Du «jeu» …et des enjeux

clubs, vers la fin de cette année, voilà des agissements qui font parler du pays et de ses décideurs en matière de sports, renvoyant un tableau noir sur l’état des lieux. Alors que le Onze national trébuche depuis des années et demeure absent pour la quatrième fois d’affilée à la fête mondiale du football, ces manœuvres de corruption, au cas où elles s’avèrent, complètent le reste. Alors que l’affaire de l’entraineur le plus coûteux n’est pas encore oubliée, voilà des pratiques qui s’enchaînent pour que les débats autour du ballon rond restent toujours «hors-jeu».
Vers la fin de la saison écoulée, une affaire éclata juste après le math barrage ayant opposé l’équipe de Beni Mella (RBM) et celle de Kenitra (CAK). L’affaire laissait entendre que des magouilles auraient eu lieu pour que le résultat de ladite rencontre, qui était décisive pour les deux équipes, tourne en faveur des joueurs de Kenitra. Cette affaire est encore devant la justice. Au moment où cette dernière affaire est encore sur toutes les lèvres, un joueur «professionnel» des «Verts» tire à boulets rouges sur les décideurs de son équipe, accusant au passage l’entraîneur et autres responsables de non professionnalisme et d’agissements peu orthodoxes. L’affaire serait grave au cas où les propos de l’accusateur seraient confirmés, comme l’a souligné le ministre de tutelle, Mohamed Ouzzine. Selon des sources concordantes, les autorités compétentes diligenteraient une enquête pour tirer cette affaire au clair.

B.A

Mohammed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des Sports
«La corruption doit être combattue fermement»

D’abord, il faut des preuves concrètes pour confirmer la véracité de ce qui est en train de se dire à propos du sport national et en particulier le football. En tout cas, on espère que cela ne soit pas vrai. Car si c’est le cas, de telles pratiques portent préjudice au championnat professionnel et  par conséquent l’image du Maroc.  Je souligne également que si ce que prétend le joueur est vrai, cela constitue une catastrophe nationale, voire une trahison à la patrie.  Autrement dit, de telles pratiques ne font que saper les efforts déployés par l’Etat marocain pour booster ce secteur. Je vous affirme qu’au sein du gouvernement, un effort considérable se fait pour réaliser davantage de  progrès palpable.  Ainsi, la corruption doit être  combattue fermement.  Pour ce faire, il faut changer les mentalités et œuvrer à ce que tous les acteurs et les bonnes volontés s’impliquent dans le processus de changement que connait le royaume, initié par l’autorité suprême du pays.

K.D


A. Aboudrar
L’ICPC n’a jamais été saisie pour des affaires liées au sport

Contacté par nos soins, Abdeslam Aboudrar, président de l’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), souligne que son instance n’a jamais été saisie pour des défaillances liées, d’une manière ou d’une autre, à la corruption dans le domaine du sport en général, et en particulier dans le secteur du ballon rond. Et de préciser que l’affaire devrait être portée devant les autorités compétentes, à savoir notamment la justice qui est appelée à diligenter une enquête dans ce sens en vue de tirer cette affaire au clair. Et d’ajouter que l’institution qu’il préside n’avait pas auparavant les prérogatives d’intervention directe dans des affaires liées directement ou indirectement à la corruption. Aujourd’hui, a-t-il tenu à préciser, l’ICPC œuvre selon un calendrier précis et des prérogatives bien déterminées, indiquant que son instance s’attelle actuellement aux secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice…. Et ultérieurement le secteur des sports, toutes disciplines confondues, sera approché par les experts de l’ICPC.

