Le désert avec ses labyrinthes, ses mystères et sa vie nomade constitue une source d’inspiration pour les poètes et musiciens qui y puisent leurs chants, rythmes et mots. En effet, les vrais artistes sont ceux qui s’inspirent…de la nature et du quotidien. Dans la tradition sahraouie, la poésie et la musique sont inséparables. Elles sont, effectivement, attachées poétiquement à la culture orale des régions du Sud.
En effet, l’art et la danse d’el Guedra figurent parmi les expressions artistiques les plus originelles, mais aussi anciennes dans les régions de Tata, Tissint, Sakia El Hamra et celles du Sud marocain. A Oued Noun, cette danse traditionnelle rythmée et soufie anime les soirées et les rencontres des petites gens dans les fêtes, les noces et les mariages de la tribu. Considéré comme l’un des fondements du folklore sahraoui, El Guedra est lié au tambourin, un instrument circulaire local à base de terre cuite fabriqué par les artisans de la région. Au son de la Guedra frappée avec des baguettes, une femme se met à danser. Souvent voilée, visage couvert, des fois assise sur ses genoux, la danseuse libère ses émotions et sa sensibilité d’artiste à travers une gestuelle électrique. Le henné sur les mains, les yeux fermés, la danseuse se livre, au milieu de la transe, à une chrographie mêlée aux chants et mélodies mystiques.
Un homme appelé «Ennagar» se positionne au milieu avec son Guedra en forme circulaire. Il est l’un des spécialistes qui orchestre le rythme. Tandis que la danseuse voyage au cœur de la musique, un groupe continue à esquisser des mouvements appelés dans le langage local «Tadaoui».
Dans cette danse, les mains constituent un langage. Portant un costume de la région et des bijoux en argent, la chorégraphe au son du rythme tisse un tapis de signes et de symboles. C’est la danse qui s’adresse à l’âme. El Guedra est l’un des types musicaux qui ont contribué à la richesse du patrimoine musical marocain et qui n’a cessé d’inspirer les jeunes tendances musicales.
Mohamed Nait Youssef