Interview de Ghali Chraïbi, directeur général de Cafpi Maroc

«Plus notre volume de production augmente, plus nous sommes forts dans nos négociations face aux banques» 

Dans un contexte de crise, et alors que les taux connaissent une baisse sans précédent, les potentiels acquéreurs restent malgré tout à l’affût des meilleures opportunités de financement. Et ils ont raison : bien que la balance soit aujourd’hui très clairement en faveur des acheteurs, une marge de manœuvre existe encore pour profiter du prêt le moins lourd possible. En d’autres termes, trouver rapidement un financement aux meilleures conditions.

Quel bilan faites-vous de l’année 2016 ?

Nous avons vécu cette année une phase de stagnation du marché que ce soit en termes de vente, de délai de réalisation des transactions ou de prix.Néanmoins, il y a eu une légère hausse des transactions par rapport à la même période de l’année dernière.

Tous segments confondus, le marché a été marqué par cette légère hausse bien que dans une moindre mesure pour le secteur du haut de gamme, où les besoins de résidence principale et résidence secondaire se confondent.

Les promoteurs immobiliers ont poursuivi leur politique d’écoulement de stocks et les mises en chantier se sont maintenues à un niveau relativement bas

Concernant les villes principales, nous avons constaté qu’Agadir et Rabat se sont plutôt stabilisées après avoir soutenu le marché les 2 dernières années.

Comment les promoteurs se sont-ils comportés durant l’année passée?

Cette année, les promoteurs immobiliers ont poursuivi leurs stratégies financières de recapitalisation, restructuration et d’écoulement de stocks.Nous avons également constaté une extension de positionnement vers le moyen standing soutenu par la politique de l’Etat.

Certains promoteurs immobiliers ont fait le choix de s’insérer dans les grands pôles urbains (nouvelle ville, littoral, CFC,etc).

En termes d’organisation, les promoteurs immobiliers renforcent les cellules de recouvrement notamment auprès des banques pour les clients ayant souscrit à des prêts immobiliers.

Le promoteur a pour but d’optimiser les délais de déblocage de fonds pour des raisons de trésorerie. Dans ce cadre, les promoteurs immobiliers s’adressent à CAFPI pour externaliser cette fonction de prise en charge de dossiers de crédit immobilier de leurs clients jusqu’à la remise du chèque par la banque. Le promoteur immobilier peut alors se concentrer sur les ventes et les livraisons des biens à la clientèle.

Quelle lecture faites-vous de ces ajustements stratégiques?

Cela dénote d’une réelle maturité du marché qui a réussi à se maintenir malgré des années extrêmement difficiles.Cela est très encourageant sans oublier à la fois les actions des pouvoirs publics (avantages fiscaux, libération de fonciers, investissement en infrastructure …) ainsi que le soutien du marché par la Banque centrale par une politique de baisse des taux et d’accroissement des liquidités permettant aux banques de continuer à financer les promoteurs et les futurs acquéreurs.

Les taux d’intérêts immobilier en sont la meilleure preuve ! Ils sont, en effet, extrêmement bas pour certains profils : par exemple chez CAFPI, nous proposons à certains de nos clients des taux inférieurs à 4.30%, c’est du jamais vu !

Pensez-vous que cet état du marché de l’immobilier soit appelé à durer dans le temps?

Difficile à dire, les besoins de logements dans nos grandes villes augmentent chaque année.De nouveaux segments de demandes apparaissent tel que le moyen standing.Le financement bancaire se maintient à de bons niveaux dans le cas de l’immobilier. D’autant que nous assistons à des tentatives plus ou moins réussies de soutien au secteur par la banque (tel que l’extension de la VEFA, le crédit au logement social ou encore les crédits dits alternatifs).Il y a également une forte volonté des pouvoirs publics d’accompagner l’évolution du mode d’habitation au Maroc.

Les éléments structurels sont donc plutôt encourageants. Néanmoins, la conjoncture est encore difficile et je ne parle même pas des villes à vocation touristique.

Quelle appréciation faites-vous des offres bancaires nouvellement conçues pour encourager les acquéreurs potentiels?

Si vous parlez des produits alternatifs, il est encore trop tôt pour se prononcer. Par contre, des efforts sont déployés par les banques pour s’adapter au marché à l’instar des produits de crédit immobilier pour les artisans.

Des techniques dans le haut de gamme permettent aujourd’hui de proposer des mix de taux (variable et fixe) ayant pour but de proposer aux clients un produit compétitif en termes de coût. Certains produits ou techniques restent privilégiés par nos clients tels que le crédit relais qui permet de conserver son bien immobilier (où généralement on habite) et de ne le mettre en vente que lorsque l’on emménage dans sa nouvelle maison ! Un produit très apprécié par nos jeunes clients.

En quoi consiste le métier de courtier immobilier ? Quelle est sa valeur ajoutée par rapport aux offres bancaires aujourd’hui très concurrentielles?

Nous sommes heureux de constater que CAFPI,au Maroc comme en France, ait créé un nouveau secteur d’activité. Après 9 années en tant que seul opérateur du courtage en crédit immobilier, nous avons donné envie à d’autres opérateurs de s’y installer.

CAFPI est aujourd’hui fier d’avoir contribué a créé un nouveau métier au Maroc, dont nous sommes incontestablement les leaders !

Chez CAFPI, notre conception du métier hérité du Groupe est spécifique. Il s’agit d’un service financier proposé aux particuliers permettant d’accompagner le client dès le montage du dossier de crédit jusqu’au déblocage des fonds.

