Zahra Ouaziz est journaliste à la Al Idaa Al Amazighia et militante associative. Elle a décroché le Prix national pour les médias et la communication dans la catégorie émissions radio, pour son programme «Amadal N Tawanadt».
Al Bayane : Comment vous êtes-vous lancés dans le monde du journalisme?
Zahra Ouhssain : C’est une passion. Je rêvais d’exercer ce métier depuis ma tendre enfance. J’ai fait des études universitaires en biologie avant de m’orienter vers d’autres formations en parallèle avec mes études universitaires. En effet, et comme beaucoup de jeunes de ma génération, la vie nous exigeait d’assurer un travail garantissant notre vie, loin de nos passions. Depuis 1996, mon rêve était de travailler dans le domaine de l’environnement. J’ai travaillé dans plusieurs domaines y compris dans les associations culturelles et amazighes. En 2008, un ami a eu cette idée magnifique de m’initier dans le journalisme, ma première passion. J’ai fait un stage en journalisme à Al Idaa Al Amazighia vu que je maîtrisais parfaitement la langue amazighe. L’amour du journalisme m’a guidée par la suite à chercher des formations afin d’améliorer mes compétences en la matière. En 2010, et avec le lancement de la chaine amazighe, ils m’ont contactée pour faire partie de l’équipe de la radio nationale amazighe, notamment dans la programmation amazighe. J’ai commencé à faire des émissions. En 2013, j’ai entamé une émission sur la femme baptisée «moi et toi». C’était un nouveau concept qui a eu de bons échos auprès des auditeurs. Je présentais des femmes brillantes travaillant dans différents domaines de la vie publique. J’ai essayé entre autres de transmettre l’image des femmes amazighes loin des stéréotypes. C’était une expérience professionnelle enrichissante et magnifique !
Votre émission «le monde de l’environnement» a reçu le prix de l’IRCAM. Parlez- nous un peu de ce projet?
J’ai toujours voulu travailler sur des sujets relatifs au monde de l’environnement. Mais, en fait, cette émission m’a été imposée parce qu’il n’y a pas assez d’émissions sur l’environnement à la radio amazighe. Et du coup, je me suis lancée dans cette aventure. Avant la cop22, j’ai fait des capsules sur «la rencontre de la terre et l’humain» ; là où j’ai essayé de traiter plusieurs sujets qui concernent et touchent l’environnement et les changements climatiques, et ce, en me déplaçant dans plusieurs régions. Pourquoi ? Pour mettre le doigt sur les défis environnementaux auxquels fait face chaque région en invitant un spécialiste pour échanger autour du stress hydrique, changements climatiques, sècheresse, inondations… J’ai assuré la couverture de la Cop 22 avec un suivi quotidien, ainsi que des émissions spéciales. Rappelons que c’est pour la première que la HACA permette aux radios associatives, dont la Radio climat de diffuser sur les ondes FM. J’ai assuré la couverture en amazigh dans les deux zones verte et bleue en invitant un parterre de personnalités pour s’exprimer sur certains sujets environnementaux en langue amazighe.
Quel regard portez-vous sur le champ médiatique amazigh ? Pensez-vous que la femme est assez présente dans ce domaine ?
Ces dernières années, les médias amazighs ont connu une évolution remarquable. Or, l’ultime entrave réside dans les ressources humaines qui restent très limitées, et qui freinent entre autres le développement de ce domaine prometteur. En effet, l’émission qui a remporté le prix de l’IRCAM je l’ai faite toute seule. Je faisais tout : le montage, l’enregistrement… bref, le travail d’une équipe de 4 personnes. C’est un peu dur. Mais c’est l’amour du métier qui nous incite à continuer. A cela s’ajoute la difficulté de trouver des invités amazighophones. La femme amazighe est présente en force dans le champ médiatique. Aujourd’hui, on trouve des femmes journalistes qui brillent de mille feux.
Votre travail associatif a-t-il un impact sur votre profession de journaliste ?
Mon travail dans le domaine associatif m’a beaucoup aidée dans ma profession de journaliste, surtout la possibilité de prendre part à plusieurs activités et d’être proche des gens.
Propos recueillis par: Mohamed Nait Youssef