La fresque murale au sein de l’IRCAM

Par Mohammed Serraji

Comme à l’accoutumée, l’IRCAM  a réuni les artistes plasticiens marocains qui travaillent sur la culture amazighe du 05 au 09 juillet 2021 dans l’espace de l’institution dédié à cette rencontre.

On pense que l’IRCAM est la seule structure culturelle, gouvernementale et nationale qui a pu réunir les artistes plasticiens marocains qui s’inspirent de la culture et du patrimoine amazighe. Une initiative louable car elle permet de tisser des liens entre les artistes plasticiens du sud, du centre et du nord de notre pays.

Le Centre des Etudes Artistiques, des Expressions Littéraires et de la Production Audiovisuelle qui a pu rassembler ses artistes dans le guide intitulé «Inazurn» Ce guide échafaudé par M. Lahbib Fouad, présente un ensemble d’artistes plasticiens qui, dans leurs créations artistiques, s’inspirent du patrimoine symbolique et du répertoire graphique amazighes et s’expriment sur des sujets variés interpellant souvent la mémoire collective des  Marocains. Un guide aéré, illustré et destiné à un public large, soucieux de découvrir une des facettes de notre patrimoine national.

Ces rencontres qui tissent des liens artistiques et culturelles entre les artistes plasticiens du Maroc est une première dans le temps et dans l’espace, et elle permet un échange rarissime mais fructueux entre ses créateurs qui résultent des expériences  culturelles et artistiques individuelles et qui seront partagées grâce à ces rencontres que l’IRCAM organise.

Celles-ci  offrent la possibilité de dialoguer et de réfléchir ensemble à l’évolution du statut de l’artiste.  Elles répondent aujourd’hui à l’urgence de mobiliser l’ensemble d’un champ professionnel afin de le doter d’une meilleure visibilité politique, économique, sociale et culturelle et à la nécessité d’ouvrir le débat au sein même du milieu de l’art. En redonnant la parole aux artistes et à leurs associations et collectifs, elles ont pour objectif de permettre aux associations de tisser des liens entre elles, d’interroger la structure et le fonctionnement d’un secteur d’activité souvent occulté et de questionner là ou les réalités d’une activité artistique toujours en devenir.

Pour y voir plus clair dans les éléments qui motivent ces expériences, sur les façons dont elles sont reçues par les institutions en place et le public, la notion «de monde de l’art» est particulièrement motivante comme a souligné le sociologue américain H. Becker, l’œuvre d’art n’est pas le fruit d’un créateur isolé, mais résulte de la coopération d’un grand nombre d’individus qui s’accordent sur des conventions particulières à un monde donné : «chaque monde de l’art comporte tout un ensemble de pratiques caractéristiques, qui vont des méthodes conventionnelles de production jusqu’aux modes d’exposition, en passant par le choix des techniques et des matériaux, une transformation  radicale de l’une quelconque de ces pratiques peut devenir le germe d’un monde nouveau» . H. BECKER, Les mondes de l’art, Flammarion, 1988, p.311.

Les modes de présentation de l’œuvre au public conditionnent dans une certaine mesure les productions. Ainsi pour la musique, un concert ne peut que difficilement excéder une certaine durée, de même pour les œuvres d’art, certaines formes sont proscrites sans quoi leur diffusion posera problème.

La multiplication des lieux parallèles de diffusion, impulsés par des artistes intégrés au système ou non, présentant les tendances les plus récentes de l’art ou un art plus conformiste, pose la question de l’émergence d’un réseau subventionné de production et de diffusion de l’art contemporain. Intermédiaires entre la galerie traditionnelle et l’institution, ces espaces permettent aux artistes de développer un travail tout en étant dégagés des contraintes du marché.

Ces structures constituent un vivier dans lequel pourront puiser d’autres organisations (galeries, maisons de ventes aux enchères, etc.) pour promouvoir de jeunes talents, mais tous ne seront pas élus et la question de la rémunération de nombre d’entre eux restera entière. Jusqu’à quel point l’artiste doit-il échapper au marché ? C’est aux mécènes et à l’État de décider.

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