Tanger, the day after

Après le festival, les polémiques. C’est dans la nature des choses et cela fait partie du spectacle global de ce grand théâtre qu’est le monde, dirait Shakespeare. Il faut juste que l’ensemble des acteurs soient imprégnés de l’esprit sportif et de suffisamment de tolérance pour accepter le jeu même si les règles sont souvent biaisées.

Que retenir alors de Tanger 2016 ? Commençons par cette information essentielle qui, en elle-même, est une première leçon fondatrice, à savoir que le festival reste à Tanger. Le courant «révisionniste» a perdu la mauvaise bataille qu’il veut mener pour ramener le festival à ses premiers balbutiements. «Il n’y a pas mieux que Tanger pour abriter une manifestation de telle envergure» affirme Fassi Fihri, directeur général du CCM, dans une déclaration à la presse. Des sources fiables assurent qu’il a été conforté dans ce choix par le soutien réel et effectif des autorités de la ville et de la région. L’ambiance générale du festival en a été marquée positivement. Pour quel résultat ? Si j’ai à résumer la 17e édition en une phrase je dirai qu’elle se termine sur un bilan organisationnel positif et un bilan artistique mitigé, c’est le moins qu’on puisse dire à ce niveau. L’organisation a été au rendez-vous. Le CCM a mis les petits plats dans les grands pour assurer un bon déroulement du festival. Une solide machine a été mise à l’épreuve avec succès. Les projections se sont déroulées dans de bonnes conditions, la programmation aérée et diversifiée. Bref, un socle pour bâtir. Quid du bilan artistique ? Un indicateur important dans ce sens, le palmarès. Certes, un palmarès est fait pour partager. Il est rare qu’un palmarès suscite l’adhésion unanime des festivaliers (ce n’est pas un bon signe par ailleurs). Sauf que le palmarès de cette édition a surpris…dans le mauvais sens. En somme, il n’a pas été à la hauteur du cast qui le compose, l’un des meilleurs…sur le papier ; ni à la hauteur du manifeste annoncé par son président lors de la cérémonie d’ouverture. En deux mots, il a manqué de vision cinématographique cohérente (le prix spécial du jury censé dire le coup de cœur du jury est révélateur dans ce sens) et de discernement politique (comment ignorer les deux films maroco-belges, pourtant prometteurs). Pour tout dire, il a manqué d’audace. Il a caressé l’opinion dans le sens du poil (Le grand prix). Dommage car le cinéma marocain a besoin d’un sursaut salvateur.

Mohammed Bakrim

Top