Démission de l’émissaire de l’ONU pour la Libye

A un mois de la présidentielle

L’émissaire de l’ONU pour la Libye, le Slovaque Jan Kubis, a démissionné de ses fonctions un mois avant une élection présidentielle cruciale pour ce pays, sans donner mardi aux membres du Conseil de sécurité de raison officielle claire à ce départ soudain.

« M. Kubis a remis sa démission au secrétaire général (Antonio Guterres) qui l’a acceptée avec regret », s’est borné à déclarer le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, lors de son point-presse quotidien, précisant que le chef de l’ONU travaillait à lui trouver un successeur.

Interrogé sur les raisons de cette démission au milieu du gué, à l’approche d’une présidentielle délicate prévue le 24 décembre et censée tourner la page d’une dizaine d’années de guerre en Libye, le porte-parole est resté évasif.
« C’est une question que vous devriez lui poser », a-t-il dit.

« M. Kubis a clairement indiqué qu’il ne claquait pas la porte aujourd’hui », a-t-il précisé, indiquant que l’émissaire ferait ce mercredi, comme prévu initialement, son exposé mensuel de la situation en Libye. La date de son départ effectif n’a pas été arrêtée, a laissé entendre le porte-parole.

Dans la matinée, les 15 membres du Conseil de sécurité avaient été informés de sa remise de lettre de démission. Interrogé, l’ambassadeur russe adjoint aux Nations unies, Dmitry Polyanskiy, a indiqué n’avoir aucune idée de la raison de ce départ. « On essaye d’avoir une explication », a-t-il dit à quelques médias dont l’AFP.
Ex-ministre des Affaires étrangères de Slovaquie et ancien émissaire de l’ONU notamment au Liban entre 2019 et 2021, Jan Kubis, 69 ans, avait pris ses fonctions pour la Libye en janvier dernier.

Depuis une étude stratégique onusienne remise cet été au Conseil de sécurité, réclamant le transfert du poste d’émissaire de Genève — où il avait été installé en 2020 sur demande des Etats-Unis de Donald Trump — vers Tripoli en Libye, il renâclait à poursuivre sa mission, selon plusieurs diplomates.

En septembre, le renouvellement de la mission politique de l’ONU en Libye (Manul), qui aurait dû être prolongée d’un an de manière quasi-automatique, avait tourné au casse-tête à cause de cette question.
« Jan Kubis n’avait pas envie de quitter le confort de la Suisse pour la Libye », indiquait alors à l’AFP un diplomate sous couvert d’anonymat. « On peut le comprendre. Il a été candidat sur une fiche de poste incluant Genève et on change son lieu d’affectation en cours de route », ajoutait un autre diplomate.

L’appuyant, la Russie avait menacé à plusieurs reprises d’utiliser son droit de veto si un changement était décidé lors du renouvellement de la mission. Après trois semaines de bras de fer à rebondissements avec le Royaume-Uni, rédacteur de la résolution sur la prolongation de la mission et de son patron, le Conseil de sécurité s’était résolu à une extension s’achevant le 31 janvier.

A l’époque, les divisions du Conseil avaient affaibli le poids de la communauté internationale face aux acteurs libyens, et le départ désormais acté de l’émissaire de l’ONU ajoute un nouvel élément d’instabilité à une situation libyenne déjà précaire.

En 2020, l’Afrique avait multiplié en vain les pressions pour que le poste d’émissaire revienne à ce continent. En guise de lot de consolation, un Zimbabwéen avait été nommé coordinateur de la mission de l’ONU, basé à Tripoli. Avec le départ de Jan Kubis, les pays africains de l’ONU devraient remonter au créneau pour obtenir le poste.
La démission de l’émissaire onusien du dossier libyen intervient au lendemain de la clôture du dépôt des candidatures à la présidentielle libyenne.

Une centaine de personnalités ont soumis un dossier dont Seif al-Islam Kadhafi, fils de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est et d’une partie du sud libyen, l’influent ex-ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha et le chef du gouvernement intérimaire, Abdelhamid Dbeibah.

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