Le cinéma marocain à l’honneur dans les salles obscures

The Punch, Zanka Contact, Al Kanz, 30 Melyoun, Mica

Les salles obscures du Royaume hissent le drapeau du 7ème  art national. En ce début d’année 2022, pas moins de cinq productions cinématographiques marocaines sont à l’affiche. Une surprenante et singulière programmation dont Libé fait la présentation.

« The Punch »

Réalisé par Mohamed Amine Mouna, ce long métrage raconte l’histoire ordinaire et l’ascension singulière, semée d’embûches, d’un jeune chômeur à qui la vie n’a pas fait que des cadeaux. En exploitant, de manière quoique trop sporadique, les particularités du genre et ses ficelles, la trame scénaristique du film conforte l’idée qu’il est plus agréable de savourer le haut, en partant du bas de l’échelle.

Rabii, le héros englué dans un quotidien aussi misérable que frustrant, se voit offrir une chance quand le destin met Mustapha sur son chemin. Un ancien boxeur raté et un alcoolique notoire. Animé par une féroce volonté de réussite, le duo, interprété par Sandya Tajjedine et Abdesslam Bouhssini, trace sa route en évitant les haineux, nombreux par mètre carré, tout en s’accrochant à un rêve a priori irréalisable.

Le film «The punch» qui a remporté plusieurs prix, notamment, le prix du meilleur film arabe (prix Nour Al Sharif) de la 36ème édition du Festival d’Alexandrie du film méditerranéen et le prix du meilleur rôle masculin (prix Omar Sharif) décerné à l’acteur Rabii Aklim, a également été à l’honneur au Festival national de Tanger, avec le prix du montage décerné à Julien Fouré.

« Burning Casablanca / Zanka Contact »

Les drames où la musique est omniprésente, c’est les meilleurs. Tout au long des deux heures que dure Burning Casablanca ou Zanka Contact, selon les versions,  réalisé par Ismaël El Iraki, la musique rythme les émotions. Autant celles des acteurs que du public. Il n’en fallait pas moins pour mettre en scène l’histoire de Larsen Snake, interprété par Ahmed Hammoud, une rock star déchue, contraint et forcé à un retour aux sources finalement salvateur. Les rencontres rythment nos vies. Dans le cinéma aussi. En rentrant à Casablanca, Larsen Snake, au fond du gouffre, n’imaginait pas que sa vie allait reprendre des couleurs quand il a croisé Rajae (Khansa Batma), une chanteuse à la voix électrique et hypnotisante. Après la musique, l’amour les liera pour le meilleur comme pour le pire. Et surtout pour le pire, au moment où les démons de leur passé les rattraperont.

« Al Kanz »

Pour l’originalité, il va falloir repasser. Al Kanz, d’Omar Ghoufrane, manque singulièrement de subtilité, comme en témoigne l’affiche du film qui raconte les périples de Jad. Un jeune homme décidé à partir à la chasse au trésor, une fois que le hasard lui a mis entre les mains une carte, enterré par son défunt grand-père. Secondé par Hamdan, dans la peau d’un chauffeur de taxi, Jad se lance dans une aventure dont l’épilogue devrait le mener au trésor caché. Mais tout ne se passe pas comme prévu dans cette comédie aux multiples têtes d’affiche, parmi lesquelles on retrouve Tarik Boukhari, Soukaina Darabil, Mouhmed El Haodi,Jamal Lababsi, Meryam Kadmiri.

« 30 melyoun »

Il faut avoir un sens de l’humour particulier pour apprécier cette comédie d’un peu plus d’une heure trente. Un mic mac qui ne tire pas forcément à larigot, narrant l’histoire d’un prisonnier, Samy, dont la liberté est dépendante d’une exorbitante caution. Heureusement pour lui, ses fidèles amis sont déterminés à l’aider. Mais 300.000 DH, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. La quête effrénée des 30 millions obligera Hicham, Zouhair, Sarah et Amal à braver les interdits pour sortir de prison leur ami, au risque de l’y rejoindre. Ce film à mi-chemin entre les films d’action et les comédies, réalisé par Rabii Shajid, ne restera pas gravé à jamais dans les livres d’histoire du cinéma marocain. Mais il a au moins le mérite d’oser s’attaquer à un genre difficile à traiter à cause de sa banalité.

« Mica »

“Mica”, le dernier long métrage d’Ismaël Ferroukhi, sorti en salle, nous plonge dans un univers où cohabitent le mal et le bien, l’espoir et le désespoir. Un dualisme prégnant tout au long du long métrage, reflété par une quête impossible, et à l’image d’une société marocaine où se confondent des individus appartenant à des classes sociales diamétralement opposées, mais qui, au bout du compte, convergent vers un seul et même désir, celui d’une meilleure vie.

Dans ce film produit par Lamia Chraïbi (La Prod), on commence tout en bas pour finir tout en haut avant d’être violemment projeté à terre. Mica, interprété par e novice et non moins talentueux Zakaria Inan, est contraint de quitter son bidonville, afin d’épauler financièrement sa famille en travaillant dans un club de tennis casablancais.

Des institutions à l’extrême opposé de leur devoir d’éduquer. Animé par une volonté de dévier le cours de son destin, Mica, dépeint comme un gamin vaillant, courageux et surtout teigneux, s’éprend de la petite balle jaune. Son talent brut saute aux yeux de Sophia.

L’excellente Sabrina Ouazani, dans le rôle d’une ex-championne, va prendre Mica sous son aile pour ne plus le lâcher. Du moins jusqu’au jour où il a foulé la terre battue pour finir sur une terrible déception.

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