Le Ministère de la Culture a signé vendredi 6 mai à Rabat une convention avec la mutuelle nationale des artistes marocains. «Cette convention s’inscrit dans le cadre de la nouvelle loi des artistes qui est en train d’être discutée à la chambre des conseillers et qui a été adoptée à l’unanimité à la chambre des représentants. Celle-ci permet à la fois de protéger les droits et d’assurer une vie digne à nos artistes et nos créateurs», souligne Amine Sbihi, ministre de la Culture. Les propos.
Al Bayane : Vous venez de signer une convention avec la Mutuelle Nationale des Artistes (MNA). Quelles seront les retombées de cette convention sur nos créateurs, ainsi que les industries culturelles et créatives marocaines?
Mohamed Amine Sbihi : L’action de la mutuelle nationale des artistes s’inscrit dans le cadre des efforts entrepris par l’Etat depuis le début de la dernière décennie, pour l’organisation des métiers de la culture et pour mettre en place les outils et instruments en vue d’accompagner ces métiers de la culture.
Je voudrais aussi rappeler qu’en 2003, la loi des artistes a été adoptée; en 2007, la carte professionnelle des artistes a été mise en place. Dans ce cadre-là, il a été créé en 2008 la mutuelle nationale des artistes en tant qu’instrument visant à accompagner les artistes dans le cadre de la protection sociale et médicale.
La convention, qui a été signée, vise à consolider l’accompagnement du Ministère de la Culture, en renforçant la subvention apportée à cette mutuelle qui couvre les artistes et leurs familles dans la mesure où la prise en charge concernera aujourd’hui également tous les métiers comme les techniciens et administratifs qui interviennent dans la création artistique.
Par ailleurs, cette convention s’inscrit dans le cadre de la nouvelle loi des artistes qui est en train d’être discutée aujourd’hui à la chambre des conseillers et qui a été adoptée à l’unanimité à la chambre des représentants. Elle permet d’accompagner les industries culturelles et créatives nationales à mieux organiser les relations de travail, les relations entre l’entreprise culturelle et artistique et les artistes dans un équilibre qui permet à la fois de protéger les droits et d’assurer une vie digne à nos artistes et nos créateurs, tout en accompagnant les entreprises artistiques et culturelles pour qu’elles soient également l’un des éléments essentiels de ces industries culturelles au niveau de l’accompagnement, de la production, de la diffusion et de la création culturelle et artistique.
L’ensemble de ces actions permet de mettre en place graduellement des industries culturelles et créatives qui vont permettre de donner à la création culturelle nationale une ampleur plus grande, des moyens de production et de diffusion autrement plus conséquents et d’accompagner le rayonnement culturel de notre pays.
A noter aussi le fond public porté par le ministère de la Culture en faveur de la création culturelle. Ce fond, qui est de 65 millions de dirhams, ne dépassait pas 10 millions de dirhams en 2012. L’objectif est de le porter à 200 millions de dirhams à l’horizon 2020. A côté de cela, nous mettons en place une structure dans le cadre d’un partenariat avec une grande banque de la place de Casablanca qui va permettre de soutenir les entreprises culturelles, que ce soit des maisons d’éditions, des sociétés de production, des sociétés de diffusion, des tourneurs de spectacles, pour permettre une grande diffusion de la création culturelle et artistique.
Le conseil du gouvernement a étudié et adopté dernièrement le projet de décret n°211-16-2 relatif à l’organisation du prix national du théâtre. Quel impact aura ce prix sur l’encouragement de la création théâtrale et artistique marocaine?
C’est l’un des éléments qui vise à réorganiser et à renforcer les Prix décernés par le Ministère de la Culture, que ce soit au niveau du théâtre, ou des autres expressions artistiques. Le décret réorganisant le prix national du théâtre octroyé annuellement à l’occasion du festival national du théâtre dans 7 domaines (écriture théâtrale, scénographie…)… permet de mieux l’organiser, de renforcer son côté matériel et sa valeur.
Il y a deux décrets qui arrivent et qui concernent le prix les arts plastiques, de la photographie et d’autres prix.
Tout cela concourt au même objectif, rendre hommage à nos créateurs, renforcer la création en mettant en place des prix qui permettent de valoriser et de reconnaître les meilleures créations aussi bien au niveau de la musique que du théâtre, des arts plastiques ou des livres.
Y’aura t-il des budgets réservés aux centres de la conservation de la mémoire et du patrimoine théâtral et musical que vous avez évoqués lors de la conférence?
Vous faites référence à la mise en place de deux centres : le premier concerne le centre national de documentation musicale et l’autre, le centre national de la documentation théâtrale. Ce sont d’abord deux centres qui ont pour objectifs de préserver la mémoire. Ils permettront de mettre à la disposition des chercheurs, mais également des créateurs et du public, l’ensemble des éléments reliés, soit au théâtre ou à la musique. C’est en préservant la mémoire de ces domaines que nous encourageons nos jeunes créateurs à venir les redécouvrir et à s’en inspirer.
Mohamed Nait Youssef