Les relations entre l’UE et la Russie au point mort
La volonté de l’Allemagne et de la France de relancer un dialogue avec la Russie divise les Etats membres et promet des discussions difficiles jeudi soir au sommet européen à Bruxelles.
Le président Vladimir Poutine s’est déclaré jeudi « partisan » d’un mécanisme pour un dialogue et des contacts avec l’UE, car il est nécessaire, a annoncé son porte-parole Dmitri Peskov.
Mais le projet de conclusions sur la Russie finalisé mercredi soir pour le sommet est loin d’être adopté. Il évoque la nécessité pour l’UE de dialoguer avec Moscou sur des sujets pour lesquels elle a des intérêts, si les conditions sont réunies, précise le texte consulté par l’AFP.
Une série de sujets est énumérée, dont le climat et l’environnement, l’énergie, la santé, la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, et la question du format pour ce dialogue est posée. Mais ces deux points ont été laissés entre parenthèses et seront soumis à l’arbitrage des dirigeants.
L’idée vient d’Angela Merkel et elle rejoint les préoccupations du président français Emmanuel Macron, a-t-on précisé de sources diplomatiques.
« Il ne suffit pas que le président américain parle au président russe. L’Union européenne doit également créer différents formats de discussion », avec Moscou, a expliqué jeudi la chancelière devant la chambre basse du parlement, le Bundestag, peu avant le début du sommet européen.
Mais la discussion s’annonce difficile car le consensus est loin d’être acquis, ont confié plusieurs responsables européens.
Les Etats Baltes, la Pologne, la Suède et les Pays-Bas sont opposés à la reprise du dialogue avec un dirigeant russe qui méprise l’Union européenne et multiplie les actions agressives contre les pays de l’UE et ceux de son voisinage.
« Les initiatives pour reprendre les sommets UE-Russie sans voir aucune avancée de Moscou (…) ne peuvent que saper l’efficacité du régime de sanctions » contre le régime de Vladimir Poutine, a averti le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, à l’issue d’un entretien jeudi à Bruxelles avec le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell.
La discussion au sommet va d’abord tenter de dissiper une incompréhension.
« L’UE doit se monter ferme et établir un rapport de force pour peser face à la Russie. Elle doit également se mettre en capacité de résister, notamment aux cyberattaques. Et elle doit pouvoir engager le dialogue avec la Russie sur les sujets pour lesquels elle a des intérêts », a expliqué un diplomate européen.
« La question est posée du format du dialogue. Comment mener ce dialogue? à quel niveau? par quel canal? et quel rôle doit être donné aux institutions européennes? », a-t-il souligné.
« Mais il faut un accord sur la stratégie avant de parler de sommets et du lieu où les tenir », a-t-il insisté.
« Il faut avancer dans l’unité. Nous ne pouvons pas dire, +la moitié des Etats membres va faire un sommet avec M. Poutine et l’autre moitié restera à la maison+. Ce n’est pas une solution », a souligné un autre diplomate.
Les relations entre l’UE et la Russie n’ont cessé de se détériorer depuis l’annexion de la Crimée et le début du conflit en Ukraine en 2014.
L’UE a imposé d’importantes sanctions économiques. La Russie a répondu par des représailles et aucune rencontre n’a été organisée entre l’UE et Vladimir Poutine.
« Les sanctions n’ont pas modifié le comportement de Poutine », constate un haut responsable européen partisan du dialogue.
« L’UE doit avoir la même approche que les Etats-Unis. Personne ne critique Joe Biden quand il rencontre Vladimir Poutine. Il est important de dialoguer avec les personnes avec qui ont n’a pas le même point de vue », a-t-il plaidé.
La proposition « contraint Poutine à dialoguer avec l’UE et non avec les seuls Etats membres qui l’intéressent. Si le groupe dur était moins émotionnel et idéologique, il devrait comprendre cela », estime Pierre Vimont, chercheur associé à Carnegie Europe.