Forum international Afrique développement 2019

Kettani: «L’Afrique, futur marché continental concurrentiel et centre d’affaires mondial»

La 6ème édition du Forum international Afrique développement (FIAD), manifestation internationale organisée récemment à l’initiative du fonds d’investissement panafricain Al Mada, a réuni plus de 1.500 opérateurs économiques de différents pays africains, notamment le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, l’Éthiopie, le Kenya… Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa Bank L’Afrique, l’Afrique pourra constituer le fondement d’un marché continental concurrentiel et émerger en tant que centre d’affaires reconnu au niveau international.

Tenu sous le thème « quand l’Est rencontre l’Ouest » cet événement, cet événement qui met à l’honneur la Sierra Leone, constitue une plateforme de référence en faveur du dialogue, de la promotion des investissements et du commerce intra-africain. Le Chef d’Etat a salué a salué à cette occasion le leadership et l’engagement de SM le Roi Mohammed VI en faveur du développement de l’Afrique. M. Maada Bio a également exprimé sa gratitude au Royaume du Maroc, un pays «succes story» et qui partage so : « L’expérience avec les pays africains frères. «Le Maroc, a-t-il dit, doit être fier de sa longue histoire et de sa tradition séculaire et s’enorgueillir pour son engagement réel qui inspire l’espoir ainsi que son agenda de développement en faveur du continent et qui mérite d’être suivi».

La Sierra Leone a marqué une forte présence au marché de l’investissement, avec la participation du ministre des Finances, Jacob Jusu Saffa, le ministre du Commerce et de l’industrie Peter Bayuku Konteh ainsi que le président directeur général Investment and export promotion Agency (SLIEPA), Lexmond Koroma.

Outre la Sierra Leone, invité d’honneur, le Marché de l’Investissement convie cette année le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, l’Éthiopie, le Kenya, le Mali, le Maroc et le Rwanda, ajoute la même source. Engagé au service d’une Afrique qui avance, la Sierra Leone, à travers sa participation sous la conduite de la plus haute autorité du pays, à la 6e édition du FIAD, traduit la convergence de vues, aux plus hauts niveaux des acteurs privés et publics en faveur d’une coopération Sud-Sud impactante et d’une solidarité africaine agissante.

L’Afrique, nouveau moteur de croissance mondiale

Notre coninent africain représente plus que jamais un espoir pour la croissance économique au niveau international, compte tenu de l’incertitude qui marque l’économie mondiale, a affirmé, Mohamed El Kettani, le président directeur général du groupe Attijariwafa Bank.
« Si l’économie mondiale a connu une phase d’expansion en 2018, le monde semble être entré à nouveau dans une phase d’essoufflement et d’incertitude grandissante (…). Dans cet environnement global d’incertitude, l’Afrique maintient le cap et demeure un espoir pour la croissance mondiale », a déclaré El Kettani. La croissance attendue en Afrique devrait connaître une accélération de 3,5% en 2018 à 4% en 2019, les pressions inflationnistes se sont atténuées avec un taux moyen en baisse de 12,6% en 2017 à 10,9% en 2018, et devrait encore diminuer pour atteindre 8,1% en 2020, ajoutant que les situations budgétaires s’améliorent progressivement, plusieurs pays étant parvenus à assainir leurs budgets en augmentant les recettes fiscales et en réduisant, parfois, les dépenses.

Le Président sierra léonais a tenu à souligner, dans ce sens, que l’Afrique regorge d’énormes potentialités avec une population d’environ un milliard de personnes et des ressources naturelles des plus diversifiées du monde. En revanche, le continent a des besoins colossaux en matière d’infrastructures, a-t-il rappelé, ajoutant que l’Afrique offre d’énormes potentialités d’investissements lourds dans différents secteurs comme l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, le tourisme… En conséquence, les perspectives de profit et de retour d’investissement sont très élevées sur le continent, a-t-il insisté.

Toutefois, «nous devons faire face à de nombreux défis tout en restant tournés vers le futur pour mobiliser les opportunités et les saisir au profit des pays du continent», a relevé le président Maada Bio, mettant l’accent sur l’importance de veiller à la stabilité politique, faire face aux changements climatiques et améliorer le climat d’investissement tout en aplatissant les barrières en vue d’encourager le développement du commerce intra africain dans la perspective de réaliser l’intégration.

