IDE: Le Maroc en perte d’attractivité?

Destination numéro 1 des IDE en Afrique, le Maroc serait-il en train de perdre de son attractivité ? En tout cas, c’est l’impression qui se dégage des dernières statistiques officielles de l’Office des changes.

L’effondrement enregistré au niveau des flux est spectaculaire.  En effet,le flux d’IDE s’est replié de 29,7% pour se situer à 10,6 milliards de dirhams à fin juin contre 15 milliards durant le premier semestre de 2017. Cette situation s’explique par la hausse des dépenses (+1,6  milliard), conjuguée au recul des recettes qui cumulent 2,9 milliards de DH. Le Maroc semble rattrapé par la chute des IDE dans le monde, qui se sont contractés de 16% en 2017, une baisse mondiale provoquée en partie par leur recul aux Etats-Unis et en Grande Bretagne.

Les investissements en provenance de ses partenaires historiques, en l’occurrence la France et l’Espagne sont en baisse depuis près de dix ans. La France, demeure certes le premier partenaire du Royaume, mais sa part est en recul. Celle-ci est passée de 49% sur la période 2000-2007 à 28 entre 2008 et 2015. La baisse est encore plus considérable du côté des IDE en provenance de l’Espagne, établie à 5% contre 21%.

En fait, les pays européens cèdent du terrain aux pays arabes, particulièrement ceux du Golf. En effet, la part des pays de l’UE est passée de 85% à 60%, alors que celle des pays arabes s’élève désormais à 41% contre 10. Sachant que ces derniers investissent plus dans l’immobilier, tandis que les pays issus de l’UE investissent essentiellement dans les nouveaux métiers mondiaux, en l’occurrence l’automobile et l’aéronautique. Dans l’automobile, les performances enregistrées continuent à tirer vers le haut les exportations.

La dynamique enregistrée au cours de premier semestre résulte essentiellement de la progression des ventes du segment construction et du segment câblage. La part de ce secteur dans le total des exportations gagne 1,6 point: 25,6% contre 24% une année auparavant. L’aéronautique est tout aussi dynamique que l’automobile avec une hausse des ventes de 21%, totalisant ainsi 6,18 milliards à fin juin. Cependant, c’est surtout l’automobile qui draine de plus en plus en plus d’investisseurs.

La liste des investisseurs attirés par la plateforme Maroc se diversifie. L’entrée la plus récente est celle du chinois Dicastal, un géant mondial des jantes aluminium. L’essentiel de la production sur laquelle l’investisseur table est destiné à l’export.

A noter qu’outre les flux entrants, les flux sortants s’inscrivent aussi sur un trend baissier. En effet, le flux des IDE marocains à l’étranger ont chuté de 65,4% à fin juin dernier. Cette baisse fait suite à la diminution des investissements directs marocains réalisés à l’étranger (-62,2%) conjuguée à la baisse des cessions d’investissements directs marocains à l’étranger (-30,9%).

Hajar Benezha

 

Le déficit commercial se creuse encore

La balance commerciale n’en finit pas de se dégrader. A fin juin, le déficit s’est aggravé pour atteindre 100,6 milliards de DH contre 93,5  milliards durant le premier trimestre de 2017.  Les importations se sont élevées à 241,1 MMDH, en hausse de 9,9%, alors que les exportations ont progressé de 11,6% à 140,5 MMDH. Ainsi, le taux de couverture des importations par les exportations s’est établi à 58,3% au cours des six premiers mois de cette année, contre 57,4% un an auparavant.L’accroissement des importations est imputable à l’accroissement à des acquisitions de l’ensemble des produits, principalement les produits bruts de 20,8%, énergétiques (+15,3%), les biens d’équipement (+11,1%) et les produits finis de consommation (+8,8%). L’évolution des exportations s’explique, quant à elle, par la progression des ventes de la totalité des secteurs, principalement l’aéronautique de 21,8%, l’automobile (+19,2%), le phosphate et dérivés (+16,7%) et l’industrie pharmaceutique (+7%).

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