«Le Maroc est sur tous les tableaux de bord des majors internationaux

Pour Hakim Abdelmoumen, président de l’AMICA (association marocaine pour l’industrie et le commerce automobile), l’industrie automobile marocaine est passée en un laps de temps record en une véritable plateforme industrielle intégrée. Cette dynamique est, de son avis, attribuée à la fois à l’engagement des entrepreneurs marocains et au soutien de l’Etat. Le président de l’Amica confirme dans cet entretien accordé à Al Bayane, que pour la première fois, le secteur de l’automobile a dépassé les phosphates en devenant la principale le premier secteur exportateur marocain, avec un chiffre d’affaires de 50 milliards de dirhams à l’export dont la moitié a été réalisée par  les équipementiers, et l’autre moitié par constructeurs. La vision pour le secteur dépasse les frontières. « Nous ne visons pas que les constructeurs automobiles, mais nous voulons également étoffer l’offre Maroc dans la sous-traitance, explique Abdelmoumen. Et d’ajouter, que l’ambition pour l’Amica est d’atteindre un taux d’intégration de 80% en 2020. Les propos.

Al Bayane : l’industrie automobile affiche de bonnes performances ces dernières années, comment expliquez-vous cette dynamique et quelle est  la valeur ajoutée de  cette industrie dans l’économie nationale ?

Hakim Abdelmoumen : Effectivement, il faut insister sur le fait que l’industrie automobile marocaine enchaine depuis une dizaine d’années des performances remarquables. Nous sommes passés en un laps de temps record-sur l’échelle industrielle- de quelques petites unités éparses à une véritable plateforme industrielle intégrée. L’explication de ce dynamise se trouve notamment du côté des entrepreneurs marocains regroupés au sein de l’Amica qui ont cru en la filière et ont investi tout en modernisant l’outil de production, en se lançant dans de nouvelles niches et en s’adossant à des multinationales du secteur. Il faut également rendre hommage à l’effort soutenu de l’Etat qui accompagne l’industrie automobile à tous les niveaux. Valeur aujourd’hui, nous avons lancés quatre écosystèmes sous l’égide du ministère de l’Industrie et du Commerce (câblage automobile, intérieur véhicule, sièges, métal/emboutissage et des «batteries automobiles afin que le secteur puisse atteindre une taille critique qui en fait le leader en Afrique et au Moyen-Orient.

Les performances à l’export sont également remarquables. Quels sont, selon vous, les atouts majeurs de l’industrie automobile marocaine par rapport aux principaux pays concurrents et  les principales activités exportatrices du secteur ?

En effet, c’est historique. Pour la première fois en 2015, le secteur de l’automobile a dépassé les phosphates en devenant la principale le premier secteur exportateur marocain, avec un chiffre d’affaires de 50 milliards de dirhams à l’export dont la moitié a été réalisée par  les équipementiers, et l’autre moitié par constructeurs). Et cela continue de plus belle en 2016. Sur les deux premiers mois de cette année, la tendance haussière des exportations du secteur ne ralentit pas. D’ailleurs d’après les derniers chiffres publiés par l’Office des changes, à fin février 2016, le secteur a réalisé un Chiffre d’affaires à l’export de 8,87 milliards de DH, soit une hausse de 9,4% par rapport à fin février 2015.

Aujourd’hui, le Maroc est sur tous les tableaux de bord des majors internationaux de l’industrie automobile, grâce notamment à la sollicitude royale et à une politique gouvernementale volontariste multidimensionnelle. Par rapport aux autres pays d’Afrique du Nord, le royaume est largement en avance. Nous disposons d’atouts en matière de transport, de logistique, de main  d’œuvre et de jeunes dirigeants clairvoyants. Mais nous ne devons pas dormir sur nos lauriers. Il faut continuer à travailler d’arche-pieds  et renforcer ces atouts.

Les flux des IDE affichent eux aussi un trend haussier. Peut-on considérer aujourd’hui que le Maroc constitue une plateforme idéale pour attirer de nouveaux investissements ? Dans quelle mesure cette plateforme peut-elle être améliorée et perfectionnée?

Il est clair que le flux des investissements qui déferle véritablement sur notre pays est encourageant. Avec l’installation programmée du site industriel de PSA Peugeot Citroën dans la région de Kénitra, le chiffre d’affaires à l’export de l’ensemble du secteur pourrait atteindre la barre symbolique de 100 milliards de DH. Un objectif ambitieux qui pourrait être renforcé avec l’arrivée dans le Royaume d’un troisième constructeur mondial. Une chose sur laquelle nous travaillons main dans la main avec le ministre de l’Industrie et du Commerce. Nous ne visons pas que les constructeurs automobiles, mais nous voulons également étoffer l’offre Maroc dans la sous-traitance. Plusieurs groupes internationaux s’intéressent beaucoup à notre offre et affluent pour investir au Maroc en vue de profiter des carnets de commandes des grands donneurs d’ordre. Je peux citer entre autres  Leoni, Valeo, Lear, Delphi, Yazaki et bien d’autres.

Comment peut-on, aujourd’hui,  évaluer le rôle de l’AMICA dans l’évolution et la dynamique qu’affiche le secteur?

L’Amica est l’acteur central de l’évolution du secteur de l’industrie automobile au Maroc. Nous visons d’ici 2020 avec l’aide des autorités et grâce aux quatre premiers écosystèmes signés à créer 56.000 nouveaux emplois. En outre deux autres écosystèmes à très forte valeur ajoutée sont sur les rails maintenant. L’écosystème moteurs et transmission permettra la création de 10.000 nouveaux emplois directs et situera le Maroc dans le club très fermé des fabricants de moteurs. Quant à l’écosystème Renault il va engendrer 50.000 nouveaux emplois et 20 milliards de DH par an d’achat de pièces d’ici 2023. Notre ambition donc à l’Amica est d’atteindre un taux d’intégration de 80% en 2020. Un objectif que nous sommes entrain de réaliser et même de dépasser.

Fairouz El Mouden

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