El Kettani a tiré, pour sa part, la sonnette d’alarme en précisant que « l’évolution favorable que connait l’Afrique ne doit pas occulter certains points de vigilance, notamment l’augmentation des niveaux d’endettement (53% du PIB global en Afrique) ou encore la détérioration régulière, depuis la fin des années 2000, des équilibres extérieurs liés aux balances commerciale et courante, qui doivent impérativement être maîtrisés afin de ne pas menacer la viabilité de la dette extérieure ». Et d’ajouter, « cette combinaison d’opportunités et de menaces auxquelles fait face notre continent souligne plus que jamais l’impérative de réformes structurelles et de l’approfondissement de l’intégration économique afin de libérer davantage les énergies créatrices de richesse et de valeurs ».

Le PDG d’Attijariwafa bank a mis, par ailleurs, l’accent sur l’intégration continentale, relevant que « certes, l’agenda institutionnel lui même avance dans le sens de l’intégration (44 des 54 pays africains participent déjà à plus d’une communauté économique régionale avec des degrés divers d’intégration et un potentiel de renforcement considérable, la candidature du Royaume du Maroc pour intégrer la CEDEAO, l’accord de Libre Echange Continental Africain en marche), mais nous devrions accélérer encore davantage la cadence grâce à des projets concrets Est-Ouest qui montrent la voie ».

L’Afrique, a-t-il estimé, pourra ainsi constituer le fondement d’un marché continental concurrentiel et émerger en tant que centre d’affaires reconnu au niveau international, offrant aux investisseurs, PME, grandes entreprises, des marchés plus vastes avec des économies d’échelle efficientes et des retombées positives entre pays enclavés et pays côtiers.
« Cela nécessitera de mener un rythme de réformes déterminées et volontaristes, à travers la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires, le développement des infrastructures de connectivité et logistiques mais, aussi, d’adresser les problématiques de mobilité de la main d’œuvre et d’intégration des marchés financiers », a souligné M. El Kettani.

Nouvelle approche de développement durable

S’exprimant lors d’un panel sur « le positive impact » le président-directeur général d' »Al Mada », Hassan Ouriagli a déclaré à cette occasion, que cette approche traduit le rôle de l’entreprise en faveur d’une croissance pérenne et partagée et du renforcement du tissu social de manière durable et respectueuse de la dignité humaine et de la nature. Et d’jouter « Al Mada, depuis ses origines, s’inscrit dans ce mouvement en investissant dans des projets structurants pour l’économie marocaine et plus généralement africaine, catalyseurs de progrès au niveau économique et social ». Selon Ouriagli, il existe un lien fort entre tout acteur économique, et les territoires et populations auprès desquels il exerce son action, a-t-il ajouté, faisant observer que la conception de l’entreprise en tant qu’acteur n’obéissant qu’à de simples impératifs économiques n’est plus acceptable socialement ainsi que sur le plan environnemental. Les innombrables enjeux environnementaux en l’occurrence, épuisement des ressources, pollutions multiples, réchauffement climatique ou problématiques de santé publique sont venus, dès les années 2000, renforcer les exigences de base et attentes sur l’impact des acteurs économiques, a-t-il relevé. M. Ouriagli a en outre relevé qu’en Afrique, de fortes disparités de développement économique existent, des régions demeurent enclavées, des populations en marge, notant que la résorption de ces disparités est un mouvement de fond qui conduira vers une Afrique moderne, fière de sa culture, œuvrant pour l’équilibre et le bonheur des peuples qui la composent.

Ouriaghli a assuré que le fonds d’investissement Al Mada veille à la création d’emplois de qualité, correctement rémunérés, avec des conditions de travail dignes, notant qu’en termes de désenclavement des territoires, le fonds contribue fortement au développement local notamment dans les mines avec Managem ou les énergies renouvelables avec Nareva. Ces territoires, a-t-il poursuivi, sont accompagnés dans l’évolution vers une économie bancarisée en rendant accessible des services financiers au plus grand nombre. Attijariwafa bank, dont Al Mada est l’actionnaire de référence, est devenue le 1er réseau bancaire en zone francophone, rappelant également le rôle de la Fondation Al Mada dans les domaines de l’éducation, l’entrepreneuriat et la culture.

De son côté, Carole Kariuki, CEO de Kenya Private Sector Alliance (KEPSA), a souligné que le secteur privé au Kenya remplit son rôle de partenaire de l’Etat, estimant que ce secteur doit créer des emplois régulièrement pour assurer un développement durable.

Pour sa part, Lionel Zinsou, fondateur et managing partner de Southbridge, a mis en exergue l’impact social des actions des entreprises, plaidant pour un rôle de premier plan des acteurs économiques pour résoudre les inégalités en Afrique, continent qui souffre de nombreux maux sociaux.

Il a relevé, en outre, que la croissance en Afrique est faiblement créatrice d’emploi et que les individus hautement qualifiés peinent à intégrer le marché de travail, appelant à un partenariat entre l’Etat et le secteur privé, qualifié d’acteur incontournable dans ce processus.