Tout d’abord, nous sommes « grossistes » en crédit, il est évident que plus notre volume de production (grâce à nos clients) augmente, plus nous sommes forts dans nos négociations face à nos partenaires bancaires. Cette capacité est exclusivement mise au service des dossiers de nos clients et de leurs besoins. Bien entendu notre capacité à obtenir les taux les plus bas n’est plus à démontrer.

Ensuite, nous essayons d’être «l’avocat» du client auprès de nos partenaires bancaires vu que le projet d’acquisition est un projet de vie.

Pour la banque, CAFPI est un distributeur de produits de crédit immobilier. Nos partenaires utilisent CAFPI comme un levier de conquête au service de leurs stratégies commerciales et sachez qu’elles différent d’une banque à une autre.

Concrètement comment un acquéreur doit-il procéder pour bénéficier de vos services?

CAFPI dispose d’un réseau d’agences qui confirme sa présence un peu partout au Maroc notamment à Casablanca, Rabat, Kenitra, Marrakech, Agadir et depuis peu à El Jadida.

Notre plate-forme CAFPI permet aux clients de faire également les demandes de prêt et de prise en charge directement en ligne.

Nous sommes heureux de constater que c’est à travers la recommandation de nos clients et partenaires que nous recevons le plus de demandes.

Les équipes expertes de CAFPI assurent le conseil, le montage et la sélection du partenaire bancaire approprié.

Des équipes administratives accompagnent le client une fois l’accord de prêt obtenu dans l’ensemble des démarches administratives jusqu’à la signature définitive chez le notaire.

Aujourd’hui les acquéreurs potentiels ont-ils véritablement le réflexe «courtier en prêt immobilier» ? Comment votre activité depuis le démarrage a-t-elle évolué?

Les acquéreurs ont déjà le réflexe de mieux préparer le financement de leur projet.

La recherche du financement au taux le plus bas et la comparaison des offres sont donc de plus en plus répandueschez les clients. CAFPI se positionne alors comme l’un des meilleurs moyens pour cela.

Par ailleurs, lorsque les acquéreurs réalisent la lourdeur et la difficulté des procédures pour l’obtention et la mise en place d’un crédit immobilier dans leur acquisition ou le temps que cela demande, les clients comprennent mieux l’intérêt de passer par CAFPI.

Quelles sont vos relations aujourd’hui avec vos différents partenaires (promoteurs, banques, acquéreurs, …) ?

Nous construisons ces relations depuis 10 ans maintenant, nous fondons notre approche sur notre efficacité opérationnelle sur le terrain, ce que les promoteurs et nos partenaires en général apprécient.

Nous essayons de démontrer que CAFPI est un atout pour l’acquéreur que nos partenaires devraient promouvoir auprès de leurs clients : ce service additionnel leur apportant de la valeur ajoutée et de la compétitivité, c’est un atout pour la vente.

Pour nos partenaires bancaires, les relations sont saines et constructives. La qualité et le risque des clients se mesurent pour la banque sur la durée du prêt. Il a donc fallu attendre de constater que les clients CAFPPI soient stables et que le risque soit maîtrisé. Cette phase franchie, nous pouvons nous permettre de dire que nos partenaires sont satisfaits.

Pour nos clients, nous sommes très attentifs aux réseaux sociaux pour analyser leur retour d’expérience ; et les signaux sont très positifs.

Nous maintenons également notre adhésion à l’APIC (Association Professionnelle des Intermédiaires en Crédits en France) dont nous sommes membre depuis juillet 2010 pour nous tenir aux engagements de qualité et de sérieux que cela demande.

Au-delà du taux, CAFPI construit une relation durable avec ses clients, basée sur un service de qualité.

Zoom

«Un ami qui vous veut du bien» ?

En l’année 2015 en France, près de 40 % des prêts immobiliers ont été souscrits par l’intermédiaire d’un courtier. Au Maroc, le premier courtier en crédits immobiliers s’est implanté en 2008. Il s’agit de CAFPI, une enseigne internationale principalement développée en France. Aujourd’hui CAFPI, c’est plus de 1,5 milliard de dirhams de financement sur les cinq dernières années et 5 agences à travers le Maroc (Casablanca, Marrakech, Tanger, Rabat, Kenitra, Agadir).
De manière globale, le marché accueille favorablement les courtiers car ils ont contribué à vulgariser la compréhension des taux et des offres bancaires, ainsi qu’à réduire les délais de traitement des dossiers qui sont passés de deux à trois mois à une moyenne d’un mois.  «Ils ont également permis une meilleure négociation des conditions de prêt en faveur de l’acheteur : taux, quotité de financement, ingénierie, rachat de crédit. Aujourd’hui, plusieurs courtiers immobiliers existent sur le marché. La différence se jouera à mon sens sur la qualité de service et sur la démarche d’accompagnement proposée en elle-même», affirme un professionnel du secteur.
Depuis 2008, le phénomène a pris de l’ampleur et de nombreux courtiers locaux ont fait leur apparition. Face à cette nouvelle concurrence, CAFPI a pris son bâton de pèlerin pour convaincre ces courtiers indépendants de rejoindre son réseau. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui agissent en tant que représentants de CAFPI et utilisent sa plateforme informatique. Toutefois, d’autres enseignes ont investi le marché : Meilleurtaux.ma, SOS Crédit Immo et El Wassata Immo. C’est dire combien la niche de la négociation des taux de crédits immobiliers est juteuse, et la marge de négociation auprès des banques importante.
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