M.Y
Abdelhak Rizkallah (Mendoza), président de l’Amicale des entraîneurs marocains
«Il faut des preuves concrètes»

En tant qu’entraîneur, je ne peux que condamner de telles pratiques. Mais je pense qu’il s’agit d’accusations vides de sens. Il faut des preuves concrètes pour confirmer la théorie de la corruption. La justice est la seule institution habilitée à trancher dans ce genre d’affaires. Toutefois, il faut dire que dans n’importe quel secteur il y a  des bons et des mauvais éléments. D’ailleurs, même dans les pays occidentaux les plus développés, on entend parler de ce genre de choses.  Il ne faut pas oublier que parfois certains éléments parasites, que je qualifie des ennemis du succès, essaient par tous les moyens de semer la zizanie au sein des équipes modèles. Je pense que les équipes, notamment celles qui font l’objet de telles rumeurs, doivent se solidariser pour faire face à ce genre de comportements inadmissibles.

KD

Hammadi Hmidouiche, entraîneur national
«Une gestion moderne du football national s’impose»

Il faut avouer que de temps à autre, on entend des propos mettant en cause la crédibilité du football national. Mais, pour l’heure rien n’a été confirmé. Même concernant la fameuse affaire du présumé match truqué entre le KAC et le Raja de Béni-Méllal, la commission de discipline de la FRMF n’a pas encore statué sur ce sujet. En fait, il est difficile dans un match de football de valider la thèse de la tricherie. Il se peut qu’un joueur rate une occasion ou laisse encaisser un but sans avoir l’intention de le faire… Mais grosso modo, en tant qu’entraîneur,  je condamne ces pratiques car il n’honorant pas le football national. Amine Rbati, qui  est un joueur de renommée internationale, doit assumer ses responsabilités. Mais je pense que le football devrait se passer de cette affaire et de ces déclarations, parce que l’enjeu crucial est de s’attaquer aux grands chantiers portant sur le développement du sport : formation, infrastructures… Qui plus est, en tant qu’acteurs du secteur sportif, notre souci devrait se focaliser sur la technicité, améliorer le niveau des joueur…  Je dois préciser, en outre, concernant la gestion des équipes,  qu’auparavant il y avait des gestionnaires qui se donnaient à fond pour rehausser le niveau de leurs équipes : Belhachimi, Mekouar… Aujourd’hui, on ne peut pas nier qu’il y a des gestionnaires compétents, cependant il y a d’autres qui viennent au monde du football, rien que pour atteindre leurs objectifs personnels.

K.D


Samir Chaouki, porte-parole du club de Raja
« Le Raja est au-dessus de tout soupçon»

L’équipe du Raja ne peut qu’exprimer son étonnement devant de  telles déclarations et du timing choisi pour proférer des propos sans fondement. Je souligne que  le bureau dirigent va recourir à tous moyens juridiques pour défendre son club qui a toujours fait siens l’esprit sportif et les valeurs de la compétition loyale.  Cette affaire ne concerne pas uniquement le Raja mais toutes les équipes du championnat national, voire tout le système du  football national. Et d’ajouter que le Raja est au-dessus de tout soupçon. Son histoire et son riche palmarès démontrent qu’il est un grand club.

K.D

Onzième titre pour les «Verts»

Le Raja de Casablanca a conquis, samedi 25 mai 2013, son onzième titre de champion du Maroc en l’emportant in extremis à domicile face au Difaâ El Jadida (2-1). Après le nul concédé par l’AS FAR face au Moghreb de Fès (1-1), les Verts décrochent le sacre à une journée de la fin.
Il s’agit pour Fakhir du deuxième titre de champion du Maroc en tant que coach des Verts. Un exploit, dont il se dit fier. «Je suis très heureux d’avoir réussi ça», a déclaré M’hamed Fakhir. «Maintenant il faut penser à la suite. Nous allons maintenant essayer de continuer comme ça. Notre objectif est de faire en sorte qu’on ne lâche pas et que l’on continue jusqu’au bout», a-t-il ajouté en faisant allusion aux prochaines échéances comme le Mondial des clubs.
En s’adjugeant le sacre de champion, le Raja a gagné le ticket pour participer à cette prestigieuse compétition que le Maroc devra organiser. C’est la deuxième fois que les Verts vont y prendre part. Le Raja de Casablanca était l’unique équipe à avoir participé à cette coupe. C’était en 2000 au Brésil. A l’époque, les Verts ont su tenir tête aux joueurs du Real Madrid avant de s’incliner (2-3).
Ce tournoi réunira les champions continentaux suivants : Ligue des champions de l’UEFA (Europe), Copa Libertadores (Amérique du Sud), Ligue des champions de la CAF (Afrique), Ligue des champions de l’AFC (Asie), Ligue des champions de la CONCACAF (Amérique du Nord, Amérique centrale et Caraïbes) et Ligue des champions de l’OFC (Océanie).
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Micro-trottoir