Force est de souligner que le FIAD se positionne aujourd’hui comme une plateforme de référence en Afrique, reflétant l’engagement de la communauté économique et politique dans la dynamique intracontinentale. Initiative née en 2010 et dirigée par l’un des plus importants fonds d’investissement panafricain du continent, Al Mada, actionnaire de référence d’Attijariwafa Bank, il a rassemblé, depuis sa création, plus de 7.500 opérateurs de 36 pays et a généré plus de 17.000 réunions B to B.

Elalamy : L’intégration régionale accélère le développement

S’exprimant à la plénière  »Accélérer l’intégration économique régionale » dans le cadre du FIAD 2019, Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique a souligné que l’intégration régionale qui repose sur une coopération étroite entre les pays du continent pour réussir le pari de la co-émérgence est une condition sine qua non pour le développement en Afrique.

Elalamy a fait savoir que l’Afrique a intérêt d’aller vers davantage de complémentarité, de surmonter les barrières culturelles et historiques et d’assurer une meilleure exploitation de ses ressources naturelles et humaines. Le continent africain, qui regorge de potentialités, est appelé a explorer, lui-même, des solutions propres à son développement sans avoir recours à l’extérieur, a relevé le ministre.

Accordant un intérêt particulier à l’intégration industrielle, Elalamy a mis en avant le modèle marocain, en particulier, l’industrie automobile, dont la puissance installée permet de produire annuellement 700.000 voitures, notant que l’industrie est un pourvoyeur extraordinaire d’emploi et est en mesure de contribuer à l’émergence de l’Afrique. Les mutations dans l’industrie à l’échelle mondiale notamment en Chine offrent des opportunités énormes aux pays africains pour pénétrer ce secteur profitant de leur coûts compétitifs, a-t-il précisé, faisant remarquer que le Royaume met son savoir-faire au profit de plusieurs pays pour faciliter la mise en place des noyaux industriels.

Aklilu Hailemichael, le vice-ministre éthiopien des affaires étrangères chargé des affaires économiques et de la diaspora, a assuré, pour sa part, que l’intégration est un facteur de compétitivité, notant que son pays a pris, dans ce sens, des mesures concrètes portant, entre autres, sur l’amélioration de l’infrastructure du transport ferroviaire et aérien.

En terme de connectivité, il a estimé que l’Éthiopie dispose de bons liens avec les pays du contient et s’est engagée dans la coopération Sud-Sud, estimant que l’intégration est tributaire de paix et de sécurité.

Jazouli : L’Afrique assistera à un « Big bang ».

Le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, chargé de la coopération africaine Mohcine Jazouli a souligné à l’occasion du FIAD que l’Afrique, qui est riche de ses ressources, forte de sa vigueur démographique et solide par sa diversité culturelle, est sur le point d’assister à un « véritable Big bang ». « Pour récolter les fruits de ce Big Bang, il nous appartient de nous recentrer sur notre potentiel, de mettre en commun nos richesses et de transformer nos structures économiques dans un esprit de coopération solidaire et agissante, c’est ce que les experts appellent l’intégration », a relevé le ministre délégué, soulignant que ce processus permettra de renforcer les synergies économiques et verra l’émergence de champions africains dans de nombreux domaines d’activités, dans l’ensemble des 54 pays du continent.

« Au Maroc, nous avons pris la mesure de l’importance de l’intégration de notre continent. Notre désir d’Afrique, notre envie d’Afrique est une constante des 20 années de règne de SM le Roi Mohammed VI », a indiqué Jazouli, notant que cette dynamique a donné naissance à de belles « success stories » que le Maroc veut mettre en partage sans ostentation.

Selon El Jazouli, l’entrée en vigueur de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) va bouleverser la donne, a-t-il indiqué, qualifiant cette zone de l’une des forces du « Big Bang Africain », qui devra abolir les frontières, faire tomber les barrières tarifaires et non tarifaires, permettre d’accélérer la mobilité de la main d’œuvre et des capitaux et changer le visage de l’économie africaine.
De même, la ZLECAf aura plusieurs retombées, dont une économie qui croîtra deux fois plus rapidement que celle des pays développés avec un marché commun de 2,5 milliards de consommateurs à l’horizon 2050, une zone unique d’échanges commerciaux ouvrant des perspectives nouvelles et inédites aux entreprises et aux consommateurs, des écosystèmes qui intègrent pleinement les PME. Elle sera, également, le levier qui contribuera à accroître le commerce intra-africain de plus de 50%, a-t-il ajouté.

Badr Atabi

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