« La question de l’archive est une responsabilité pour demain »

Jamaâ Baida, directeur des Archives du Maroc

Propos recueillis par Manal KOUBIA – MAP

Le Maroc commémore ce mercredi la Journée Nationale des Archives, qui coïncide avec la date de publication de la loi n°69.99 relative aux archives au Bulletin Officiel (30 novembre 2007). Dans un entretien accordé à la MAP à cette occasion, le directeur des Archives du Maroc, Jamaâ Baida, met l’accent sur l’importance de cette journée, les principaux enseignements tirés de la pandémie du Covid-19 dans le domaine de l’archivage et le rôle de l’institution dans la sensibilisation à l’importance de la gestion des archives.

Le 30 novembre, nous célébrons la Journée Nationale des Archives. Quelle importance revêt cette journée pour votre institution ?

Le 30 novembre a été consacré, à notre demande, Journée Nationale des Archives depuis 2013 dans le but de s’offrir annuellement l’occasion d’un bilan d’étape permettant d’apprécier les réalisations en matière de gestion des archives et d’envisager les meilleurs moyens de relever les défis à venir. De même, cette journée est idéale pour donner une nouvelle impulsion à la « culture des archives » dont il faut maintenir la flamme vive régulièrement aussi bien auprès du grand public que des décideurs.

Quel bilan faites-vous de ces deux dernières années marquées par la Covid 19 ?

A l’instar de tous les secteurs, Covid 19 a perturbé le déroulement normal des activités de l’institution Archives du Maroc, surtout que nous avons en temps normal l’habitude de travailler par équipes et que les archives sur support papier peuvent constituer un agent de transmission de l’épidémie. Cependant, nous avons tiré de cette situation un enseignement prometteur pour l’avenir, à savoir la nécessité de nous doter d’équipements modernes de numérisation et de renforcer notre politique en la matière. En plein « black out » de l’épidémie, nous avons pu servir de nombreux usagers à distance grâce notamment à nos ressources numériques.

Quel lien faites-vous entre archivage et bonne gouvernance ?

Une bonne tenue des archives publiques garantit l’efficacité du travail, améliore la performance et définit les sphères de responsabilité de chacun. La valeur probante des archives étant capitale dans le processus de la reddition des comptes, une bonne gestion des documents que nous produisons ou recevons est un critère permettant d’apprécier le degré d’insertion d’un département dans la transparence, la démocratie et la modernité. D’ailleurs, l’accès à l’information est tributaire d’une gestion rationnelle des archives.

Comment est-ce que Archives du Maroc contribue à l’amélioration de la perception que certaines personnes peuvent avoir des archives ?

C’est vrai que beaucoup de personnes continuent d’assimiler les archives à des masses de papier jauni qui n’intéressent que les férus du passé et de l’histoire. Ils se trompent lourdement ; les archives, c’est certes le passé, mais également le présent et l’avenir, nous le répéterons inlassablement. D’ailleurs, il serait bon de méditer ce qu’un penseur français, et non des moindres, Jacques Derrida, a écrit à ce propos : « La question de l’archive n’est pas une question du passé (…) c’est une question d’avenir, la question de l’avenir même, la question d’une réponse, d’une promesse, d’une responsabilité pour demain ».

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