« Je vais être franche. Les efforts de BP (le groupe pétrolier britannique qui exploitait la plateforme, ndlr) pour colmater les fuites n’ont pas abouti pour le moment », a dit le contre-amiral Mary Landry lors d’une conférence de presse.
La responsable des garde-côtes de La Nouvelle-Orléans (Louisiane, sud) s’est refusée à comparer l’accident avec celui du pétrolier Exxon Valdez qui s’était échoué sur les côtes de l’Alaska et avait déversé plus de 40 millions de litres de pétrole sur une distance de 1.300 km. Mais, a-t-elle toutefois assuré, « si nous ne sécurisons pas le puits, oui, ceci constituera une des pires marées noires de l’histoire américaine ».
La nécessité d’arrêter la fuite est d’autant plus pressante qu’une nappe de pétrole de 965 km de circonférence se trouvait à une trentaine de kilomètres des côtes de la Louisiane, berceau d’un écosystème fragile composé de nombreux oiseaux aquatiques.
Les autorités seraient prêtes en dernier recours à mettre le feu à cette nappe.
Des responsables ont en effet déclaré qu’ils envisageaient de brûler de manière contrôlée le pétrole qui serait contenu par des barrages gonflables pour protéger le littoral bien qu’une telle opération et la pollution atmosphérique qu’elle entraînerait posent elles-mêmes des problèmes environnementaux.
La plateforme a coulé jeudi dernier non loin des côtes américaines après une explosion et un incendie survenus le 20 avril au soir. Une semaine après l’accident, onze personnes étaient toujours portées disparues et les chances de les retrouver quasi nulles.
Le gouvernement américain a promis une « enquête complète et approfondie ».
Selon BP, les fuites libèrent environ 159.000 litres de brut par jour. La plateforme, nommée « Deep Water Horizon », propriété de la société Transocean, contenait 2,6 millions de litres de pétrole et extrayait près de 1,27 million de litres par jour.
BP a tenté à l’aide de quatre bras robotiques de colmater deux fuites à quelque 1.500 mètres de profondeur. Mais ses efforts sont jusqu’ici restés vains et les ingénieurs se démènent pour construire un large couvercle sous-marin destiné à endiguer la fuite.
« C’est un couvercle qui sera placé sur la fuite (au fond de la mer). Au lieu que le pétrole se déverse dans l’eau, il ira dans cette structure », a expliqué à l’AFP un porte-parole des garde-côtes, Prentice Danner.
« Ils viennent tout juste de commencer à travailler à la fabrication de ce couvercle et on estime que sa construction pourrait prendre deux à quatre semaines », a-t-il ajouté.
BP envisage également de forer des conduits de secours destinés à injecter un enduit spécial pour boucher définitivement le puits. Mais cela pourrait prendre « deux à trois mois », selon un responsable.
L’arrivée d’une marée noire sur la Louisiane pourrait avoir un « impact énorme », a prévenu une spécialiste de l’environnement de cet Etat, Wilma Subra.
« La nappe commencera par toucher les crustacés, les parcs d’huîtres et les poissons », a-t-elle affirmé, soulignant que « 40% des fruits de mer consommés aux Etats-Unis » provenaient de Louisiane. La femme d’un membre d’équipage disparu a porté plainte contre Transocean, BP et une autre compagnie concernée, Halliburton, les accusant de négligence, selon des documents judiciaires consultés mardi.