014 aboutit à une estimation de 3,52% du PIB soit 32,5 milliards de dirhams. Pour mémoire, la Stratégie Nationale pour la Protection de l’Environnement et le Développement Durable évaluait la dégradation de l’environnement à 8,2% du PIB en 1992.

Avec la même chef de projet et la même méthodologie, les deux études menées par la Banque Mondiale restent assujetties à des limitations en relation avec la disponibilité de l’information.  C’est pour cela qu’il est indiqué   «que les résultats finaux expriment des ordres de grandeur, qui sont souvent sujets à des sous-estimations».

En fonction de l’importance de leur impact sur l’environnement de la société marocaine, interviennent la dégradation de l’eau, la pollution de l’air, celles des sols, les déchets, l’impact sur le littoral puis celui sur les forêts. Les dommages subis par le littoral semblent reculer de 2000 à 2014 alors que les sols sont plus impactés pendant la même période. Les forêts, distinguées des sols en 2014, et malgré les pressions qu’elles subissent, participent très faiblement à la facture de la dégradation de l’environnement.

Il est certain que les conclusions de l’étude de la Banque Mondiale soulèveront des interpellations sur la réalité des dégradations apportées à telle catégorie environnementale ou telle autre. La réponse se situe au niveau des principaux impacts pris en considération par l’étude. Pour se limiter à l’interface littorale, seules la surpêche et la perte récréative des plages sont prises en considération alors que d’autres impacts pouvaient sûrement pondérer à sa juste valeur la dégradation des littoraux.  Enfin, à l’échelle nationale, les émissions en gaz carbonique semblent augmenter tout en restant un peu moins importants que celles de la région et sans que pour cela elles affectent l’effet de serre conséquent.

Ainsi en plus du questionnement sur la réalité de l’évolution en baisse de la dégradation de l’environnement, il est légitime de s’interroger sur les indicateurs qui reflètent les problématiques environnementales du Maroc. Ne serait-il pas opportun de se mettre d’accord sur un certain nombre de données dont le suivi annuel pourrait dégager une appréciation plus précise et plus consensuelle de l’état de l’environnement et de ses variations entre la stabilité, l’amélioration ou la dégradation ? Cela ne diminue en rien l’information apportée par les études de la Banque Mondiale qui est basée «sur des consultations avec des représentants des ministères concernés, des publications officielles et des articles scientifiques».

Cela permettra l’établissement d’une sorte de comptabilité nationale concernant l’environnement et sa protection. De 1992 à 2014, cela constitue un nombre d’années suffisant pour améliorer l’approche nationale concernant l’évaluation environnementale et son impact sur l’économie nationale. Des indicateurs sur l’état de l’environnement à l’empreinte écologique permettraient une évaluation des actions et des politiques publiques ainsi que celles de la société dans l’ensemble de ses activités et la responsabilité des «forces productives» dans la préservation de la nature.

Ces éléments ne constituent pas seulement des instruments académiques pour l’économie de l’environnement mais aussi une appréciation de l’égale répartition des bénéfices de la croissance et de l‘amélioration des conditions de vie de la population. L’accès à l’éducation, à la santé, à l’eau, à l’assainissement, à l’électricité, à l’hygiène et à la salubrité détermine dans une large mesure les conditions de développement futur des Marocaines et des Marocains là où ils (elles) se trouvent; de la montagne aux plaines, du désert aux oasis, loin ou proche de la mer. Aux bénéfices de la croissance s’ajoutent le sentiment de fierté d’appartenance nationale   et la pratique démocratique qui rendent chaque individu responsable dans son comportement vis à vis de la société et de l’environnement qui le supporte.

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