Points d’achoppement, voire des difficultés certaines, que rencontre la formation d’un gouvernement suite à des élections législatives effectuées il y a déjà un peu plus d’un trimestre et à la décision de Sa Majesté le Roi d’appliquer les dispositions constitutionnelles prévues à cet effet.
La promotion de la démocratie semble peiner dans notre pays. Le paysage politique national, en cours de reformatage, ne semble pas permettre de trancher, dans le respect des institutions, entre les scenarii probables. Le retour aux urnes étant une impossibilité pour différentes raisons, le dilemme se situe alors entre une alliance telle que le gouvernement en gestation puisse être sabordé au moment voulu et une négation effective des résultats du scrutin du 7 octobre en favorisant la « remise des clés », comme il l’appelle lui-même, en tant que chef du gouvernement désigné. C’est dire qu’entre une mise à pied annoncée et l’échec dans sa mission, le choix relève du drame pour M. Benkirane. Dans tous les cas de figure, il n’est pas le seul à se trouver dans la mouise politique.
La classe politique dans toutes ses composantes est affaiblie par cette asthénie et crée autour de sa fébrilité une atmosphère délétère. Les mises en scène des tergiversations en ce qui concerne la formation du gouvernement ne portent ni sur des divergences concernant un programme avec ses objectifs ni sur des modalités d’actions déterminées.
La versatilité et l’inconstance des girouettes politiques, leur perte d’autonomie, l’expression de leur sectarisme et de leur volonté hégémonique, l’ambition aveugle et égoïste qui les animent font qu’ils se mettent au service de leur tutelle et non au service de la consolidation du processus démocratique tel que légitimée par le résultat des urnes. Opportunistes ils étaient, opportunistes ils resteront et c’est à ce titre que leur tutelle les manipule ; détachés de l’intérêt du pays et de sa population qu’ils sont. Que l’on souhaite la réussite au processus d’inversion alors que l’effort du chef du gouvernement pressenti à constituer son équipe exécutive est mis entre les mains du Très Haut décline clairement le positionnement du proclamateur sollicité à cet effet.
Le pays s’oriente-t-il alors d’une «démocratie d’équilibre» vers une «démocratie dirigée» qui semblerait mieux convenir à notre société clair-obscur où, il y a peu encore et au grand jour, un dromadaire a été immolé, sauvagement à la hache avant qu’il ne soit dévoré cru, dans un sanctuaire proche de Marrakech ; ville où s’est tenue dernièrement en grande pompe la Conférence des Parties dans sa 22e édition pour relever, sous le patronage des Nations Unies, les défis du changement climatique!
Cette controverse est aussi vieille que l’indépendance du Royaume du Maroc. Elle a marqué la plus grande partie de notre histoire récente sans aboutir à l’émergence et à la modernité comme ce fût le cas en d’autres contrées. Elle semblait avoir été résolue par l’alternance consensuelle, les travaux de l’Instance équité et Réconciliation et le Rapport du Cinquantenaire. Les avancées réelles du Maroc confirmaient la volonté de son peuple de consolider le processus démocratique et de l’élargir pour la stabilité de ses institutions et son bien-être. Il est clair toutefois que «l’effet boule-de neige» par lequel «la démocratisation appelle la démocratisation» n’a pu se concrétiser.
L’analyse objective, loin de tout opportunisme et de toute dérive, intime aux acteurs politiques de surmonter les difficultés conjoncturelles en adoptant une démarche claire, précise et courageuse, afin d’éviter que la politique ne se transforme en commerce dans des positionnements stériles, loin de toute éthique et patriotisme. Le doute ne peut être permis quand on avance !