Ethiopie: reprise des combats entre le gouvernement et les rebelles

Nabil El Bousaadi

Après une trêve qui aura duré cinq mois, le gouvernement fédéral éthiopien et les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) se sont rejetés, mutuellement, ce vendredi, la responsabilité de la reprise des combats qui avaient éclaté en novembre 2020 dans le nord du pays et qui avaient fait plusieurs milliers de morts, deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers de personnes dans les affres de la famine.

Ainsi, à en croire le porte-parole des rebelles tigréens, l’aviation éthiopienne aurait «largué des bombes sur une zone résidentielle et un jardin d’enfant à Mekele», la capitale du Tigré, et fait des morts et des blessés et, d’après ce que le responsable du principal hôpital de la ville a déclaré à l’AFP, son établissement aurait reçu «quatre morts dont deux enfants et neuf blessés».

Or, tout en apportant un démenti catégorique aux informations selon lesquelles les forces armées éthiopiennes auraient tué des civils, le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed, a annoncé, dans un communiqué, son intention de mener des «actions» au Tigré et appelé la population à se tenir éloignée des cibles militaires.

En outre, dans un message adressé à l’AFP, le service de communication du gouvernement d’Addis Abeba a tenu à préciser que «l’aviation éthiopienne» qui n’a fait que riposter à l’attaque lancée par les rebelles, n’a visé «que des sites militaires» et accusé les rebelles tigréens d’avoir «déposé des faux sacs mortuaires dans des zones civiles» à l’effet de faire croire que l’armée régulière éthiopienne s’est attaquée à des civils.

Mais, en redoutant une reprise du conflit, à grande échelle, et en craignant de voir tomber à l’eau leur espoir de faire asseoir les belligérants autour d’une même table pour des négociations de paix, les Etats-Unis, l’ONU, l’Union européenne et plusieurs chancelleries et organisations internationales ont appelé, dès mercredi, à la cessation des hostilités et à une résolution pacifique du conflit.

Cette levée de bouclier a donné l’occasion au porte-parole des rebelles tigréens de déclarer, sur Twitter, qu’étant donné qu’au moment où «la communauté internationale appelle les deux parties à la désescalade, Abiy Ahmed a choisi d’envoyer son aviation attaquer les civils à Mekele», il conviendrait d’«arrêter de choyer» ce dernier et de faire pression sur le gouvernement fédéral éthiopien pour le contraindre à entamer «des négociations de bonne foi».

Autre son de cloche du côté des autorités éthiopiennes qui ont appelé la communauté internationale à «condamner les provocations permanentes» des rebelles tigréens et à les contraindre à accepter «l’option de paix proposée par le gouvernement» d’Addis Abeba.

Mais, si l’arrêt des combats avait permis une reprise progressive de l’acheminement de l’aide humanitaire vers le Tigré et que, depuis fin juin, les protagonistes n’ont pas cessé de déclarer qu’ils sont entièrement disposés à entamer des négociations de paix, ils continuent, néanmoins, de s’opposer sur leurs modalités.

Ainsi, si le gouvernement d’Assis Abeba réclame des pourparlers immédiats, sans préconditions, sous l’égide de l’Union Africaine, les rebelles tigréens, rejetant, de leur côté, la médiation du Haut représentant de l’Union Africaine, Olusegun Obasanjo, exigent, qu’avant toute négociation, l’électricité, les télécommunications, les services bancaires et tout ce dont ont été privés les tigréens soient rétablis.

Est-il permis de croire que le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed et les rebelles tigréens vont finir par se plier aux injonctions de la communauté internationale et enterrer la hache de guerre ? L’espoir est permis mais attendons pour voir…

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