Renforcement de la coopération militaire entre la Russie et le Cameroun

Lors du déplacement qu’il a effectué le 12 Avril, à Moscou, à un moment où la guerre d’Ukraine bat son plein, le ministre camerounais de la Défense, Joseph Beti Assomo, a signé, avec son homologue russe, le général Sergueï Choïgou, un accord de coopération militaire qui, selon certaines sources sécuritaires évoquées par « Financial Afrik », s’inscrit dans le prolongement de la coopération militaire qu’entretiennent les deux pays en application des termes de l’accord militaire qu’ils avaient signé en 2015 au titre de la fourniture, par la Russie, d’armements et d’équipements militaires à l’armée camerounaise, engagée dans la lutte contre Boko Haram devenu depuis l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO).

Mais bien que cet accord n’ait pas pu être renouvelé en 2020, comme convenu, à cause de la crise sanitaire, il avait permis à Moscou de fournir à Yaoundé une aide matérielle dans les domaines de l’artillerie, du transport de troupes et de la protection aérienne.

Contenu dans un document de 13 pages et signé à un moment où le Cameroun est en proie à une insécurité intérieure croissante, le nouvel accord militaire russo-camerounais se décline sous la forme d’échange d’informations et de spécialistes, de visites officielles, de formation et d’entraînement de troupes, d’exercices militaires conjoints et d’activités communes de lutte contre le terrorisme et la piraterie militaire, de topographie, d’hydrographie militaire et de l’octroi d’un soutien logistique à l’armée camerounaise en proie aux exactions des terroristes des jihadistes de l’EIAO (ex-Boko Haram).

Selon « Africanews », l’article 2 dudit accord stipule expressément que les deux pays coopéreront dans « l’échange d’opinion et d’information en matière de politique de défense et de sécurité internationale ; le développement des relations dans le domaine de la formation conjointe et l’entraînement des troupes (des forces), de génie, d’enseignement militaire et de médecine militaire».

Et si, par ailleurs, cet accord  signé pour cinq ans avec tacite reconduction pour cinq nouvelles années si l’une ou l’autre des parties n’exprime pas son souhait d’y mettre un terme n’évoque pas explicitement la livraison d’équipements militaires alors même que cette question est celle qui focalise le plus l’attention depuis l’annonce de la signature de cette convention, il prévoit, néanmoins, que « d’autres domaines de coopération » peuvent être envisagés conformément aux différentes conventions signées par les deux pays et ayant trait notamment à l’échange d’expériences et à l’interaction dans des opérations de soutien à la paix sous l’égide des Nations-Unies.

Mais si certains saluent le courage qu’a eu Yaoundé de signer cet accord avec Moscou en ce moment où la Russie est engagée dans une opération militaire controversée condamnée par la quasi-totalité des chancelleries occidentales et admettent que le Cameroun est en droit de le faire alors qu’il doit affronter les terroristes de l’EIAO dans les régions anglophones et à l’est du pays, d’autres voient poindre, derrière cet arrangement, l’ombre de « Wagner », cette milice privée russe dont les actions tombent sous le feu des critiques.

Quelle tournure va prendre cette coopération militaire russo-camerounaise qui va en se renforçant alors même qu’elle n’est point du goût des pays Occidentaux et de nombreux pays africains ?

Attendons pour voir…

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