La Fed se réunit au lendemain d’une élection présidentielle incertaine

Les dirigeants de la Banque centrale américaine (Fed) auront peu dormi mercredi matin, lorsqu’ils se retrouveront pour leur réunion monétaire, au sortir de la nuit électorale, et alors que le nom du nouveau président des Etats-Unis pourrait ne pas être encore connu.

Ce n’est toutefois pas de politique dont ils discuteront.

La puissante Réserve fédérale américaine tient en effet trop à conserver son indépendance – que Donald Trump a, à plusieurs reprises, tenté de mettre à mal – pour commenter publiquement le résultat de l’élection présidentielle du 3 novembre.

C’est sur les outils qu’elle peut encore déployer pour aider la première économie du monde à traverser la crise inédite provoquée par le Covid-19, qu’elle se penchera.

Il se pourrait cependant qu’aucune décision ne soit annoncée jeudi, à l’issue de la réunion de deux jours.
«La concomitance de la réunion avec l’élection américaine et la détérioration de la situation sanitaire joueront en faveur d’une approche attentiste», estime Gregory Daco, d’Oxford Economics.

«Ils vont attendre de voir ce qui se passe. Je ne pense pas qu’ils fassent une quelconque annonce dans la foulée d’une élection», a également déclaré à l’AFP Robert Eisenbeis, responsable de la politique monétaire chez le gestionnaire de portefeuille Cumberland.

La Fed a aussi injecté de l’argent dans le système financier en facilitant l’accès des banques commerciales aux liquidités pour éviter que la mauvaise passe économique ne s’accompagne d’une crise financière.

Le président de l’institution Jerome Powell devrait souligner, une nouvelle fois, que la balle est désormais dans le camp des élus, et que de nouvelles aides aux ménages et entreprises sont nécessaires pour donner un coup de fouet à la croissance, anticipe Robert Eisenbeis.

Pour lui, M. Powell profitera de la conférence suivant la réunion pour dire, en substance: «+Okay, c’est à vous maintenant. On a fait tout ce qu’on pouvait, c’est à vous d’agir+».

Le plan de relance historique de 2.200 milliards de dollars voté fin mars, rallongé de 500 milliards en avril, a largement permis de limiter les dégâts, en soutenant la consommation et en empêchant des millions de foyers de tomber dans la pauvreté et des petites entreprises de faire faillite.

Ce programme expire progressivement, et aucun nouveau plan n’a pas pu être adopté, à cause de désaccords persistants entre la Maison Blanche et les élus démocrates au Congrès, malgré plus de trois mois de discussions.

La Fed est plus susceptible d’agir lors de sa prochaine réunion, mi-décembre, «puisque beaucoup de programmes de soutien du plan de relance économique se terminent à la fin de l’année», observe James Knightley, chef économiste international pour ING.

Pour lui, l’institution va à court terme, surtout, chercher à rassurer, «dire de nouveau qu’elle se tient prête à toute éventualité, toute possibilité (…) comme fournir des liquidités et un soutien aux marchés financiers et s’assurer que le crédit continue à fonctionner».

La Fed pourrait toutefois décider de racheter des dettes d’entités publiques pour aider les Etats, qui ont perdu d’importantes recettes fiscales du fait de la pandémie, estiment des experts.

Les Etats-Unis ont annoncé jeudi une hausse record de leur PIB au troisième trimestre, à 33,1% en rythme annualisé. Cela représente toutefois seulement 7,4% par rapport au trimestre précédent, selon le calcul privilégié par les autres économies avancées.

Mais cette hausse a seulement permis de rattraper partiellement la chute historique du deuxième trimestre, et l’économie reste loin de ses niveaux d’avant-crise.

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