«Le Tifinagh a connu une évolution extrêmement importante»

Ahmed Boukous, recteur de l’Ircam

Mohamed Nait Youssef

19 ans déjà. En effet, c’est dans les locaux de l’Institut Royal de la culture amazighe (Ircam) à Rabat que s’est déroulée, jeudi dernier, la célébration du  19e anniversaire de l’adoption de la graphie tifinagh, placée cette année sous le thème «Le tifinagh, la graphie officielle pour l’écriture de l’amazigh : bilan et perspectives». C’est désormais alors une tradition, mais, au-delà du volet cérémonial et symbolique, l’événement était une occasion pour dresser le bilan et l’état d’avancement de l’alphabet et la langue amazighe dans le paysage linguistique national en particulier et tous les volts de la vie publique en général.

Une évolution extrêmement importante

«Nous ne pouvons qu’être ravis de la tournure du processus de l’intégration de l’amazighe dans la culture et la société marocaines. », nous confie Ahmed Boukous, recteur de l’Ircam, dans une déclaration accordée au journal en marge de la célébration.

Avant février 2003, dit-il, il y avait très peu de personnes qui connaissaient l’existence de l’alphabet tifinagh. « Aujourd’hui, je pense qu’il n’y a un seul  marocain qui n’a pas entendu parler de cet alphabet et il y a de plus en plus de marocains qui apprennent à écrire en alphabet tifinagh. », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : «notre environnement, notamment dans les grandes villes, mais aussi dans un certain nombre de localités régionales et d’autres, on trouve des inscriptions en langue amazighe écrite en tifinagh».

Pour le recteur, il y a une évolution extrêmement importante en la matière. «C’est pourquoi nous considérons que la probation par Sa Majesté le Roi Mohammed VI de l’alphabet tifinagh est un événement historique. », a-t-il affirmé.

Des acquis et des aspirations

La célébration était une occasion idoine pour mettre les lumières sur les avancées et acquis réalisés en matière de l’alphabet tifinagh. Pour ce faire, une  vidéo a été projetée au début sur la reconnaissance du tifinagh et son intégration  dans les nouvelles technologies. Un grand chantier, voire un défi qui a été réussi par cette institution! Les organisateurs n’ont pas également manqué de montrer à travers des capsules vidéo de chercheurs de l’Ircam, toutes disciplines confondues, les réalisations du «tifinagh dans l’inventaire de la bibliothèque de l’Institut», du «tifinagh dans la créativité littéraire» ou encore «L’évolution des représentations du tifinagh» dans les différents domaines, à savoir l’art, la littérature, l’architecture, les systèmes informatiques, l’archéologie et bien d’autres. Les chercheurs ont mis également l’accent sur la présence si importante de tifinagh dans les publications et les ouvrages enrichissant la bibliothèque de l’Ircam et le paysage livresque national.

Quid de l’apprentissage de  tifinagh dans l’école publique?

Certes, l’évolution et la promotion d’une langue en général et d’un alphabet en particulier ne pourra se passer qu’à travers le biais de l’école, de l’enseignement et de l’apprentissage. Or, ces dernières années, l’enseignement de l’amazighe a connu un certain recul remarquable. D’ailleurs, ce constat alarment  a été l’objet de plusieurs réclamations et dénonciations de la part des acteurs et du tissu associatif amazighs. «Oui, la situation de l’amazighe a stagné depuis quelques années, mais tout laisse à croire que l’amazighe va connaitre un nouveau regain de vitalité dans l’école marocaine. Notamment avec le programme du nouveau gouvernement, avec les engagements pris par le ministère de l’Education nationale.», indique Ahmed Boukous.

Et d’ajouter : «en étant optimiste, nous pensons effectivement que l’alphabet tifinagh va voir les domaines de son usage s’élargir et nous allons probablement voir aussi des adultes qui vont se mettre à l’apprentissage de la langue amazighe à travers sa graphie tifinagh».

Pour rappel, l’adoption de l’alphabet tifinagh a eu lieu le 10 février 2003 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

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