Grande dame du cinéma, de la télévision, et des planches nationales !

Hommage poignant et solennel à feue Naima Lamcharki 

DNES à Marrakech: Mohamed Nait Youssef

Un hommage posthume. Tant attendu. Un temps fort, immortel et solennel de la 21ème édition du festival international du film de Marrakech. Mardi 03 décembre. Il est 19h30. La salle des ministres du Palais des Congrès était archicomble pour honorer la mémoire de la grande dame du cinéma, de la télévision, et des planches nationales, feue Naima Lamcharki. L’émotion a enveloppé les lieux. Connue pour ses rôles captivants, son talent de comédienne expérimentée, la regrettée n’était pas uniquement une artiste douée, mais une figure emblématique, une icône ayant marqué la scène culturelle, artistique et associative nationale. Son empreinte demeure indélébile dans les cœurs et les esprits. Tout le monde y était. Ses fans, ses amis, ses collègues et sa famille n’ont pas manqué pour célébrer son parcours long et singulier, et rappeler ses qualités humaines et professionnelles. Un grand moment du 21e FIFM.

Une femme aimante et dévouée…

« Naima Lamcharki était une femme aimante et dévouée à son époux, à ses enfants, à ses frères et sœurs. Dans son immense cœur, il y avait de la place pour aimer toutes les personnes croisées sur sa route. », c’est avec ces mots tendres et sincères que Yasmine Khayat, fille de la feue comédienne, a rendu un hommage solennel à sa maman. Et d’ajouter : «ma mère était une femme populaire, et par populaire je voulais dire qu’elle était proche de son public, elle faisait partie de ce peuple qu’elle fréquentait loin de paillettes et de star-systèmes, mais plutôt dans autobus bandés, dans la chaleur du hammam du quartier, dans les souks… à toutes ces personnes, j’aimerais dire : ‘’gardez-là dans votre cœur, car l’amour ne meurt jamais.’’»

Naima Lamcharki, dit-elle, était une femme exceptionnelle, une grande amoureuse du cinéma et de la culture.   

Un visage inoubliable…

Le public avait connu Naima Lamcharki dans de nombreuses œuvres partagées entre le petit et grand écran, entre autres, « à la recherche du mari de ma femme », « L’automne des pommiers » , « Casablanca ,nid d’espions », « Noces de sang », « 44 ou les Récits de la nuit », « LallaHobby », « la bataille des trois Rois », sans oublier bien entendu les séries télévisées comme “La famille Ramdam”.

À la télévision, elle a marqué un passage inoubliable en animant, entre 2000 et 2004, la fameuse émission éducative et culturelle « Alif Lam » sur la chaîne Al Oula, destinée à la lutte contre l’analphabétisme. Ce fut une aubaine.

« Lalla Naima, tu avais ce pouvoir magique de mettre à l’aise toute personne en ta présence créant ainsi un rapport d’amitié qui va au-delà des rapports de travail. Ceci m’a permis de connaître et apprécier en plus tes qualités artistiques, tes actions sociales et humanitaires ; combien nombreuses et appréciables.», a témoigné le cinéaste, Abderrahmane Tazi.

 Et d’ajouter : « Merci Lalla Naima pour toute ta disponibilité, ta sollicitude et ta générosité et bien sûr ton immense talent qui m’ont permis non seulement de diriger une grande comédienne, mais pour partager des moments précieux d’amitié et de confiance pour construire et réussir ensemble quatre de mes films. »

Charme et charisme…

Charismatique, Naima Lamcharki était une artiste engagée, impliquée dans les questions relatives au secteur artistique et théâtral. Au début des années 90, elle était à l’avant-garde des artistes qui ont fondé le Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques (anciennement Syndicat national des professionnels du théâtre). Elle a été élue lors du congrès constitutif comme membre de la direction nationale de ce syndicat. Comédienne accomplie, Naima Lamcharki a marqué des générations de jeunes acteurs et actrices.  

« J’étais encore étudiante à l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle à la fin des années 80 lorsque j’ai partagé la scène avec une pléiade d’artistes marocains parmi lesquels la remarquable et chevronnée Lalla Naima. J’étais fascinée par votre performance et par votre talent, mais je ne savais pas qui était cette dame avec toute maestria. La réponse est venue après une série d’œuvres qui nous a réunis. J’ai beaucoup appris de vous, Lalla Naima. », a révélé l’actrice marocaine, Fatima Khair.

Les commencements sur les planches…

C’est à la ville dite blanche, Casablanca, que Naima Lamcharki a ouvert les yeux le 11 juillet 1943. Et c’est dans cette cité ayant donné de grands noms de l’art marocain que l’actrice avait commencé sa carrière d’abord sur les planches avant de passer à la radio. À la fin des années 1950, la comédienne a fait ses premiers pas en intégrant le théâtre amateur du réalisateur Mustapha Toumi. Or, son expérience théâtrale la plus brillante était avec le dramaturge, metteur en scène et réalisateur, Tayeb Saddiki.

Naima Lamcharki a marqué le théâtre marocain par ses interprétations exceptionnelles  et son jeu juste dans de nombreuses plusieurs pièces avec les troupes de théâtre les plus importantes, entre autres, la troupe Al Maâmoura, Basatin, le Théâtre Al Ouns ou encore la troupe de la Radio et de la Télévision Marocaine. Naima Lamcharki a laissé son empreinte singulière dans chaque œuvre artistique à laquelle elle a apporté sa touche particulière.

Femme généreuse et militante impliquée…

Naima Lamcharki militait pour la bonne cause. Elle était ambassadrice de bonne volonté auprès de l’UNICEF. Son travail associatif et ses actions sociales ont marqué sa vie de citoyenne, artiste et militante.

« Personnellement, si j’avais quelque chose à dire sur vous, je ne saurais pas par quoi commencer parce que vous n’avez pas de commencement. Vous êtes comme une mère pour moi. Je t’ai connu enfant, puis jeune homme et enfin homme quand s’est rencontré dans le tournage du seul film qui nous a réuni, étrangement intitulé « L’Automne des pommiers. », a révélé le scénariste et réalisateur marocain, Mohamed Mouftakir. Femme généreuse, Naima Lamcharki ne ménage aucun effort pour promouvoir l’art et la culture.  

« Je n’oublierai jamais le jour où vous avez annoncé, en mon absence, à l’équipe de production, que vous renonciez à votre salaire, reconnaissant la difficulté du tournage et respectant ma façon exigeante de travailler qui pouvait dépasser le budget du film. Non seulement cela, Lalla Naima, mais vous aviez exprimé votre volonté inconditionnelle d’apporter une contribution financière si les obstacles devenaient insurmontables. », a confié Mohamed Mouftakir dans son hommage rendu à Naima Lamcharki.

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