Le Centre Anti-Poison du Maroc tire la sonnette d’alarme sur le N20

Le Centre Anti-Poison du Maroc (CAPM) lance un cri d’alarme suite à l’utilisation détournée et de plus en plus fréquente, par des jeunes marocains du gaz appelé «N20».

Utilisé par les professionnels de la médecine en anesthésie, en chirurgie ou en odontologie pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques, le N20 appelé aussi protoxyde d’azote, oxyde nitreux, hémioxyde d’azote ou plus communément, gaz hilarant, est un gaz qui, comme son nom l’indique, a un effet euphorisant à l’inhalation.

Recherchant donc l’euphorie, de plus en plus de jeunes l’utilisent, pour égayer leurs soirées, comme drogue festive et ce, d’autant plus que quelques bouffées inhalées dans un ballon de baudruche gonflé à l’aide de ce gaz restent suffisantes pour provoquer vertiges et fous-rires. Mais s’il a fait son apparition aux Etats-Unis et en Angleterre depuis pas mal d’années déjà, ce n’est que très récemment que la jeunesse marocaine a commencé à s’y adonner, obligeant le CAPM à tirer la sonnette d’alarme. Or, si une telle instance a jugé que le temps était venu de prévenir la population, c’est que le danger de ce gaz sur la santé des citoyens est bien réel. En effet, inhalé en grandes quantités, le gaz hilarant «peut avoir des conséquences immédiates surtout neuropsychiatriques (euphorie, anxiété, panique, vertiges, céphalées…), picotements au niveau des membres avec faiblesse musculaire, gelures du nez, du larynx et des poumons». Il est à signaler également, que le danger du gaz hilarant ne s’arrête pas là car son inhalation peut aussi entrainer l’impuissance sexuelle chez l’homme, la réduction de la fertilité chez la femme ou encore provoquer hyperthermie, la perte de conscience voire l’hypoxie (manque d’oxygène) et donc entraîner un arrêt cardiaque.

L’utilisation du N20, de plus en plus en vogue dans les milieux de la jeunesse marocaine, est encouragée à la fois par la facilité avec laquelle on peut s’en procurer et par le fait même que quelques bouffées sont suffisantes pour provoquer le fou-rire recherché, un fou-rire qui ne dure, en fait, qu’une poignée de secondes. D’ailleurs, comme le dit ce jeune : «c’est euphorisant, çà entraîne un rire totalement incontrôlé et une distorsion des sons comme s’il y avait de la réverbération. En deux-trois minutes, on est de retour à l’état normal… çà permet juste de rigoler un coup entre amis ». Et le terme est lâché : « çà permet juste de rigoler un coup entre amis».

De tels propos en disent long sur la facilité avec laquelle un tel phénomène peut investir le monde des jeunes car en sous-entendant que l’on peut juste rigoler un moment entre jeunes puis retourner chez soi comme si de rien n’était, on écarte d’emblée et d’un simple revers de la main toute addiction et tout danger même si ce dernier reste présent.

Ainsi, même si, à ce jour, aucun cas de décès n’a encore été officiellement notifié au Maroc, la vigilance reste de mise. D’ailleurs, si l’on en croit le quotidien britannique «The Independant», ce gaz, appelé aussi «hippie crack», est devenu la seconde drogue préférée des jeunes anglais après le cannabis alors que, dans l’enquête internationale menée sur l’usage des drogues par le Global Drugs Survey, celui-ci figure en quatorzième position. Jusqu’à quand ? Personne ne saurait répondre…Alors, la prudence s’impose !

Nabil El Bousaadi

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