Dattes : les ambitions du Maroc

Les ambitions marocaines sur la filière des dattes sont importantes. Troisième producteur de dattes au Maghreb et septième au niveau mondial, le Maroc doit mettre les bouchées doubles pour atteindre cet objectif de 7 milliards de DH DE chiffre d’affaires annuel à l’horizon 2020 car, pour le moment, la filière dattière est à quelque 3 milliards de DH par an.

Pour atteindre cet objectif ambitieux, leMaroc a adopté, il y’ a 6 ans, un contrat-programme relatif au développement de la filière des dattes et ce, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert. Le Gouvernement et la profession, représentée par la Fédération Nationale des Producteurs de Dattes (FENAPROD) et la Fédération Interprofessionnelle Marocaine des Dattes (FIMADATTES) se sont engagés, ainsi, à rendre effectif ce contrat-programme à l’horizon 2020. Contrat lequel porte commeobjectif la réhabilitation et la reconstitution des palmeraies existantes sur une superficie globale de 48.000 ha, la création de nouvelles plantations, à l’extérieur des palmeraies, sur une superficie de 17.000 ha. Aussi, la filière devrait connaitre  la réalisation d’une production en dattes de 160.000 tonnes en 2020 contre 90.000 T en 2009 et le renforcement des disponibilités nationales de vitroplants  en portant la capacité annuelle  moyenne de production à 300.000 vitroplants entre 2010 et 2020 contre 60.000 durant le quinquennat 2005-2009. De même, ce contrat repose sur la valorisation d’un tonnage global de 110.000 tonnes, soit près de 70% de la production attendue à l’horizon 2020, dont 70.000 tonnes en dattes fraîches conditionnées, 20.000 tonnes en produits transformés et 20.000 tonnes en aliments de bétail. Le développement des exportations des dattes de qualités supérieures est également prévu pour atteindre 5.000 tonnes en 2020 contre des quantités négligeables réalisées jusqu’en 2009. La concrétisation de ce programme nécessitera la mobilisation, entre 2010 et 2020, d’investissements avoisinant 7,7 Milliards de DH dont près de 5 milliards de DH par l’Etat.

Une Agence dédiée

Pour superviser cette stratégie, le gouvernement a mis en place, il y a quelques années, l’Agence nationale des zones oasiennes et de l’Arganier(ANDZOA). Créée en 2013, cette agence est chargée d’élaborer, en coordination avec les autorités gouvernementales, les corps des élus et les organismes concernés, un programme global de développement des zones de son intervention, d’assurer son exécution, le suivi de sa réalisation et son évaluation et ce, dans le cadre d’un développement durable aux niveaux économique, social, culturel, environnemental et humain, conformément aux orientations et stratégies décidées. En particulier, l’Agence est amenée à contribuer dans la mise en place du contrat- programme de la filière du palmier dattier qui se basera sur 4 axes : le développement des capacités nationales de production de souches et de vitroplants de palmier dattier,le développement durable de la production et de la qualité selon un modèle intégré  en préservant les ressources naturelles des palmeraies, le développement d’une valorisation forte et pérenne et l’amélioration des conditions cadre de la filière.

Les réalisations sont déjà là !

La mise en place de cette feuille de route a déjà donné ses fruits. En effet, la capacité annuelle de production de souches bourgeonnantes, au niveau des laboratoires de l’INRA à Marrakech et Errachidia, est passée de 10.000 à plus de 200.000 unités.  Aussi, la capacité de production de vitro-plants au niveau de six laboratoires privés a atteint plus de 1.400.000 en 2015, soit plus de 4 fois l’objectif fixé. D’ailleurs, à la fin de l’année 2015, 1 570 000 vitro-plants ont été plantés, soit un taux de réalisation de 57% par rapport à l’objectif fixé à l’horizon 2020. De même, les organes concernés ont pu réhabiliter des khettaras et construire 204 km de canaux,32 seuils de dérivation et ouvrages et 15 bassins de stockage pour l’irrigation des oasis. De plus, de nouveaux outils pour la mécanisation de certaines opérations phoenicicoles ont été introduits pour la pollinisation, le nettoyage et la taille des arbres, la protection des régimes, la récolte et la distribution des caisses en plastique pour le ramassage des dattes récoltées et leur transport vers les unités de stockage frigorifique. Le programme de création de nouvelles exploitations phoenicicoles modernes a été également lancé avec le lancement d’un projet de 260 ha au profit de 53 jeunes ruraux. Ce programme couvrira à terme plus de 5000 ha à l’échelle nationale.

dattesPour un développement d’une valorisation forte et pérenne, 24 unités de stockage frigorifique, de conditionnement et d’emballage des dattes sont achevées ou en cours d’achèvement dont 12 grandes unités de 100 à 400 tonnes et 12 petites unités de moins de 80 tonnes d’une capacité totale de 4080 tonnes. Aussi, 5 grandes unités sont en cours de réalisation d’une capacité de 1200 tonnes, 2 autres unités prises en charge dans le cadre de projet géré par le Ministère de l’Habitat d’une capacité totale de 400 tonnes et 8 autres sont programmées pour une capacité de 1700 tonnes. Notons que le contrat-programme vise une capacité globale à l’horizon 2020 de 30.000 tonnes. Dans le même sillage, les normes des principales variétés des dattes marocaines ont été élaborées pour faciliter leur pénétration dans divers marchés (Mejhoul, Feggous, Jihel, Boussekri, Bouslikhene, Aziza Bouzid, Bousthami, Outokdim, Bouittob).

Des GIE s’ajoutent à l’écosystème

Outre les deux fédérations qui ont été mises en place (la Fédération marocaine des producteurs des dattes «FENAPROD» et la Fédération interprofessionnelle marocaine des dattes «FIMADATTES»), l’organisation professionnelle a été renforcée par la création de 23 Groupements d’intérêt économique (GIE). Chaque GIE est un agrégateur des agriculteurs et un espace de conduite de manière intégrée de toutes les opérations de renforcement des infrastructures de base, d’encadrement et de vulgarisation, et surtout un acteur de valorisation des dattes et un interlocuteur pour la pénétration des marchés. Il couvre 1000 à 2500 ha de palmeraie et y sert comme un pôle de développement solidaire.

250 MDH pour la filière phoenicicole

Cette stratégie des GIE a été appuyée au mois de juillet dernier par un financement de 250 millions de DH pour la revalorisation des zones oasiennes dans l’objectif de développerla filière phoenicicole. Financé conjointement par le gouvernement marocain (100 MDH) et le gouvernement belge (150 MDH), ce projet vise la valorisation des palmiers dattiers dans les oasis, notamment dans les provinces de Figuig, Errachidia, Tinghir, Ouarzazate, Zagora, Tata, Guelmim er Assa-Zag, via l’agrégation des producteurs dans des GIE professionnels ayant la capacité de conquérir le marché avec des produits compétitifs et de qualité.S’étalant sur une durée de 60 mois, ce projet pour but la contribution des petits agriculteurs à la mise en place d’unités opérationnelles de valorisation visant à commercialiser des quantités importantes de dattes pouvant percer des marchés concurrentiels. Ceci passera notamment par l’adoption d’un système administratif efficace au niveau des groupements d’intérêt économique (GIE), la mise en place des principes du développement durable en matière de coordination, d’accompagnement, de soutien et de conseil, et le renforcement de la participation des femmes et des jeunes dans la chaîne de production des dattes.

Kaoutar Khennach

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