Abdeilah, supporter du Raja :

Un foot malade

Peu de temps après  sa sortie médiatique, Amine R’bati , ex joueur du Raja a créé le buz.  La tentative de corruption, dont il est lui-même l’instigateur, a suscité l’angoisse chez les uns et la jubilation chez d’autres.  Ce n’est pas une première. Mais, la confession de ce joueur, à la réputation incertaine, n’est pas anodine.  Il est vrai que les grands clubs de football (aussi bien au Maroc qu’à l’étranger) entretiennent la confidentialité et cultivent autour d’eux une montagne de mensonges.
Et s’il arrive que quelqu’un (qu’il soit R’bati ou autre) dénonce la cupidité et certaines pratiques pas du tout éthique, c’est un droit qu’il faut bien défendre. Le contraire aurait été qualifié de « non assistance à personne en danger ».
Amine R’bati, ex capitaine de l’équipe du Raja, qui a roulé aussi sa bosse sous d’autres cieux, est, en principe, un homme responsable qui connaît bien ses droits et ses obligations. Ses révélations tonitruantes vont, sans aucun doute, porter préjudice à certains intérêts inavoués.  D’aucuns viendront dire que R’bati , en ce moment précis, n’agit pas tout seul.  Alors, posons cette question : pour qui roule-t-il alors ? et à qui profite ce virevoltage.  Tout le monde est concerné par « les confessions ». Depuis le Club vert jusqu’à la Fédération, sans oublier les autorités de tutelle.

Il faut tout de même reconnaître que le foot marocain est malade.  Sa convalescence dure depuis longtemps, et on ne sait pas à quel moment il se mettra debout. Qui, dans ce cas comme dans d’autres, agira pour lutter contre l’intox et la manipulation. A-t-on prévu un médiateur avec des moyens adéquats pour maintenir l’esprit sportif et lutter contre  la désinformation ?

Samir, cadre de la banque

La justice appelée à trancher

Cette affaire ternit à l’image du football national, surtout que cela nous parvient d’un grand club ayant des moyens et une école de formation pour les jeunes. En plus, on ne cesse de discourir sur le professionnalisme et la transparence en matière de gestion des clubs dont certains fonctionnent avec des budgets colossaux. A mon avis, je pense que la justice devra être saisie de cette affaire et une enquête approfondie devra être ouverte pour que les choses soient tirées au clair. La problématique est aujourd’hui simple : Au cas où le joueur n’apporte pas les preuves nécessaires arguant ce qu’il avance, il va falloir qu’il soit sanctionné. Mais si l’enquête révélera qu’il y a eu des manœuvres, telles qu’elles soient, leurs auteurs devraient également être traduits devant la justice.

Khadija, employée

Ouvrir un débat profond

C’est vraiment intriguant. Chaque fois qu’il y a une déconvenue de l’équipe nationale de football, des affaires resurgissent détournant le débat de son vrai cadre. Le football national est en panne. Un naufrage. Il faut déclencher un débat sérieux et profond pour décortiquer ce secteur et en tirer les conclusions avant de mettre en place une véritable stratégie de nature à hisser le niveau de notre sport. On parle du professionnalisme alors que sur le terrain il y a tout hormis le professionnalisme. Le problème est également soulevé au niveau des gradins où des supporters, jeunes et moins jeunes, survoltés et hors d’eux s’adonnent à la casse avant même le démarrage de la rencontre. Comment pourrait-on parler de professionnalisme dans de pareilles conditions ? Et si l’on ajoute à ce tableau déjà noir, des affaires de corruption, la question interpelle vraiment à plus d’un titre.

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